Empêtrée dans une affaire de corruption au Portugal, Altice France affiche des recettes en baisse et creuse sa dette

Par latribune.fr  |   |  575  mots
Réagissant à ces résultats, Patrick Drahi, patron du groupe Altice, a annoncé ce mardi que sa « seule priorité » pour sa branche Altice France (SFR, BFMTV) était d'alléger sa dette. (Crédits : Reuters)
Le géant français des télécoms a notamment vu les recettes de sa branche média (FMTV, RMC...) baisser de 5,3% à 89 millions d'euros. Réagissant à ces résultats, son patron, Patrick Drahi, a assuré que sa « seule priorité » pour sa branche Altice France (SFR, BFMTV) était d'alléger sa dette, d'actuellement 23,8 milliards d'euros. La veille, il avait dit se sentir « trahi et trompé par un petit groupe d'individus » après l'arrestation de son bras-droit et cofondateur de l'entreprise soupçonné de s'être enrichi aux dépens de celle-ci.

Les difficultés continuent de peser sur Altice France qui a vu son chiffre d'affaires baisser de 2,6% sur un an au deuxième trimestre, à 2,77 milliards d'euros, ont précisé les dirigeants du groupe ce mardi.

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Ce sont, en particulier, les recettes de la branche média du groupe, qui n'est plus coté, (BFMTV, RMC...) qui tirent les résultats vers le bas avec une baisse de 5,3% à 89 millions d'euros, et celles de sa branche télécoms (SFR) ont reculé de 2,5% à 2,68 milliards d'euros, en raison d'une baisse du nombre de clients.

Par ailleurs, le bénéfice opérationnel (EBITDA) a également baissé de 5,7% au deuxième trimestre, à 1,02 milliard, surtout dans la branche média, contre 1,08 milliard d'euros un an plus tôt.

La « seule priorité » est d'alléger la dette

Réagissant à ces résultats, Patrick Drahi, patron du groupe Altice, a annoncé ce mardi que sa « seule priorité » pour sa branche Altice France (SFR, BFMTV) était d'alléger sa dette. Celle-ci a grimpé à près de 24 milliards d'euros à la fin du mois de juin, contre 23,6 milliards à fin mars, ce qui correspond à un ratio d'endettement net de 6,3 fois l'excédent brut d'exploitation (Ebitda). L'objectif est donc de réduire ce ratio de dette sur Ebitda à 4,5 à moyen terme contre 6,3 fin juin, un taux jugé très élevé par les marchés.

Devant des analystes, l'homme d'affaires a promis une importante réduction du poids de la dette, notamment par des cessions d'actifs non stratégiques et une réduction des investissements, alors que son empire des télécoms et de médias est fragilisé par un scandale de corruption au Portugal.

Après avoir longuement défendu la qualité de l'équipe dirigeante de sa branche française, l'un des piliers de son groupe, le milliardaire franco-israélien a précisé vouloir vendre « certains actifs non essentiels », en citant notamment des « data centers », afin de réduire la dette.

Scandale de corruption

Mais leur vente a été ralentie par l'affaire au Portugal, ont indiqué les responsables mardi. Mi-juillet, son bras-droit et cofondateur d'Altice, Armando Pereira, soupçonné de s'être enrichi aux dépens de l'entreprise, y a été arrêté. S'exprimant pour la première fois au sujet de cette affaire, Patrick Drahi a déclaré, lundi, se sentir « trahi et trompé par un petit groupe d'individus ».

« Quelques individus, surtout dans la branche achat, ont soigneusement dissimulé leurs actions, de moi, de leurs collègues et de l'ensemble du groupe », a-t-il affirmé, jugeant que « ces personnes ont, si ces allégations sont avérées, profité de leur position aux dépens du groupe, et donc à mes dépens personnels également ». Une affaire qui ébranle l'empire de l'homme d'affaires, soulevant des interrogations sur sa capacité à rembourser ses dettes.

« Nous avons immédiatement suspendu une quinzaine de personnes au Portugal, en France et aux Etats-Unis », suite à une enquête interne, a-t-il annoncé, en promettant de faire « toute la transparence » sur cette affaire qui éclabousse l'ensemble du groupe. « Il est très désagréable de voir le mot corruption à côté du nom de notre groupe et la plupart du temps, dans la presse, à côté de mon nom, mais notre groupe est victime, et non pas accusé », a néanmoins insisté le propriétaire de cet empire des télécoms, présent dans plus de cinq pays.

(Avec AFP)