Panne massive chez Orange : des « dysfonctionnements inacceptables », Stéphane Richard convoqué

Par latribune.fr  |   |  789  mots
Orange a été vicitme d'une panne massive qui a touché un équipement chargé d'acheminer les appels a perturbé massivement l'accès aux numéros d'urgence et aux lignes fixes mercredi entre 18H et minuit. (Crédits : CHARLES PLATIAU)
Une panne chez l'opérateur des télécommunications a rendu inaccessible mercredi soir les lignes fixes et numéros d'urgence dans tout l'Hexagone. Elle pourrait avoir causé la mort de trois personnes, dans le Morbihan et à La Réunion. Rentré précipitamment dans la nuit, Gérald Darmanin convoque le PDG suite à la réunion de crise. L'idée d'un piratage informatique semble exclue.

La panne est survenue mercredi, entre 18H et minuit, sur le réseau Orange. Dans toute la France, elle a eu pour effet de rendre presque injoignables de nombreux services de secours, des numéros d'urgence et des lignes fixes. Des "dysfonctionnements graves et inacceptables" a réagi le lendemain le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, rentré précipitamment de Tunis dans la nuit. Dans la foulée de cette panne sur un équipement d'acheminement - qui pourrait avoir causé la mort de trois personnes -, le gouvernement a en effet organisé une réunion de crise. Aussi, Stéphane Richard, le PDG d'Orange est convoqué pour s'expliquer, a annoncé le ministre. Le Premier ministre Jean Castex, indique, lui, vouloir "tirer toutes les conséquences".

Dans le Morbihan, l'inaccessibilité du service a fait une victime ; une personne souffrant d'une "maladie cardiovasculaire" "serait décédée", faute d'avoir "pu joindre les services de secours à temps" à cause de cette panne, a précisé le ministre.

Une enquête administrative est ouverte et une enquête judiciaire va être demandée après le décès d'un homme de 63 ans d'un arrêt cardiaque, à l'hôpital de Vannes. "Ce patient a été conduit en voiture par sa conjointe au Centre hospitalier de Vannes au vu des difficultés constatées pour joindre les services de secours", a indiqué la préfecture du Morbihan.

"Deux autres accidents cardiovasculaires" ont eu lieu à la Réunion", a ajouté M. Darmanin, "mais je ne peux pas dire si le temps (avant l'arrivée des secours, ndlr) a été particulièrement long et s'il est imputable à ce numéro d'urgence". "Ce qui est sûr, c'est que les personnes ont témoigné qu'elles ont essayé d'appeler plusieurs fois et qu'elles n'ont pas réussi tout de suite à avoir des opérateurs", a expliqué le ministre.

La responsabilité d'Orange en question

Jeudi, sommé de s'expliquer, Orange a été contraint de s'excuser. Le PDG Stéphane Richard a choisi Twitter pour le faire.

"C'est trop tôt pour faire un bilan mais évidemment on est très préoccupés", a réagi Emmanuel Macron, en déplacement dans le Lot.

Samu, pompiers, police..., des dysfonctionnements massifs ont été signalés aux quatre coins du pays, entraînant de grosses difficultés pour les services de secours. Des numéros d'urgence alternatifs, fixes ou mobiles, ont été mis en place, et diffusés sur les réseaux sociaux par les pouvoirs publics. Le ministère de l'Intérieur a annoncé la mise en place d'une liste de numéros provisoires dans chaque département. La Sécurité civile a exhorté les usagers à ne pas surcharger les lignes et à n'appeler qu'en cas d'urgence. Bouygues Telecom et Altice, la maison-mère de SFR, ont également fait état de perturbations.

Dans l'intervalle, le réseau reste "sous surveillance", notamment avec "la montée en charge des prochaines heures". Le secrétaire d'Etat chargé du Numérique Cédric O a aussi annoncé ce retour "en urgence".

La piste d'un acte malveillant semble écartée

De source proche du dossier, on a exclu tout "piratage" informatique. "J'ai immédiatement demandé qu'une inspection soit diligentée pour connaître l'origine de cette défaillance", a précisé Gérald Darmanin. Plusieurs grandes entreprises ayant récemment été la cible de cyberattaques avec demande de rançon ("ransomwares"), le soupçon d'une action malveillante n'est en effet jamais très loin.

Le groupe brésilien JBS, numéro un mondial de la viande, a ainsi découvert dimanche que plusieurs des serveurs sur lesquels sont basés son système informatique en Amérique du Nord et en Australie étaient visés par des hackers. En mai, une autre attaque a visé Colonial Pipeline, le plus important réseau d'oléoducs de produits raffinés aux Etats-Unis, fournissant 45% des carburants de la côte est américaine.

Côté Orange, la piste malveillante semble toutefois écartée. Invité au journal télévisé de TF1, le ministre de la Santé Olivier Véran a ainsi indiqué que la panne était "manifestement due à un problème de maintenance". Cette opération "organisée par (l'opérateur) Orange aurait provoqué des pannes assez aléatoires, avec jusqu'à 30% de baisse dans certains départements", selon le ministre.

En Bourse, le titre Orange cédait 0,74%, vers 11 heures jeudi, à 10,48 euros.

(Avec AFP)