Préparer sa retraite, les Français n'y pensent pas, à tort

Par Rachel Montero  |   |  1042  mots
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Les ménages français sont peu ou mal préparés à la retraite. Pourtant, de nombreuses solutions existent, comme l'immobilier locatif ou les produits spécifiques d'épargne retraite. Des solutions qu'il faut mettre en place suffisamment tôt pour qu'elles puissent compenser la perte de revenus au moment de la cessation d'activité.

La deuxième conférence sociale convoquée par le Premier ministre pour le mois de juillet devrait être l'occasion de lancer les bases d'une nouvelle réforme des retraites. Les pistes évoquées à ce propos sont assez classiques : allonger la durée de cotisations et/ou les augmenter, ou encore diminuer d'une façon ou d'une autre les pensions. Mais, quelle que soit l'orientation retenue, elle aura pour conséquence une baisse des taux de remplacement.

Déjà, ces derniers sont bien inférieurs à ceux qui sont anticipés par les ménages français. Ces derniers tablent en effet sur une baisse de leur revenu à la retraite comprise dans une fourchette entre 20 et 30% de leur dernier salaire. Un niveau bien au-dessus de la réalité. Pour les cadres par exemple, les taux de remplacement sont plutôt proches de 50 %. Or cette surestimation se traduit par une absence de préparation des ménages à cette échéance. Selon une enquête publiée par HSBC au mois de février dernier, 59% des Français n'épargnent pas pour préparer leur retraite...

Le choix pertinent de l'immobilier

Pourtant, dès lors que le budget peut le permettre, de nombreuses solutions existent, qu'elles soient ou non dédiées spécifiquement à la retraite. Parmi ces outils, l'un des plus intéressants est l'immobilier. Il est d'ailleurs plébiscité par les ménages qui misent souvent exclusivement sur cette classe d'actifs. « Pour préparer leur retraite, la priorité des ménages est d'acquérir leur résidence principale, cette démarche est pertinente car elle réduit les revenus complémentaires nécessaires pour maintenir leur niveau de vie [après la cessation d'activité, ndlr] », précise Vincent Dupin, responsable du département des techniques patrimoniales à l'UFF.

L'immobilier peut également servir à se constituer une rente. « Le plus efficace pour se préparer à la retraite est d'investir dans l'immobilier locatifcar il permet de se constituer un capital avec un effort d'épargne réduit. Les particuliers peuvent recourir au crédit tandis que les loyers perçus peuvent être utilisés pour le rembourser », précise Marie Perardelle, directrice ingénierie patrimoniale chez Primonial.

Dans le contexte actuel de taux d'intérêt bas, l'équation devient très favorable aux épargnants et cela d'autant plus que de nombreux investissements peuvent être défiscalisés.

Le dispositif Duflot permet, sous certaines conditions comme la modération des loyers, de bénéficier d'une réduction d'impôt de 18 % du prix d'acquisition du bien étalée sur neuf ans. Autre possibilité : un bien loué en meublé non professionnel peut être amorti, ce qui permet de réduire les revenus imposables. Cependant, pour optimiser cet investissement, des conditions sont requises notamment en termes de localisation, l'emplacement déterminant la faculté du propriétaire à revendre facilement son bien.

Malgré toutes ses qualités, l'immobilier ne doit pas être le seul actif utilisé, le maître mot en matière de préparation à la retraite étant la diversification. « Il faut diversifier les supports d'investissement car il existe une grande incertitude quant à l'évolution à moyen et long termes de la fiscalité du capital comme des revenus », indique Vincent Dupin.


Assurance-vie, PERP, PERCO... Diversifiez !

Après l'immobilier, le second réflexe doit être de s'intéresser à l'assurance-vie. Mais si cette enveloppe est intéressante d'un point de vue fiscal et pour transmettre son patrimoine, les particuliers s'orientent souvent vers des contrats en euros avec une faible rentabilité. « Pour générer du rendement dans une optique de long terme, il faut investir régulièrement sur les actifs risqués, à savoir les actions, et sécuriser progressivement son portefeuille en augmentant la part investie dans le monétaire et les produits de taux », affirme Jérôme Dedeyan, président de Debory-Eres. Cette stratégie d'investissement peut et doit être mise en oeuvre avec l'aide d'un conseiller financier.

Elle est aussi proposée dans le cadre des produits dédiés à la retraite comme le Perp ou encore le Perco. Ces produits viennent utilement compléter l'arsenal d'un futur retraité.

Si le Perp est accessible à tous les épargnants au sein de n'importe quel établissement financier, les autres produits retraite sont catégoriels ou proposés par les entreprises. Le Madelin est ainsi dédié aux travailleurs non salariés tandis que le Préfon l'est aux fonctionnaires. Ces produits rencontrent actuellement un grand intérêt auprès du public car ils donnent lieu à des déductions fiscales importantes à l'entrée et ne sont pas dans le plafond des niches fiscales. À ce titre, un entrepreneur individuel, par exemple, pouvait déduire en 2012 jusqu'à 67288 euros de son revenu professionnel imposable. Les salariés - dans une proportion encore réduite - ont eux accès au Perco ou contrat dit « Article 83 ».

Ces produits sont intéressants car ils peuvent être abondés par les entreprises et donnent lieu à une rente défiscalisée.

A 40 ans, c'est bien... A 50, c'est un peu tard...

Quelle que soit la (ou les) solution retenue, il est impératif de commencer à épargner tôt. « Dès 40 ans, il faut commencer à investir de façon diversifiée afin de se constituer un complément retraite. À 50 ans, quand la plupart des épargnants commencent à le faire, c'est un peu tard, d'autant plus s'ils ont des enfants en âge d'entreprendre des études supérieures qui mobilisent en grande partie leur capacité d'épargne », prévient Vincent Dupin. L'effort d'épargne est ainsi proportionnel à sa durée. « Nous estimons que pour obtenir une rente de 1000 euros par mois à partir de 65 ans, si l'effort d'épargne commence à 55 ans, il doit être de 1200 euros par mois, il ne sera que de 360 euros par mois pour un épargnant qui a 40 ans. Il peut être ainsi divisé par quatre en s'y prenant tôt », prévient Marie Perardelle.

Et cela est d'autant plus nécessaire que le capital à constituer pour obtenir un complément de retraite suffisant est important. L'encours moyen des contrats Madelin, par exemple, est actuellement de 20000 euros, ce qui permet d'obtenir une rente de 50 euros par mois, il devrait être de 80000 euros pour générer une rente de 400 euros par mois ! Des efforts soutenus et à long terme sont donc nécessaires.