Les Français en mal d'un vrai produit d'épargne retraite

Par Alexandre Phalippou  |   |  410  mots
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Conscient qu'ils doivent préparer leur retraite, les Français sont prêts à épargner sur le long terme. Mais ils s'abstiennent, faute de placement attractif.

Difficile de reprocher aux Français d'avoir mal perçu l'importance de préparer sa retraite. L'Observatoire BPCE sur le comportement des épargnants, note ainsi que 79 % d'entre eux estiment la récente réforme des retraites peu ou pas rassurante pour leurs futures pensions.

Bien sûr, épargner reste le meilleur moyen de répondre à cette inquiétude. « Sans surprise, elle augmente avec l'âge lorsqu'on est locataire, alors que les propriétaires sont plus enclins à préparer leur retraite » note Alain Tourdjman, directeur études et prospective à la BPCE.

Il faut dire que dans le pays où la « pierre » est reine, les épargnants commencent par acheter leur résidence principale. Histoire de ne plus avoir de crédit ni de loyer à payer une fois à la retraite. Et ensuite ? De l'assurance-vie, et c'est à peu près tout. Les sommes récoltées par les produits d'épargne dédiés à la retraite (Perco, Perp, Madelin, Préfon...) représente à peine 5 % des encours de l'assurance-vie. Et les dépôts sur le Perp (plan d'épargne retraite populaire) atteignent, en moyenne, 700 euros par an ! « Le Perp n'a pas gagné ses galons de produit de référence, même s'il est ouvert à tous. Des produits comme le Perco ou le Madelin sont plus avantageux mais réservés à une profession ou aux salariés de certaines entreprises », détaille Alain Tourdjman. Bilan : si 48 % des sondés envisagent d'utiliser un plan d'épargne retraite individuel, seuls 20 % ont franchi le pas (voir illustration).

Car, à force de multiplier à la fois les produits (Pere, Perco, Art. 83, Art. 39, Préfon, Madelin, Perp...), et les contrats, l'épargnant finit par s'y perdre. Et préfère différer la souscription d'un tel produit, souvent bloqué jusqu'au départ en retraite. Leur rigidité constitue d'ailleurs un autre frein pour les Français. 34 % des cadres souhaiteraient par exemple pouvoir choisir entre une sortie en rente et en capital au moment de la retraite.

Une garantie d'État

Avec la crise, la crainte d'un retournement des marchés financiers, ou d'une faillite de l'établissement est aussi présente à l'esprit. D'autant que ces placements durent 30 ou 40 ans...

La solution ? « Il faudrait inventer un produit référence, avec une garantie de bonne fin apportée par l'État afin de rassurer les Français », estime Alain Tourdjman. En Allemagne, un tel plan d'épargne retraite, baptisé « W. Riester » et lancé il y a 10 ans a déjà séduit 14 millions de personnes.