Plans sociaux dans les télécoms : Montebourg sonne l'alerte

Par Delphine Cuny  |   |  607  mots
Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif. Copyright Reuters
Au lendemain de l'annonce des plans de départs volontaires des deux opérateurs télécoms, le ministre du Redressement productif et la ministre déléguée à l'Economie numérique ont indiqué qu'ils allaient recevoir "au plus vite" les intersyndicales de Bouygues Telecom et SFR, puis des dirigeants des quatre opérateurs.

Deux plans sociaux annoncés le même jour dans les télécoms (SFR et Bouygues Telecom mardi) : le ministre du Redressement productif ne pouvait rester sans réagir. Arnaud Montebourg a annoncé mercredi en fin de journée dans un communiqué qu'il allait recevoir « au plus vite », avec la ministre déléguée en charge de l'Economie numérique, Fleur Pellerin, « les intersyndicales de ces deux opérateurs pour évoquer avec eux la situation du secteur de la téléphonie mobile depuis l'arrivée d'un quatrième opérateur sur le marché. »

En effet, Bouygues Telecom, qui a présenté en comité d'entreprise central un plan de départs volontaires portant sur 556 postes, et SFR, qui n'a pas encore dévoilé l'ampleur de son plan de réorganisation qui sera détaillé à l'automne, ont tous deux invoqué l'impact de Free Mobile comme cause de ces suppressions d'emploi. Certains syndicats s'interrogent, à l'image de SUD qui évoque dans un tract ce mercredi « l'alibi du low-cost », considérant que « la crise du secteur ne se résume pas à l'arrivée de Free, elle est le résultat d'une politique délibérée des opérateurs et des politiques publiques dans les télécoms. »

« Tout doit être fait pour éviter » les destructions d'emplois ou les délocalisations
Aucune date n'a encore été arrêtée pour cette rencontre avec les délégations syndicales des deux opérateurs. Pour Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin, « tout doit être fait pour éviter que des emplois soient détruits ou délocalisés », d'autant que les services télécoms sont un secteur « réglementé et donc protégé de la concurrence internationale. » Ils soulignent aussi la nécessité de préserver « les investissements nécessaires tant à l'aménagement des territoires qu'à la compétitivité et la croissance de notre économie. »

Les deux ministres veulent ensuite « réunir les quatre opérateurs de téléphonie mobile», vraisemblablement leurs dirigeants, «afin d'évoquer avec eux les moyens du retour à un modèle de croissance, au bénéfice de l'emploi, tant au sein des opérateurs que chez leurs sous-traitants et fournisseurs. » Dans une interview à Challenges le mois dernier, Arnaud Montebourg avait déclaré son intention de « remettre de l'ordre dans les télécoms », accusant le régulateur, l'Arcep, de « s'intéresser exclusivement à la concurrence sans limites. » Il a demandé aux opérateurs de relocaliser leurs centres d'appels en France. Sur ce sujet, Stéphane Richard, le PDG de France Télécom, appelle de ses v?ux « un état des lieux comparatif » sur les centres d'appels en France des quatre opérateurs. Le ministre du redressement productif avait résumé sa philosophie en une formule : « la concurrence doit trouver sa limite dans la préservation de l'emploi ».

Pouvoir d'achat, emploi et dividende
Un changement radical de discours : avant son arrivée à Bercy, au lancement de Free Mobile, l'élu PS de Saône-et-Loire s'était réjoui que Xavier Niel, avec son forfait mobile illimité à 19,99 euros, faisait «plus pour le pouvoir d'achat des Français que Nicolas Sarkozy en 5 ans. » Il y a quinze jours, le fondateur et principal actionnaire de Free, Xavier Niel a répondu aux attaques de ses concurrents en plaidant dans une tribune que « l'emploi baisse depuis des années dans le secteur », bien avant l'arrivée du 4e opérateur mobile. Et l'entrepreneur de pointer du doigt « l'oligopole soucieux de sa rente » et la distribution de dividende. Un air entonné également par les syndicats de ces opérateurs « historiques » qui critiquent le montant des dividendes versés depuis plusieurs années.