Free s'attaque au marché américain en tentant d'acquérir T-Mobile US

Par latribune.fr  |   |  707  mots
Xavier Niel ambitionne de s'installer sur le marché mobile des États-Unis qui est - souligne Iliad - "à la fois vaste et particulièrement attractif". (Photo: Reuters) (Crédits : Reuters)
L'opérateur français a annoncé jeudi avoir soumis au conseil d'administration de l'américain une offre de 15 milliards de dollars en numéraire afin de racheter 56,6% de ses parts.

Xavier Niel continue de jouer son rôle de trublion des télécoms, mais plus seulement en France. Le fondateur de l'opérateur français Free (Iliad) a décidé de s'attaquer au marché américain, en faisant une offre de rachat sur T-Mobile US, filiale du géant allemand Deutsche Telekom et quatrième opérateur outre-Atlantique.

Dans un communiqué publié jeudi soir, le groupe a indiqué:

Iliad a "soumis au conseil d'administration de T-Mobile US une offre (...) de 15 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros, NDLR) en numéraire pour 56,6% de T-Mobile US, à 33,00 dollars par action".

Un financement en fonds propres d'environ 2 milliards d'euros

Free explique que l'offre en numéraire serait financée par une combinaison de dette et de fonds propres.

"Iliad s'est assuré du soutien de banques internationales de premier plan pour la dette d'acquisition. Le financement en fonds propres serait d'environ 2 milliards d'euros et Xavier Niel participerait à l'augmentation de capital", ajoute-t-il.

Iliad évalue les 43,4% restant de T-Mobile US à 40,50 dollars par action sur la base de 10 milliards de dollars de synergies au bénéfice des actionnaires de T-Mobile US.

Cette proposition représente une valeur globale de 36,20 dollars par action, "soit une prime de 42% par rapport au cours de Bourse non affecté de T-Mobile US de 25,40 dollars par action", affirme le groupe.

Plus de 50 millions d'abonnés

T-Mobile US, contrôlé par le géant allemand des télécoms Deutsche Telekom, affiche aujourd'hui une valorisation boursière de près de 26 milliards de dollars et peut se targuer d'avoir 50 millions d'utilisateurs. L'opérateur, qui avait déjà fusionné l'an dernier avec un plus petit opérateur américain, MetroPCS, mène une politique de prix très agressive en multipliant les rabais.

Ce positionnement en rupture est "à de nombreux égards similaire à celui d'Iliad en France", souligne d'ailleurs le groupe français.

L'opérateur américain a annoncé jeudi avoir gagné 1,5 million de clients au deuxième trimestre 2014 et dépasser désormais la barre des 50 millions. Il a augmenté son chiffre d'affaires de 15% sur un an à 7,2 milliards de dollars au deuxième trimestre, et dégagé un bénéfice net de 391 millions de dollars, à comparer à une perte de 16 millions un an auparavant.

Un marché "à la fois vaste et particulièrement attractif"

En tentant d'acquérir ce géant, l'objectif d'Iliad est donc évidemment celui de s'installer sur le marché mobile américain qui est - souligne le groupe français - "à la fois vaste et particulièrement attractif".

Selon lui, d'ailleurs, cette transaction "ne devrait pas poser de difficultés au regard des règles relatives au droit de la concurrence compte tenu du fait qu'Iliad n'est pas présent aux Etats-Unis".

Il faut dire que la taille de l'opérateur français est bien inférieure à celle de T-Mobile: le groupe, qui est valorisé à 16 milliards d'euro, a réalisé en 2013 un bénéfice net de 265,4 millions d'euros et a vu ses ventes atteindre 3,7 milliards, pour un total de 13,7 millions d'abonnés (fixe et mobile).

Arnaud Montebourg "se félicite"

 Le ministre de l'Economie "se félicite qu'un des opérateurs français parte à la conquête du marché étasunien et y voit un signe très positif de la force de Free", écrit l'AFP qui cite des propos rapportés par l'entourage du ministre.

Fleur Pellerin dit "bravo"

Rien ne garantit toutefois que l'offre d'Iliad sera acceptée par le conseil d'administration de T-Mobile US, rappelle le groupe français. T-Mobile, qui a confirmé dans un communiqué avoir reçu une proposition, s'est d'ailleurs refusé à plus de commentaire dans l'immédiat.

Le gouvernement français a cependant déjà félicité Free pour l'initiative, via un tweet  publié jeudi soir par la secrétaire d'Etat chargée du Commerce extérieur, Fleur Pellerin:

 A la Bourse de Paris, vendredi à 09h15 (07h15 GMT), le titre d'Iliad plongeait en revanche de 12,74%, à 179,75 euros, dans un marché en recul de 0,44%.

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