Vivendi va tenter une OPA sur Gameloft, Ubisoft résiste

Par Sylvain Rolland  |   |  551  mots
Vivendi veut désormais s'octroyer la totalité des actions de Gameloft au prix de 6 euros par action, soit légèrement au-dessus du cours actuel (5,47 euros).
En parallèle de résultats financiers décevants, le groupe dirigé par Vincent Bolloré a annoncé avoir franchi le seuil des 30% d’actions dans la société de jeux vidéos Gameloft. De quoi déclencher une OPA hostile.

Il fallait s'y attendre. En décembre dernier, lorsque Vivendi était monté à hauteur de 26,69% dans le capital de la société de jeux vidéo sur mobile Gameloft, le groupe avait prévenu qu'il « n'excluait pas » d'en prendre le contrôle. Quitte à provoquer la fureur des fondateurs de la société, les frères Guillemot, qui détiennent aussi Ubisoft, le numéro 1 français des jeux vidéo.

>> Lire : Vivendi tout près d'une OPA hostile sur Gameloft

Ce jeudi 18 février, Vincent Bolloré a mis sa menace à exécution. Parallèlement à l'annonce des résultats trimestriels -décevants- de Vivendi, le groupe a publié un communiqué annonçant son projet d'offre publique d'achat.

Vivendi, un empire du divertissement et des médias

Déjà premier actionnaire en capital, Vivendi veut désormais s'octroyer la totalité des actions de Gameloft. Il devrait proposer à l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) de les racheter au prix de 6 euros par action, soit légèrement au-dessus du cours actuel (5,47 euros).

Cette OPA représenterait une nouvelle accélération de la part de Vincent Bolloré. Réputé pour "mettre le feu" aux entreprises qu'il dirige, comme le montre la crise actuelle à Canal+, l'homme d'affaires veut transformer Vivendi en un véritable empire du divertissement et des médias, qui se compose à ce jour du Groupe Canal, de Dailymotion et d'Universal Music Group.

Comme l'explique Vivendi dans son communiqué, l'acquisition de Gameloft "s'intègre parfaitement dans la stratégie de développement du groupe". D'autant plus que Gameloft représente une cible particulièrement intéressante en raison de sa puissance sur le secteur en forte croissance du jeu sur mobile, et de sa présence sur tous les continents.

Ubisoft choisit le combat

Sauf refus de la part de l'Autorité des Marchés Financiers, qui va devoir examiner la conformité du projet d'OPA, les frères Guillemot devraient perdre leur combat de David contre Goliath face à Vivendi. Toutefois, ils ne comptent pas laisser Vincent Bolloré avaler leur autre pépite, Ubisoft. Vivendi détient 15% des actions du leader français du jeu vidéo, et les frères Guillemot craignent qu'il ne soit sa nouvelle cible.

Sentant le vent tourner, l'éditeur des Lapins Crétins et de la saga Assassin's Creed s'est donc lancé ce jeudi dans une danse du ventre pour convaincre ses actionnaires de ne pas céder aux sirènes de Vincent Bolloré.

A Londres, lors d'un "Investor Day", les frères Guillemot ont présenté des objectifs de croissance très ambitieux : une hausse des ventes de 60% sur trois ans pour atteindre 2,2 milliards d'euros, le triplement du résultat opérationnel, et la promesse de toucher « une partie » des 300 millions d'euros de trésorerie disponibles.

Pour atteindre ces performances, Ubisoft compte lancer de nouvelles franchises, à commencer par The Division, un jeu de rôle en ligne qui devrait donner lieu à l'un des plus gros lancements du secteur, en mars. La société compte aussi développer l'activité des produits dérivés et améliorer la fidélisation de ses joueurs.

Ces annonces ont reçu un accueil très favorable : l'action Ubisoft gagnait 11,08% en fin de journée. Reste à savoir si ce sera suffisant pour retenir durablement les actionnaires de céder leurs participations à Vivendi.