5G : Bouygues veut être indemnisé en cas d'interdiction de Huawei

Par AFP  |   |  466  mots
Martin Bouygues, le chef de file du groupe Bouygues. (Crédits : © Charles Platiau / Reuters)
L'opérateur Bouygues Telecom demandera une indemnisation à l’État en France si celui-ci décide de ne pas autoriser l'équipementier chinois Huawei sur le futur marché de la 5G, ont déclaré ses dirigeants mercredi lors d'une audition au Sénat.

A ses yeux, l'Etat doit prendre ses responsabilités. L'opérateur Bouygues Telecom demandera une indemnisation à l'État en France si celui-ci décide de ne pas autoriser l'équipementier chinois Huawei sur le futur marché de la 5G, ont déclaré ses dirigeants mercredi lors d'une audition au Sénat. Si Paris décidait de suivre l'exemple américain en refusant l'accès du géant chinois à la nouvelle norme de téléphonie mobile, "il est naturel qu'une entreprise dont l'économie se trouverait assez fortement bouleversée par cette décision de l'État se retourne vers lui en disant: 'comment je fais?'", a déclaré Didier Casas, directeur général adjoint de Bouygues Telecom.

Comme son concurrent SFR, Bouygues s'est largement équipé aurprès de Huawei - pour un peu moins de 50% des antennes, l'autre moitié provenant du suédois Ericsson - pour construire son réseau mobile 4G, qui servira d'assise à la 5G. "Tout aurait été parfait s'il était possible d'installer un équipement 5G Ericsson ou Nokia à côté d'un équipement 4G de Huawei, mais cela est impossible car la normalisation qui a été décidée fait que vous devez disposer du même fournisseur sur l'équipement 4G et 5G", a expliqué Olivier Roussat, président de l'opérateur. "Donc, quand vous interdisez la 5G Huawei, vous demandez à l'opérateur de démonter tous ses équipements Huawei pour la 2G, la 3G et la 4G."

L'Etat doit "assumer"

Saisie en début d'année, l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) n'a toujours pas rendu sa décision concernant les équipements autorisés pour déployer la 5G. "Lorsqu'on a demandé à l'Anssi l'autorisation de mettre un équipement 4G [fabriqué par Huawei], cela a été accepté. Si on a acheté cet équipement et qu'il est maintenant nécessaire de le démonter puisqu'il est incompatible avec l'équipement 5G, il faut prévoir une mesure d'indemnisation", a argué M. Roussat.

"Démonter des équipements 2G, 3G, 4G pour les passer sur un autre constructeur, c'est un coût très important évidemment, mais c'est surtout aussi un délai d'exécution très long", a souligné le patron du groupe Martin Bouygues, également présent à l'audition. "Que l'État change d'opinion, je n'y vois aucun inconvénient (...). Il doit juste en assumer les conséquences." Les États-Unis ont annoncé mi-mai de nouvelles mesures pour barrer un peu plus l'accès à ses marchés au géant chinois des télécommunications, que l'administration Trump perçoit comme une menace pour la sécurité nationale au service des autorités chinoises. Washington a prévu "un fonds d'indemnisation d'un milliard de dollars pour aider les petits opérateurs à migrer leurs équipements", a souligné M. Casas.