Immobilier : l'Australie sanctionne 15 investisseurs étrangers illégaux

Par latribune.fr  |   |  572  mots
Les prix à Sydney ont grimpé de plus de 70% en seulement quatre ans, faisant de la capitale la deuxième plus chère au monde après Hong Kong.
Les prix de l'immobilier ne cessent de grimper (plus de 70% en quatre ans à Sydney!) et les Australiens sont furieux. Le sujet est devenu clé dans le débat politique, et Canberra multiplie les signes de fermeté face aux fraudeurs étrangers.

Les Australiens se plaignent de la spéculation immobilière qui a fait monter les prix en flèche, notamment à Melbourne et Sydney, et qui pénalise leur capacité à accéder à la propriété. Le site internet australien Financial Review rappelle que les prix à Sydney ont grimpé de plus de 70% en seulement quatre ans, faisant de la capitale la deuxième plus chère au monde après Hong Kong. Le sujet est devenu un enjeu clé du débat politique. Et, en décembre 2015, Canberra adoptait une loi interdisant aux investisseurs étrangers tout achat de biens immobiliers dans l'ancien ; ils doivent se cantonner au neuf, et encore, après avoir obtenu l'aval du gendarme gouvernemental, le Foreign Investment Review Board. Des amendes sont prévues pour les fraudeurs, et même des peines de prison.

Depuis, Canberra multiplie les signes de fermeté. Et le fait savoir. Ce lundi 6 février le ministre des Finances Scott Morrison a annoncé des décisions contraignant des investisseurs étrangers à vendre pour plus de 100 millions de dollars australiens (71 millions d'euros) de biens immobiliers, en l'occurrence une quinzaine de propriétés achetées illégalement.

Le gouvernement veut montrer sa détermination

Scott Morrison profitait de l'occasion pour rappeler au public que, au total, depuis mai 2016, ses services avaient obligé des investisseurs ayant enfreint les lois à vendre 61 propriétés pour une valeur de 107 millions de dollars australiens (AUD), et que 36 autres ventes faisaient l'objet d'une enquête.

"Le gouvernement est déterminé à mettre en oeuvre les lois afin que les étrangers possédant illégalement des biens immobiliers en Australie soient identifiés et renoncent à ces propriétés", a-t-il dit.

L'appétit des Chinois dans le collimateur

Mais certains s'inquiètent d'une autre conséquence de la spéculation actuelle : le risque d'une bulle immobilière gonflée notamment par les achats massifs de richissimes investisseurs étrangers, notamment chinois. Si on compte pas moins de sept nationalités (Allemagne, Chine, Inde, Indonésie, Iran, Malaisie, Royaume-Uni) parmi les ressortissants acquéreurs des 15 biens immobiliers incriminés aujourd'hui, ce sont les Chinois qui dominent dans la liste des contrevenants, devant des Britanniques, des Malaisiens et des Indonésiens.

Plus-values confisquées, amendes plus lourdes pour les pros

Les étrangers achetant illégalement un bien immobilier en Australie sont passibles de trois ans d'emprisonnement et 135.350 dollars australiens d'amende. Mais les entreprises étrangères encourent une amende de 675.000 dollars australiens. En outre, les plus-values réalisées sur les ventes forcées sont en outre confisquées. Parallèlement, le contrôle des investissements étrangers dans le foncier agricole a également été resserré.

Une affaire montée en épingle ?

Pour Charles Pittar, responsable du site Juwai.com, qui oriente les investisseurs chinois, toute cette affaire est montée en épingle, explique-t-il au site Financial Review :

"La Commission d'examen des investissements étrangers (Foreign Investment Review Board) a donné son accord pour l'équivalent de 343 milliards de dollars australiens d'achats étrangers et n'a demandé des "désinvestissements" que pour un total de 140 millions de dollars australiens."

Industrie : les rachats d'entreprises inquiètent aussi l'opinion publique

Le gouvernement exerce aussi depuis mars 2015 un contrôle accru des investissements étrangers dans les entreprises australiennes en raison des inquiétudes de son opinion publique face à l'appétit chinois, et une polémique née de l'octroi au groupe chinois Landbridge, pour 99 ans, de la gestion du port de Darwin (nord).

(Avec AFP)