Immobilier : faut-il encadrer les pratiques du BonCoin.fr et de PAP ?

Par latribune.fr  |   |  437  mots
La question de la députée PS sur l'encadrement des sites de petites annonces immobilières sera-t-elle suivie d'effets ? (Crédits : Reuters)
35% des transactions passent par les sites de petites annonces immobilières. Cette concurrence inquiète certains agents immobiliers qui se sentent désavantagés. Une députée PS a mis en forme leur préoccupation lors d’une question adressée une gouvernement.

La concurrence des sites de petites annonces préoccupe certains agents immobiliers. Ces plateformes Internet sont désormais à l'origine de 35% des transactions immobilières, au premier rang desquelles LeBonCoin.fr, dont les annonces immobilières sont consultées par 8 millions de visiteurs uniques par mois, et la plateforme De Particulier à Particulier (2 millions).

Il est somme toute normal, dans un contexte où le particulier passe dans 90% des cas par une prise de contact sur Internet, que ces sites prennent de l'ampleur. L'avantage pour un acheteur, s'il se passe d'un agent immobilier, y est clairement financier puisqu'il ne s'acquitte pas de la commission d'agence. Ces sites, qui généralisent la transaction entre particuliers, bousculent donc les habitudes des agences immobilières.

Une concurrence déloyale ?

La montée en puissance du BonCoin.fr et de PAP a fini par rendre perplexes certains agents immobiliers. L'un d'entre eux a fait remonter les inquiétudes d'une partie de la profession cette semaine à une députée socialiste, Sylviane Bulteau, qui s'est saisie du sujet. Elle a ainsi interpellé publiquement le ministre des finances Michel Sapin, mettant en avant "la concurrence que constituent certains sites d'annonces gratuites, notamment pour les professionnels de l'immobilier qui considèrent que celle-ci s'exerce de façon tout à fait déloyale, et même au détriment de l'État, en laissant s'installer un marché parallèle de l'immobilier".

Comme dans la plupart des secteurs qui voient des sites Internet révolutionner les modèles économiques, les agents immobiliers ne peuvent parfois pas lutter à armes égales face aux nouveaux arrivants. La députée PS l'a fait savoir : "Lorsqu'une transaction immobilière est réalisée par l'intermédiaire d'un professionnel, ce dernier pratique des honoraires qui sont assujettis à l'impôt (TVA). Ce qui n'est naturellement pas le cas dans le cadre d'un arrangement entre particuliers". Le manque à gagner pour l'Etat serait, à cause du seul BonCoin.fr, de 312 millions d'euros, selon la députée. Sylviane Bulteau a donc demandé au gouvernement sa position sur ce sujet, et s'il envisageait de réglementer ces nouveaux usages.

Les abus sont visés

Elle vise principalement les abus. "La vente de particulier à particulier s'est indéniablement « professionnalisée » grâce aux nouvelles technologies". Et d'ajouter sur sa page Facebook: "Internet a permis une 'professionnalisation' de ces pratiques (...) Certains particuliers sont propriétaires de plusieurs logements, les louent ou les vendent uniquement via ces sites d'annonces. (...) Ce faisant, ils agissent en agents immobiliers déguisés sans en subir les contraintes règlementaires ni en assumer les coûts." Clairement, il y a, selon elle, matière à réflexion.