C'est un anniversaire dont il se serait bien passé. Ce lundi, lors d'une conférence en ligne destinée au journalistes et aux analystes, Guo Ping, l'actuel président en exercice de Huawei, a rappelé que cela faisait tout juste un an que son groupe devait composer avec d'importantes sanctions américaines. Le 16 mai 2019, Washington, qui soupçonne Huawei d'espionnage pour le compte de Pékin, a placé l'industriel sur une liste noire l'interdisant de commercer avec des sociétés américaines. Cette mesure visait à couper le robinet des technologies américaines au géant chinois des télécoms et des smartphones. Elle a constitué un véritable séisme au sein du groupe de Shenzhen, qui doit, par exemple, désormais se passer des précieux applications de Google pour ses téléphones.
Mais les Etats-Unis n'en sont pas restés là. Vendredi dernier, Washington a déployé de nouvelles mesures visant à empêcher Huawei de développer des semi-conducteurs à l'étranger avec de la technologie américaine. D'après le département américain du commerce, « cette annonce bloque les efforts de Huawei pour contourner les contrôles à l'exportation ». Il s'agit d'un nouveau coup dur pour le groupe chinois. Ce lundi, Guo Ping a déclaré que les activités du groupe seraient « inévitablement » et « considérablement » touchées. En clôture de la conférence, le dirigeant a déclaré qu'aujourd'hui, la priorité du géant des télécoms était d'assurer sa « survie ».
« Nous sommes toujours vivants »
En parallèle, il a conservé le ton offensif et guerrier qui caractérise Huawei depuis le début de son conflit avec les Etats-Unis. Sans cacher les difficultés, Guo Ping a loué la résilience de l'industriel. Ainsi, une illustration largement diffusée en interne a été projetée lors de la conférence. Elle montre un Iliouchine IL-2, un avion de chasse soviétique de la Seconde Guerre mondiale, qui continue de voler malgré une carlingue criblée d'impacts d'obus. « La bonne nouvelle, c'est que nous sommes toujours vivants », a déclaré Guo Ping. D'après lui, le groupe ne compte pas se recroqueviller sur son immense marché intérieur, mais ambitionne toujours, au contraire, d'accélérer à l'international. « Pas question de remettre en cause cette stratégie », a-t-il lancé.
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Dans son bras de fer, Huawei est épaulé par Pékin. Dans la foulée des dernières piques américaines, le ministère chinois du commerce a donné le ton : « La Chine prendra les mesures qui s'imposent pour défendre fermement les droits et intérêts légitimes des entreprises chinoises », a-t-il écrit dans un communiqué. Avant d'exhorter le pays de l'Oncle Sam « à cesser immédiatement ses mauvaises actions », plus loin qualifiées de « répression déraisonnable ».
Le dragon chinois commence à tousser
Malgré ses efforts, le dragon chinois commence à tousser. Leader dans la 5G et deuxième vendeur de smartphones au monde, Huawei vu ses ventes ralentir brutalement au premier trimestre cette année. Sur les trois premiers mois, son chiffre d'affaires n'a atteint « que » 182 milliards de yuans (23,7 milliards d'euros). Cette hausse de 1,4% sur un an apparaît comme un coup de frein pour un groupe qui collectionnait, jusqu'alors, les trimestre d'hypercroissance à deux chiffres... Certes, la crise du Covid-19 est passée par là. Mais les sanctions américaines commencent à peser lourd sur l'activité. En mars dernier, Huawei en estimait les pertes à au moins 9,1 milliards d'euros.
Les choses ne devraient pas s'arranger. D'une part parce qu'avec la fin de l'épidémie de coronavirus, la bataille commerciale entre les Etats-Unis et la Chine semble repartir de plus belle. D'autre part parce que les déploiements de la 5G vont s'intensifier. Or cette technologie, où Huawei a de l'avance sur la concurrence, fait l'objet d'une course de vitesse entre les deux superpuissances, qui la perçoivent comme cruciale pour asseoir leur domination économique dans les années à venir.
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