Bouygues Telecom vendra la 4G « environ 5 euros » de plus

Par Delphine Cuny  |   |  706  mots
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Le numéro trois du mobile, qui dévoilera dans les prochaines semaines ses offres de très haut débit mobile, devrait facturer un surcoût de plusieurs euros par rapport aux abonnements mensuels actuels. Six mois après le plan de départs volontaires, il s'engage à recruter 200 conseillers clientèle.

Ne pas brader la 4G. C'est le mot d'ordre que se sont donnés les opérateurs mobiles, sans prétendre trouver d'un coup la formule magique pour remonter les prix sans dissuader les clients français qui ont pris goût au low-cost depuis l'arrivée de Free Mobile. SFR a inclus pour l'instant l'accès au très haut débit mobile dans ses abonnements milieu et haut de gamme, en attendant que le marché décolle et que la couverture de la population de son réseau s'étende.

Orange hésitait entre un surcoût de 5 et 10 euros et a finalement opté pour un tarif de transition : 1 euro jusqu'à la fin de l'année (gratuit pour les clients aux forfaits haut de gamme). Bouygues Telecom coupe la poire en deux : les offres du numéro trois français du mobile, qui seront dévoilées dans les prochaines semaines, devraient être environ 5 euros plus chères.

La stratégie tarifaire d'Orange jugée « incompréhensible »
« La 4G, qui introduit une rupture fondamentale dans les communications mobiles, a une valeur supplémentaire d'environ 5 euros, qui devrait se traduire dans les prix », déclare en effet le directeur général de Bouygues Telecom, Olivier Roussat, dans un entretien au Figaro. Il fustige « la stratégie tarifaire d'Orange franchement incompréhensible », revenant à « offrir la 4G pour rien. » Orange dévoilera le détail de ses forfaits ce jeudi matin. La filiale de Bouygues n'attendra pas le 1er octobre, lorsqu'elle pourra officiellement réutiliser en 4G certaines fréquences GSM (1800 Mhz), pour lancer ses offres : les clients des villes où il a déjà déployé son réseau sur la bande de fréquences 2,6 Ghz, à savoir Strasbourg, Lille, Douai, Lyon, Toulouse, Vanves, Biarritz et Issy-les-Moulineaux, aux portes de Paris, où se trouve son siège.

Orange et SFR couvriront 30% de la population en fin d'année, Bouygues sera au-delà
Mais au 1er octobre, grâce aux fréquences 1800, Bouygues Telecom fera « un bond en avant » souligne son directeur général : son réseau 4G devrait couvrir « une large partie du territoire »  (estimée entre 30% et 50%). C'est-à-dire plus qu'Orange, qui lance ce jeudi ses offres dans 15 agglomérations représentant un peu moins de 10% de la population, et vise les 30% à la fin de l'année. SFR lui aussi affirme viser les 30% d'ici à la fin de l'année et déployer « à un rythme plus soutenu que ce que nous impose les obligations » des licences (soit 25% de la population en octobre 2015). Le premier pouvant revendiquer une couverture décente, à défaut d'être nationale, pourra justifier une hausse de prix.

Un cadeau trop cher ?
Sans surprise, Bouygues Telecom indique qu'il tiendra sa promesse de recruter 200 conseillers de clientèle en contre-partie de cette autorisation de réutiliser des fréquences qui lui fait gagner un temps précieux dans cette course de vitesse. Plus étonnant, alors que l'opérateur vient tout juste de confirmer au régulateur des télécoms qu'il était intéressé, il affirme envisager d'attaquer devant le Conseil d'Etat le décret du gouvernement fixant le prix de cette réutilisation de fréquences, qualifié d'« énorme » par Martin Bouygues (60 millions d'euros par an et 1% du chiffre d'affaires 4G par an). « Bouygues Telecom a déjà versé à l'État près d'un milliard d'euros pour acheter des fréquences 4G. Et, il faudrait encore payer une redevance deux fois plus élevée que pour les autres fréquences 4G (2 600 MHz), alors même que le marché s'est effondré avec l'arrivée du 4e opérateur. Nous avons deux mois pour contester ce prix. Nous réfléchissons à former un recours auprès du Conseil d'État » affirme Olivier Roussat.

Effet de manche pour désamorcer les attaques des concurrents qui dénoncent le cadeau qui lui est fait ? Les ministres Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin, qui ont plaidé en coulisses en faveur de ce coup de pouce à l'opérateur qui a fini l'année 2012 en perte et en cash flow négatif, pourraient ne pas apprécier que Bouygues fasse la fine bouche. « Ce n'est pas fait. Mais ce sont tout de même de gros montants » nuance-t-on chez l'opérateur.