Rachat de Bouygues : Drahi (SFR) reçu par Macron mardi

Par latribune.fr  |   |  554  mots
Alors que Numericable-SFR a fait une offre de rachat sur Bouygues Telecom pour 10 milliards d'euros, le ministre de l'économie a convoqué le patron de la maison-mère Altice, Patrick Drahi, à Bercy mardi après-midi. Dimanche, Emmanuel Macron avait déjà fait part de son désaccord.
Patrick Drahi, patron du groupe Altice, maison-mère de Numericable-SFR, sera reçu mardi après-midi à Bercy par le ministre de l'économie Emmanuel Macron pour discuter de son offre de rachat de Bouygues Telecom. Le gouvernement a fixé ses conditions à l'offre de Numericable-SFR.

Patrick Drahi est décidément insatiable. Après SFR, en mars 2014, pour la bagatelle de 13,36 milliards d'euros, voilà que le magnat des télécoms, l'homme d'affaires franco-israélien Patrick Drahi, très intéressé par le rachat de Bouygues Telecom, passe à l'offensive. Une information confirmée dans la journée par des communiqués séparés de Altice et de Bouygues Telecom. Le groupe industriel a précisé que les membres de son conseil d'administration devraient se réunir demain pour étudier cette offre. Pour autant, "aucune négociation n'est en cours" à ce stade, précise le groupe.

Dimanche, le gouvernement a d'ores et déjà fait part de son opposition au projet par la voix du ministre de l'économie, Emmanuel Macron, qui dit redouter des conséquences négatives pour "l'emploi, l'investissement et le meilleur service aux consommateurs". Une position qu'il devrait répéter à l'homme d'affaires franco-israélien à l'occasion de leur échange à Bercy mardi après-midi.

Le gouvernement fixe ses conditions

Le Premier ministre Manuel Valls a, quant à lui, posé cinq conditions à un rapprochement entre les opérateurs Numericable-SFR et Bouygues Telecom ce lundi après-midi, lors d'un déplacement dans le Val d'Oise.

"Toute opération qui ne répondrait pas à ces enjeux majeurs (l'emploi, l'investissement, la vente des fréquences, l'innovation et la qualité de service- ne peut pas avoir le soutien du gouvernement", a-t-il fait savoir.

Le Premier ministre a par ailleurs souligné qu'il n'était pas possible de favoriser des opérations "qui se solderaient par du chômage et par la perte de qualité dans le domaine des opérateurs téléphoniques".

Ce lundi matin, sur l'antenne de la radio RFI, le ministre des Finances Michel Sapin a également exprimé des réserves sur cette possible opération, appelant à prendre en compte "l'intérêt général", ajoutant "parce que si c'est pour tout concentrer et faire monter tous les prix, je pense que personne ne serait gagnant".

10 milliards d'euros pour racheter Bouygues ?

Cette offre -si elle aboutit- propulserait Numericable-SFR au premier rang de la téléphonie mobile en France devant l'opérateur historique Orange. Elle pourrait aussi chambouler le paysage de la téléphonie mobile, passée en janvier 2012 de trois à quatre opérateurs avec l'arrivée de Free Mobile. D'après les informations du Journal du Dimanche, qui a révélé cette offre de rachat, Free pourrait récupérer une partie des fréquences, antennes et boutiques de Bouygues Telecom. L'Autorité de la concurrence devra néanmoins se prononcer sur cette opération.

Si aucune des entreprises ne précise le montant des sommes en jeu, l'AFP avance, selon ses sources, 10 milliards d'euros mis sur la table par l'homme d'affaires israélien pour racheter Bouygues Telecom. Soit 2 milliards de plus que la dernière valorisation de l'opérateur, rapporte le journal Le Monde.

Ce lundi matin, Michel Sapin s'est également montré sceptique sur le montage financier de l"opération, qui pourrait être réalisée grâce à un emprunt auprès de la BNP Paribas. "Il faut faire attention à ne pas fonder un empire sur le sable de l'endettement", a t-il mis en garde. A ce jour, Patrick Drahi totalise une dette de 33,4 milliards de dollars, selon une note d'analyste de RBC Capital Market.