Télécoms : Montebourg convoque les patrons d'opérateurs mardi

Par Delphine Cuny  |   |  765  mots
Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, réunira mardi matin les dirigeants des opérateurs télécoms, avec la ministre déléguée au Numérique, Fleur Pellerin. Copyright DENIS/REA
Les dirigeants des 4 opérateurs mobiles seront reçus mardi matin par le ministre du Redressement productif et la ministre déléguée à l'Economie numérique pour évoquer la situation du secteur depuis l'arrivée du quatrième Free et l'emploi. Xavier Niel devrait snober la rencontre.

Il va y avoir du sport. Mardi prochain à 8h30, les dirigeants des quatre principaux opérateurs mobiles français sont convoqués à Bercy par Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif et Fleur Pellerin, la ministre déléguée à l'Economie numérique. Un casting de haut vol : le PDG de France Télécom, Stéphane Richard, déjà convoqué mardi dernier pour remettre un rapport d'analyse sur la panne du réseau mobile d'Orange et qui rencontre lundi Pierre Moscovici, le Ministre de l'Economie, viendra accompagné de son secrétaire général, Pierre Louette ; Martin Bouygues viendra en personne avec Olivier Roussat, le directeur général de Bouygues Telecom ; Stéphane Roussel, le PDG de SFR depuis peu, et le secrétaire général, Philippe Logak. Enfin, pour représenter celui que ses concurrents montrent du doigt, Free, ce devrait être Cyril Poidatz, le président du conseil d'administration d'Iliad, la maison-mère, et Laurent Laganier, le directeur de la règlementation. Mais pas Xavier Niel, le fondateur et principal actionnaire, qui avait lui-même donné le coup d'envoi de Free Mobile le 10 janvier lors d'une conférence de presse retentissante. Trop agressif ou incontrôlable ?

Un nouvel audit demandé sur Free Mobile ?
Six mois tout juste après l'arrivée fracassante du nouvel opérateur mobile, l'impact social redouté se fait déjà sentir. Si l'ordre du jour de cette réunion n'est pas précisé dans l'agenda des ministres, Arnaud Montebourg avait annoncé, il y a dix jours, au lendemain de l'annonce des plans sociaux de Bouygues Telecom et SFR, son intention de recevoir les syndicats des deux opérateurs, ce qu'il a fait ce vendredi, « pour évoquer avec eux la situation du secteur de la téléphonie mobile depuis l'arrivée d'un quatrième opérateur sur le marché », puis de réunir les quatre opérateurs mobiles afin de parler des « moyens du retour à un modèle de croissance, au bénéfice de l'emploi, tant au sein des opérateurs que chez leurs sous-traitants et fournisseurs. »
Selon une source proche du dossier, « les ministres veulent mettre la pression sur l'Arcep », le régulateur des télécoms, ce qui pourrait se traduire très concrètement par la suite par « une décision sur la terminaison d'appels SMS », c'est-à-dire dans le jargon, le tarif de gros des SMS facturé par Free aux autres opérateurs, qui fait débat depuis des mois. Cette source affirme également que « les ministres vont demander à l'Arcep un nouvel audit pour vérifier que Free Mobile respecte bien ses obligations de couverture et de déploiement. » Une autre source croit savoir que « l'intention du gouvernement est de remettre à plat, de détricoter la loi Chatel et d'alléger les contraintes des opérateurs à l'égard des consommateurs. »

Une expertise sur le bien-fondé du plan social de Bouygues Telecom
Du côté plus proprement social, les ministres ont reçu vendredi à 11 heures les représentants syndicaux de Bouygues Telecom puis à 12 heures ceux de SFR. Ils auraient affirmé partager l'analyse des syndicats, notamment le fait qu'ils ne comprennent pas et ne tolèrent pas que des entreprises aussi profitables que SFR et Bouygues Telecom, suppriment des emplois. Selon nos informations, les syndicats de Bouygues Telecom ont décidé jeudi en comité central d'entreprise exceptionnel de diligenter, à l'initiative de la CFDT, « un audit externe effectué par un cabinet spécialisé indépendant », qui pourrait être le cabinet d'expertise comptable Ellipce, afin de « vérifier le bien-fondé du plan de départs volontaires de 556 postes » explique une source syndicale. Ils s'interrogent sur la réalité des difficultés financières de l'opérateur alors que l'exercice 2012 est loin d'être fini et sur l'évolution du discours de la direction en six mois, qui s'estimait prête à affronter Free en décembre, puis lançait un plan d'économies en mars sans impact social avant de dévoiler un PDV. Chez SFR, les syndicats et salariés ne seront pas fixés avant novembre sur le nombre de suppressions d'emplois du plan social. Les ministres ont concédé devant les représentants syndicaux que leurs moyens d'actions étaient limités sur des entreprises privées. Sur le sujet de la relocalisation des centres d'appels en France qu'il appelle de ses voeux, Arnaud Montebourg aurait avancé l'idée d'une hausse de 10 centimes par mois sur la facture de l'abonné pour compenser le coût. La réunion de mardi doit en effet aborder également « toute l'organisation de la filière télécoms. »