"Il arrive un moment où il faut savoir contester le prix de l'immobilier"

Par Laura Fort  |   |  409  mots
"Tous seuls, les gens ont du mal à placer leur dossier. Les courtiers arrivent davantage à faire accepter les dossiers, car ils connaissent les conditions d'octroi de crédit de chaque banque", assure Jérôme Robin, président du courtier immobilier Vousfinancer.com. Copyright Reuters
Pour Jérôme Robin, président du courtier immobilier Vousfinancer.com, les banques ne sont pas les seules responsables du resserrement de l'octroi des crédits immobiliers en ce début d'année. Le niveau de prix indécent des biens immobiliers y est aussi pour beaucoup. Entretien.

La production de crédits immobiliers a-t-elle ralenti depuis le début de l?année ?

Oui, elle ralentit de manière sensible. En tant que courtiers, nous avons vu affluer un plus grand nombre de candidats à l?emprunt qui ont été rejetés par les banques. Comme en 2008, les courtiers constatent une augmentation du nombre de dossiers traités, car les gens ont besoin d?être rassurés et surtout de trouver un financement.
Mais c?est aussi une période d?attentisme, pendant laquelle il y a moins de demandes, car les emprunteurs potentiels ne sont pas en confiance.

Pour quelles raisons les banques recalent-elles plus de dossiers ?

Les banques appliquent leurs conditions d?octroi de crédit de manière plus stricte. Des dossiers qui pouvaient passer il y a 6 ou 8 mois, sont aujourd?hui recalés.
Tous seuls, les gens ont du mal à placer leur dossier. Les courtiers arrivent davantage à faire accepter les dossiers, car ils connaissent les conditions d?octroi de crédit de chaque banque. Par ailleurs, ces dernières changent leurs politiques de souscription très souvent, ce qui complexifie la tâche pour un particulier, qui a du coup une vision du marché et des conditions d?octroi parfois obsolètes.
Mais s?il y a un ralentissement général de la production de crédits, il ne faut pas tout mettre sur le dos des banques ! Car les conditions de taux sont notamment très basses (environ 4% pour un prêt sur 20 ans), ce qui permet de s?endetter dans de bonnes conditions. Il arrive un moment où il faut savoir contester le prix de l?immobilier ! En tous cas, si vous achetez pour faire de la spéculation immobilière, ce n?est pas le meilleur moment?

Est-ce que vous croyez à la baisse des prix des biens cette année ?

Oui. Les primo-accédants sont ceux qui souffrent le plus des prix élevés, ne pouvant plus bénéficier des avantages du prêt à taux zéro (PTZ). Il faut donc bien que les prix s?ajustent. On ne peut pas tirer davantage sur la corde ! Actuellement, nous remarquons un ajustement à la baisse de 5 à 10% en province, ce qui correspond exactement aux avantages que pouvait offrir le PTZ.

Et à Paris ?

Sur le marché parisien, il y aura toujours de la demande pour les biens de qualité, donc nous n?attendons pas de baisse pour ce type d?affaires.