Le plan d'action était très attendu. Depuis des mois, de nombreux élus ruraux se plaignent d'une qualité de service dégradée sur le réseau cuivre, utilisé pour la téléphonie fixe et l'ADSL. Dans les campagnes, des foyers doivent parfois composer avec des pannes et dysfonctionnements sur cette infrastructure vieillissante, qui date des années 1960. La grogne a atteint un pic en décembre dernier. Dans le JDD, des élus ruraux se sont fendus d'une tribune au vitriol, accusant Orange, qui a la charge du réseau cuivre, de ne pas l'entretenir correctement.
« Comment accepter qu'en 2020 des personnes âgées soient laissées seules chez elles, sans ligne fixe, sans téléassistance, des semaines durant ? », ont-ils fusillé.
Dans la foulée, l'exécutif s'est saisi du dossier. Il a confié une « mission flash » à la députée En Marche Célia de Lavergne « pour préciser le diagnostic des dysfonctionnements et faire des propositions au gouvernement ». Un accord vient finalement d'être trouvé avec Orange. Au terme de longues négociations, l'opérateur historique s'est engagé à mettre les bouchées doubles d'une part pour garder en état de marche le réseau cuivre en attendant que la fibre soit déployée sur tout le territoire, d'autre part pour proposer des solutions temporaires aux foyers victimes de pannes, le temps d'effectuer les réparations.
« Soulager les zones en souffrance »
Le Premier ministre Jean Castex, accompagné par les ministres Cédric O (en charge du Numérique), Jacqueline Gourault (Territoires) et Joël Giraud (Ruralité) a détaillé ce plan pour « soulager les zones en souffrance » aux côtés de Stéphane Richard, le PDG d'Orange, ce vendredi, lors d'un déplacement à Aouste-sur-Sye dans la Drôme.
Primo, Orange maintient ses dépenses consacrées à la maintenance de son infrastructure historique à 500 millions d'euros par an, au moins pour l'exercice en cours. Il augmente également « la part consacrée aux opérations de maintenance préventive ». L'opérateur mise sur des « recrutements complémentaires », le « renforcement des binômes de techniciens mobilisables pour les interventions d'urgence » et « l'amélioration des outils d'intelligence artificielle » pour détecter, plus en amont, « les points de fragilité éventuels du réseau » et anticiper les dysfonctionnements.
« Renforcement ciblés »
Secundo, le leader français des télécoms annonce « des plans de renforcement ciblés du réseau », avec « des moyens humains et financiers supplémentaires ». Ceux-ci s'élèvent à 10 millions d'euros. « Une première vague de 17 plans » a été lancée le mois dernier. Il concerne 22 départements.
Tertio, Orange va maintenir jusqu'en 2023 ses offres de téléphonie relevant du « service universel ». Pour éviter que les foyers se retrouvent dépourvus de télécommunications le temps de rétablir le réseau, un service de prêt de mobile dans les 24 heures va voir le jour. En cas de « crise collective », lors d'intempéries par exemple, l'opérateur s'engage « à mettre en place, si besoin, une solution de continuité d'accès par satellite dans la mairie de la commune ». Celle-ci permettra aux habitants de bénéficier d'une borne WiFi.
« La situation est devenue intenable »
Dans un communiqué, Célia de Lavergne a salué ces annonces. « La situation est devenue intenable dans nos campagnes, mettant en danger la vie des personnes et le lien social si fondamental dans le contexte tendu que nous connaissons, a affirmé la députée. Seule une action choc d'Orange, conçue et travaillée dans la durée, avec les élus, en transparence, permettra d'apporter des solutions à nos problèmes de téléphonie fixe et plus largement d'accès aux télécommunications. » Cédric O, pour sa part, a évoqué « la responsabilité humaine de ne pas abandonner les Français qui dépendent du réseau historique ». Stéphane Richard, lui, a souligné que « la fibre et le cuivre sont des sujets collectifs ». « Ils posent la question des réseaux de demain, pour lesquels chacun doit prendre une part de responsabilité », a-t-il ajouté.
Orange précise qu'il travaille, en parallèle, avec le gouvernement pour accélérer la migration des abonnés cuivre vers la fibre quand elle est disponible. Pour rappel, l'exécutif souhaite que tous les Français bénéficient de cette technologie d'ici à 2025. Mais d'ici là, il faudra bien que le réseau cuivre, encore utilisé par 16 millions d'abonnés ADSL, tienne le coup.
Sujets les + commentés