Orange et Free enterrent la hache de guerre dans la fibre optique

Par Delphine Cuny  |   |  545  mots
DR. (Crédits : DR)
L'opérateur historique a accepté de payer des dommages à Free pour régler un contentieux sur le déploiement du très haut débit remontant à 2007. L'Autorité de la concurrence vient de valider l'accord qui va faciliter l'accès au génie civil d'Orange pour tous les autres opérateurs.

L'affaire remonte à juin 2007. Free s'était plaint devant l'Autorité de la Concurrence que l'opérateur historique lui refusait l'accès à son génie civil pour déployer son propre réseau à très haut débit en fibre optique dans une vingtaine de villes (les « fourreaux », ces conduits par lesquels passent les câbles, étaient trop étroits selon France Télécom pour les multiples fibres déployées par l'opérateur alternatif selon la technologie dite point-à-point).

Free affirmait même que France Télécom abusait de sa position dominante. Le gendarme de la concurrence n'avait pas donné droit à sa demande de mesures conservatoires en février 2008 et s'apprêtait à rendre sa décision sur le fond avant la fin de l'année. Or les deux parties ont été « incitées à trouver un accord transactionnel » confie l'une d'elles : Orange ayant accepté de payer des dommages (non révélés) à Free, qui s'est désisté de sa plainte, les deux opérateurs ont conclu un accord mettant ainsi fin à leur contentieux.

Le génie civil de l'opérateur historique, incontournable
L'Autorité de la concurrence s'en félicite ce jeudi, car l'accord va s'appliquer plus largement à tous les opérateurs et faciliter le déploiement dans plus de 510.000 logements dans 20 villes dont Rouen, Tours, Clermont-Ferrand, Marly-le-Roi, Vélizy, La Courneuve, etc. Si les opérateurs ont la possibilité de recourir aux égouts à Paris, aux réseaux d'initiative publique (RIP) des collectivités locales, ou au creusement de tranchées, « aucune de ces infrastructures n'est comparable au réseau de 350.000 km d'artères de génie civil, qui a été construit pour installer les fils de cuivre du téléphone, et dont dispose Orange en raison de son ancien statut de monopole public » souligne le gendarme de la concurrence.

Concrètement, l'opérateur historique propose une architecture technique unique « globalement plus intéressante économiquement », en permettant aux opérateurs de se raccorder à un point de mutualisation desservant au moins 300 logements dans les zones de haute densité et les poches moins denses (zones pavillonnaires des agglomérations), sans distinction.

Orange leader de la fibre en abonnés, hors Numericable
Sur le plan financier aussi, Orange a assoupli les conditions de co-investissement, de manière progressive, par tranche. « Cela permettra aux opérateurs disposant d'une plus petite surface financière d'investir à proportion de leurs moyens et d'animer in fine le marché de détail », estime l'Autorité de la Concurrence. Ce jeudi, Orange a annoncé avoir conquis 50% des abonnés français à la fibre optique au deuxième trimestre soit 239.000 clients au total à la fin juin, soit un doublement en un an, et avoir investi 150 millions d'euros sur le semestre.

Il revendique ainsi le titre de leader en part de marché (SFR a fait état début juin de 120.000 abonnés), pour ce qui est de la fibre jusqu'à l'abonné (Fiber to the home). Car Numericable reste loin devant avec son très haut débit combinant fibre et câble coaxial dans la partie terminale (dans l'immeuble et le logement), avec 675.000 abonnés ayant accès à un débit de 100 mégabits/seconde et 665.000 à plus de 30 mégas, selon l'observatoire du très haut débit de l'Arcep, le régulateur des télécoms.