Île-de-France : la région réduit la voilure sur le logement social

Par Mathias Thépot  |   |  626  mots
La présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse souhaite que la métropole du Grand Paris assume sa compétence logement.
La région Île-de-France veut que la métropole du Grand Paris finance à sa place les logements sociaux en petite couronne francilienne. Car elle en a désormais la compétence.

La région Île-de-France va réduire ses financements au parc locatif social de 30 millions d'euros en 2017. De 70 millions d'euros en 2016, le budget logement social de la région l'Île-de-France passera en effet à seulement 40 millions d'euros cette année. Cette baisse importante est en partie due à un doublon en matière de compétence territoriale : la métropole du Grand Paris (MGP), créée en 2016, a récupéré une compétence logement ce 1er janvier 2017... que la région possède aussi.

C'est pourquoi la présidente de la région Valérie Pécresse, qui a toujours été opposée à la création de la MGP, souhaite se désengager du financement du logement social sur le périmètre de la métropole du Grand Paris, c'est-à-dire Paris et 130 communes du centre de l'agglomération francilienne. Deux exceptions à ce retrait : les logements destinés aux jeunes et aux étudiants, et les logements sociaux situés dans les quartiers concernés par le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU).

Pas question pour la région de se substituer à la métropole

Quid tout de même de la compensation du désengagement de la région par la MGP, dont le budget total en 2016 n'était que de 65 millions d'euros et avoisinerait les 100 millions en 2017 ? Pourra-t-elle compenser l'action de la région sur son territoire ? Ce n'est, du reste, pas le problème de Valérie Pécresse. « L'État nous réduit la dotation globale de fonctionnement de 75 millions d'euros en 2017, et il redonne la compétence logement à la métropole », indique la présidente de la région.

Selon elle, la compensation du désengagement de la région dans le logement social est donc désormais le problème de l'État et de la MGP. En matière de logement, la région s'attelle toutefois à mettre en oeuvre sa nouvelle stratégie foncière par le biais l'Établissement public foncier d'Île-de-France (EPFIF), que Valérie Pécresse préside. Son but est « de libérer davantage de foncier disponible par une politique de cession de ses terrains à prix coûtant et d'accélérer la construction de nouveaux logements », indique Valérie Pécresse. La région indique que 23 sites sont d'ores et déjà mobilisables et sont à même de permettre la construction de près de 1.300 logements.

Pour en finir avec les ghettos ?

Mais pour justifier ses investissements dans le logement, la région élargit en fait le spectre à la politique de la ville. Ainsi elle compte engager, d'ici à 2021, 2 milliards d'euros en faveur du logement et de la politique de la ville « pour en finir avec les ghettos ». La région consacrera notamment 250 millions d'euros dans le cadre du NPNRU, qui concernera 102 quartiers en Île-de-France dont 43 sont d'intérêt régional. Et plutôt que d'axer tout sur le logement, la région investira dans ces quartiers autour de trois priorités : « la sécurité, le développement des services et commerces de proximité et de pied d'immeuble, et les équipements pour l'enfance et la jeunesse (crèches, équipements sportifs et périscolaires, etc.) ».

Pour lutter contre les ghettos et désenclaver des quartiers, la région compte également investir dans les transports. Ainsi, d'ici la fin du mandat engagé, « ce sont 86 millions d'euros qui seront consacrés au débranchement T4 à Clichy-Montfermeil  (...) En Essonne, la Région soutient le projet de Tzen4, et en Seine-Saint-Denis, elle mobilise 348 millions d'euros pour le prolongement de ligne 11 du métro à Rosny-Bois Perrier qui permettra aux habitants de Montreuil d'être à 25 minutes de Châtelet », indique Valéry Pécresse. De quoi entretenir, en partie, une dynamique d'inclusion des populations délaissées en Île-de-France.