TF1 en croisade pour faire payer les opérateurs télécoms

Par latribune.fr  |   |  558  mots
Pour décrocher la timbale, TF1 n'hésite pas à faire du chantage. Le groupe menace aujourd'hui de suspendre carrément la diffusion de ses chaînes gratuites (TF1, TMC, NT1, HD1 et LCI) si les opérateurs n'acceptent pas de partager le gâteau.
Le leader de la télévision en France souhaite que les opérateurs partagent les revenus issus de la diffusion des chaînes sur Internet, et menace de couper le signal s'ils n'acceptent pas.

TF1 durcit le ton à l'encontre des opérateurs télécoms. La semaine dernière, le leader de la télévision en France a appelé, via Gilles Pélisson, son PDG, à un "rééquilibrage" des relations avec ceux-ci. Traduction: il est grand temps, d'après lui, que les Orange, SFR et Free partagent leurs revenus issus de la diffusion des chaînes du groupe sur Internet. Lors de l'assemblée générale des actionnaires de TF1, Gilles Pélisson s'est expliqué:

"Il est légitime que les revenus [de TF1, Ndlr] dépendent non seulement de la publicité à la télévision, mais désormais aussi de l'internet (...) il n'est pas normal que l'opérateur garde cet argent."

Pour décrocher la timbale, TF1 n'hésite pas à faire du chantage. Le groupe menace aujourd'hui de suspendre carrément la diffusion de ses chaînes gratuites (TF1, TMC, NT1, HD1 et LCI) si les opérateurs n'acceptent pas de partager le gâteau. Dans un premier temps, cela concerne la diffusion des chaînes "OTT", c'est-à-dire leur visionnage via internet sur les ordinateurs et les terminaux mobiles. Mais l'arrêt pourrait être étendu ensuite aux box, si les opérateurs boudent ses revendications. Ainsi, TF1 a envoyé un ultimatum sous forme de courriers recommandés à ces derniers, ainsi qu'à Canal+, qui diffuse ses chaînes via l'appli MyCanal.

Changer de modèle économique

Pour Gilles Pélisson, ce changement de modèle économique n'a rien d'une révolution. Il argue qu'aux Etats-Unis et dans plusieurs européens - en Belgique notamment - les opérateurs rémunèrent déjà les diffuseurs pour leurs chaînes gratuites. Reste que les opérateurs, eux, ne veulent pas entendre parler d'un tel chambardement. Un porte-parole du groupe Orange estime que "le modèle actuel est équilibré".

"Les opérateurs apportent aux éditeurs de la TNT gratuite, dont TF1, une exposition maximale de leurs chaînes auprès de leurs clients, sur tous les écrans. Une exposition dont elles monétisent l'audience à leur seul bénéfice" grâce à la publicité, a-t-il souligné.

Les opérateurs soulignent aussi que TF1 bénéficie de fréquences de la TNT gratuite pour émettre en hertzien, contrairement aux opérateurs télécoms qui ont acheté leurs propres fréquences à prix d'or, et ils relèvent le coût faramineux des investissements qu'ils doivent réaliser dans les réseaux.

Risques sur les revenus publicitaires

Si les revendications de TF1 devaient rester lettre morte, c'est SFR qui serait le premier opérateur à devoir mettre un terme à la diffusion en OTT à la fin du mois. Ce qui ne manque pas de sel, puisque l'opérateur au carré rouge, propriété du milliardaire Patrick Drahi, investit aujourd'hui des sommes astronomiques dans les contenus pour remplir ses tuyaux. Au point de se positionner en sérieux rival de Canal+, notamment dans les droits sportifs.

Si Gilles pélisson se montre pour l'heure confiant vis-à-vis des négociations avec les opérateurs, TF1 n'est pas, pour certains en position de force. C'est ce qu'estime un observateur du secteur à l'AFP, remarquant que le groupe "risque de se passer de la moitié des foyers qui passent par la box". Dans cette hypothèse, TF1 prendrait le risque de voir ses revenus publicitaires dégringoler.

(avec AFP)