Peut-on diminuer le coût de la rentrée ?

Par Marina Torre  |   |  673  mots
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L'allocation de rentrée scolaire est versée à partir de ce vendredi. Face à la hausse du coût des fournitures scolaires, ce coup de pouce aux familles peut apparaître insuffisant. Pour y remédier, certains, comme la socialiste Ségolène Royal, proposent de bloquer les prix des fournitures scolaires, d'autres de réévaluer cette prime. Quant aux distributeurs, ils multiplient les promotions. Mais peut-on vraiment limiter ses frais au moment de la rentrée?

Les cartables ne s'allègent pas, le coût de la rentrée non plus. Il augmente même de près de 7% selon Familles de France. A quinze jours de la reprise des cours, la Caisse nationale des affaires familiales commence ce vendredi le versement de son allocation de rentrée scolaire, comme elle le fait depuis 1974. Plus de 2,8 millions de familles en bénéficient chaque année. Mais ce bonus de la rentrée est une fois de plus jugé insuffissant.

Bloquer les prix
Ainsi, Ségolène Royal proposait jeudi de bloquer le prix des fournitures scolaires considérées comme produits de première nécessité. "Une idée ridicule", juge Guillaume Nusse, patron de Clairefonfaine. Pour le papetier, "les fournitures, c'est une goutte d'eau dans le budget des familles". Ce qui pèse, selon lui, ce sont les dépenses sportives, culturelles ou plus largement, l'essence, le loyer, les abonnements. "Les gens ont sans doute le sentiment que ça leur pèse parce que c'est une dépense obligatoire au retour des vacances.", conclut le chef d'entreprise.

Le panier des essentiels
Le prix des fournitures scolaires a tout de même augmenté plus fortement que d'autres postes cette année. La papeterie voit ainsi ses prix s'envoler de 5,39 % selon les chiffres fournis par l'association Familles de France (FDF). Pour y remédier certains distributeurs proposent encore un panier de produits à prix bas. Mais le ministère de l'Education nationale s'est retiré de l'opération des "essentiels de la rentrée", lancée en 2008 avec FDF et des distributeurs.

Si le prix des fournitures augmente, en particulier la papeterie, c'est en raison de la hausse du coût de la pâte à papier pour les fabricants. En juillet 2011, la tonne de pâte à papier coûte ainsi 1004.4 dollars contre 973,7 dollars en juillet 2010 et 646,8 dollars en juillet 2009 selon l'INSEE. L'an dernier, cette hausse n'avait pas encore été répercutée sur le prix des fournitures, ce n'est plus le cas cette année.

Discount et bons d'achat
Dans ces conditions, difficile de tenir le pari d'une sélection à moins de 40 euros. Quand les magasins y parviennent, c'est au prix de la qualité, estiment certaines associations familiales comme la Confédération syndicale des familles. Brigitte Masure, secrétaire générale adjointe de cette association doute ainsi de "La provenance et des conditions de fabrication de ces produits".

Pour faire des économies sur les fournitures, restent donc les magasins discounts. Leurs coûts limités sur les transports, les loyers, la manutention permettent de vendre aussi des produits de marques moins chères. Certains proposent encore des sélections de produits à moins de 40 euros (hors calculatrice et cartable).  "Si nous nous pouvons le faire, pourquoi pas les autres?", interroge ainsi Patrice le Morvan, directeur de réseau chez Bureau Vallée.

Dans la grande distribution pour le moment, la réponse se résume à des bons d'achats. Carrefour proposera par exemple des chéquiers avec des bons de 10 euros dès 30 euros d'achat.

Réévaluer l'allocation de rentrée scolaire
Dernière solution : réévaluer l'allocation de rentrée scolaire. Le montant perçu varie selon l'âge de l'enfant depuis 2008 - un lycéen coûte en effet plus cher qu'un écolier de primaire. Cette année l'ARS s'élève à 284,97 euros pour les plus jeunes, de 6 à 10 ans, à 300,66 euros pour les enfants de 11 à 14 ans, et à 311,11 euros pour les plus âgés. Mais "dans les circonstances actuelles, il n'est pas sérieux d'envisager une hausse des allocations", concède Dominique Marcilhacy, porte-parole de l'Union des familles en Europe (UFE). Celle-ci pointe seulement l'évaluation de cette allocation, dont le plafond est indexé sur l'inflation. Pour un enfant à charge, par exemple, seules les familles justifiant d'un revenu annuel inférieur à 22.970 en 2009 y sont éligibles. Pour la représentante de l'UFE, de nombreuses familles en sont régulièrement exclues parce que leur revenu augmente légèrement. Mais le coût de la rentrée, lui, continue d'augmenter plus rapidement.