Free Mobile ne peut pas agir en « passager clandestin » selon Pellerin et Montebourg

Par Delphine Cuny  |   |  523  mots
Fleur Pellerin, la ministre déléguée à l'Economie numérique, et Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif. Copyright Reuters
Les deux ministres invitent le nouvel entrant à « s'affirmer comme un opérateur crédible et durable » et à « se passer progressivement d'Orange. » Ils espèrent « la fin du tout low-cost destructeur » et annoncent la signature d'un « contrat de filière » d'ici à la fin du semestre entre les différents acteurs.

Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, et Fleur Pellerin, la ministre déléguée à l'Economie numérique, qui avaient saisi en novembre l'Autorité de la concurrence sur le contrat d'itinérance signé entre Free Mobile et Orange, n'avaient pas encore réagi à l'avis structurant pour l'avenir du marché mobile publié lundi. Ils le font ce mercredi dans une tribune publiée dans Le Figaro (à lire ici pour les abonnés), intitulée « Enfin une politique industrielle pour les télécoms. » Ils écrivent avoir trouvé, « en arrivant aux responsabilités, un secteur des télécoms meurtri, méprisé, en proie au doute et au déclin. Quel paradoxe pour un secteur d'avenir ! » Accusant la droite d'être responsable de ce « gâchis », en n'ayant cessé pendant dix ans de « flatter le consommateur sans penser un instant au producteur, l'industrie des télécoms », un thème cher à Arnaud Montebourg.

« Stopper l'aveuglement consumériste »
Revenant sur « l'absence d'étude d'impact sur l'emploi de l'arrivée de Free sur le marché mobile » et « d'évaluation et d'encadrement » de l'accord d'itinérance, par lequel Free loue le réseau mobile d'Orange, et qui a « structuré le marché depuis un an », les ministres affirment qu'il « faut stopper l'aveuglement et la démagogie consumériste » et souhaitent « relancer l'investissement. » Le déploiement de la 4G ne sera possible qu'à deux conditions selon eux, primo la mutualisation : « les opérateurs doivent pouvoir partager certains investissements dont le poids porté seul serait trop lourd dans un marché à quatre. » Secundo, « il ne peut y avoir de passager clandestin et chacun doit prendre part à l'effort, y compris Free qui doit progressivement se passer d'Orange et s'affirmer comme un opérateur crédible et durable en investissant à son tour pour déployer son propre réseau. » Ils observent que l'Autorité de la concurrence « vient de confirmer ces deux conditions dans un avis très éclairant » : le gendarme de la concurrence a en effet indiqué lundi que le contrat d'itinérance entre Free Mobile et Orange ne devait pas se prolonger au-delà de 2016 ou 2018. Sur la mutualisation des infrastructures, il s'est montré toutefois réservé sur des partages d'équipements actifs (antennes-relais notamment) à l'échelle nationale (lire l'article).

« La fin du tout low-cost destructeur »
Pour mettre en ?uvre cette politique industrielle, les ministres invitent au « pari de l'intelligence collective » et à « la fin de la seule loi du « moins-disant » et du tout low-cost destructeur.» Ils annoncent que « d'ici à la fin du semestre, tous les acteurs du secteur, syndicats et organisations professionnelles, signeront un contrat de filière pour matérialiser cette préférence pour le long terme », appelant les opérateurs, sous-traitants, centres de relations clients, équipementiers, « au premier rang desquels Alcatel-Lucent » à « réapprendre à travailler ensemble. » Pas de détail à ce stade sur le contenu de ce contrat de filière, qui sera sans doute inspiré de celui négocié en octobre dans l'automobile. Les ministres, qui évoquent la nécessité de « préparer les compétences et les technologies de demain » espèrent « plus de 15.000 nouveaux emplois » des chantiers du très haut débit fixe et de la 4G.