Jean Sarkozy, impôts, Clearstream : le président s'explique

Par latribune.fr  |   |  1501  mots
Alors que la polémique enfle sur la possible arrivée de son fils à la tête de l'Epad, que certaines voix s'élèvent au sein de la majorité sur la fiscalité et que le procès Clearstream se poursuit, Nicolas Sarkozy a tenu à s'exprimer publiquement.

Nicolas Sarkozy a tenu à réagir publiquement dans un entretien à paraitre ce vendredi dans "Le Figaro" aux récentes polémiques qui secouent son gouvernement et sa majorité. De la candidature de son fils à la tête de l'Epad (Etablissement public d'aménagement de la Défense) à sa politique fiscale (taxe carbone, bouclier fiscal, hausse d'impôts...), en passant par l'affaire Clearstream et par le grand emprunt, le chef de l'Etat s'explique.

Arrivée de Jean Sarkozy à la tête de l'Epad

"Y a-t-il un âge pour être compétent ? Je souhaite le rajeunissement de nos élites politiques qui ont bien vieilli", a-t-il expliqué alors que son fils, 23 ans, brigue la direction de l'Epad, qui gère le plus grand quartier d'affaires d'Europe. Une arrivée possible qui suscite la polémique. "J'ai été le premier surpris lorsque Jean a voulu se lancer en politique. Mais il m'a impressionné par sa ténacité, il travaille énormément et fait face avec beaucoup de courage à la dureté et à la brutalité des attaques. J'ajoute qu'il faut avoir 21 ans pour être candidat à l'élection cantonale. Il a réussi. Une fois élu il n'a pas plus de droit qu'un autre mais pas moins non plus."

Les 45 conseillers généraux ont "tous le droit de postuler à un poste d'administrateur à l'Epad. Sauf un ! Et pourquoi ne peut-il pas ? Parce qu'il est mon fils", rappelle-t-il. "C'est une élection, il ne s'agit donc pas de népotisme. A travers cette polémique, qui est visé ? Ce n'est pas mon fils. C'est moi. Ceux qui ne se sont jamais faits à mon élection et qui n'ont rien à dire sur le fond essayent d'attaquer sur tous les sujets avec une mauvaise foi et une méchanceté qui ne trompera pas les Français".

Hausses d'impôts, bouclier fiscal, niches fiscales

"Je n'ai pas été élu pour augmenter les impôts et je ne les augmenterai donc pas. Nous avons fait ce choix déterminé pour rompre avec une politique menée depuis vingt ans et qui a conduit à détruire des emplois en handicapant la compétitivité de notre économie. Je ne toucherai pas au bouclier fiscal car je crois au principe selon lequel on ne peut prendre à quelqu'un plus de la moitié de ce qu'il gagne", a-t-il avancé. Mercredi, le président UMP de la commission des Lois de l'Assemblée nationale, Jean-Luc Warsmann, a proposé dans un rapport de retirer la CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale) du dispositif. "Si on laisse passer une exception, comme par exemple la CSG, ce n'est plus un bouclier. S'agissant des niches fiscales, nous verrons au cas par cas. Certaines peuvent être modifiées. Dans l'immobilier, par exemple, il n'y aura plus d'avantage fiscal si l'immeuble concerné n'est pas labellisé basse consommation."

Taxe carbone

"Les Français ont compris que l'environnement pèse sur la santé publique, c'est donc une priorité pour notre avenir. Il y a urgence à agir pour modifier nos comportements : produire propre et consommer propre", estime-t-il alors que la taxe carbone est très majoritairement rejetée par l'opinion publique. "Cette taxe sera intégralement remboursée aux ménages à l'euro près dès février prochain. Pourquoi la France sera-t-elle écoutée à Copenhague ? Parce qu'elle a été à l'initiative. Nous allons entraîner le monde entier à prendre des engagements pour protéger l'avenir de la planète. Par ailleurs, nous obtiendrons la taxe carbone aux frontières de l'Europe. Ainsi, enfin, les importations financeront notre modèle social."

Taxe professionnelle

"La taxe professionnelle était dénoncée de toutes parts comme un 'impôt imbécile', qui taxait les investissements des entreprises. Cela a conduit à des délocalisations désastreuses, qui ont ravagé nos régions. La France doit rester une terre de production et d'industrie. Nous devons garder, préserver, défendre nos emplois. Pour cela, il faut supprimer la taxe professionnelle qui n'existe nulle part ailleurs en Europe", justifie-t-il. "C'est une réforme difficile, qui suscite des inquiétudes dans les collectivités, mais elle est nécessaire. Une négociation s'est engagée avec les élus et je suis sûr que nous allons trouver des solutions. Mais, au même titre que l'Etat diminue ses effectifs, il va falloir que les collectivités corrigent des mauvaises habitudes : l'an dernier, leurs effectifs ont augmenté de 36 000 personnes, alors qu'aucun domaine de compétence nouveau ne leur a été transféré," a-t-il poursuivi alors que de nombreux élus locaux, même au sein de la majorité présidentielle, dénonce le projet de loi qui menace selon eux le financement des collectivités locales.

Sécurité sociale

Le déficit de 30 milliards d'euros que devrait enregistrer la Sécurité sociale l'an prochain est "imputable pour les trois quarts à la baisse conjoncturelle des recettes liées à la crise, la réponse est donc dans le retour de la croissance", estime Nicolas Sarkozy. "Par ailleurs, nous avons pris des mesures d'économies supplémentaires comme la hausse du forfait hospitalier de 16 à 18 euros. Je note que la plupart de ces mesures ont été proposées au gouvernement par les conseils des caisses gérant les différents régimes c'est-à-dire les partenaires sociaux. Ainsi, ils font preuve d'un grand sens des responsabilités."

Régime des retraites

"Nous ouvrirons le débat sans aucun tabou, je dis bien sans aucun tabou", a-t-il lancé sans préciser s'il était prêt à revenir sur la retraite à 60 ans. "Il sera lancé en 2010 et nous prendrons les décisions à la fin 2010. Je ne souhaite pas prendre position avant ce grand rendez-vous, où chacun s'exprimera sans aucune idée préconçue. Mais je dis aux Français que je n'éluderai pas mes responsabilités. Je garantirai la pérennité de notre modèle social."

Procès Clearstream

"Ce que je voulais, c'est que la vérité éclate. Elle est en train d'éclater. Le mieux à faire est de laisser se dérouler ce procès, de faire confiance à la justice et de s'abstenir de tout commentaire. J'aurais été mieux inspiré de le faire dès le début", concède Nicolas Sarkozy. Interrogé lors de son entretien précédant le G20 de Pittsburgh, il avait alors employé le terme "coupables" à propos des prévenus, dont Dominique de Villepin, jugé pour "complicité de dénonciation calomnieuse" notamment. L'ancien Premier ministre se dit innocent et estime que le procès résulte d'un acharnement du chef de l'Etat pour l'éliminer de la vie politique.

Grand emprunt

"Un pays en crise a tendance à se replier sur lui-même. La France, qui sacrifie depuis trop longtemps l'investissement au profit des dépenses de fonctionnement, a besoin de projets porteurs d'avenir. Il nous faut avoir les meilleures universités du monde: encore faut-il leur donner les fonds propres nécessaires pour attirer les meilleurs. Même chose pour les PME. Seulement 400 indépendantes sont exportatrices, faute de fonds propres suffisants. Il faut impérativement y remédier."

"Par ailleurs, pourquoi ne pas mettre en œuvre un grand programme sur les énergies renouvelables, à l'image de celui qui a fait le succès du nucléaire français ? Pourquoi ne pas lancer un grand programme de recherche sur la dégénérescence des cellules, à l'origine de maladies comme le cancer, le sida ou Alzheimer, en associant public et privé ? Pourquoi, alors que les Chinois préparent des concurrents d'Airbus, ne pas travailler sur l'avion du futur ? C'est tout l'objet des réflexions autour de cet emprunt et j'attends beaucoup des travaux de la Commission Juppé-Rocard."

Affaire Frédéric Mitterand

Il "n'a jamais fait l'apologie du tourisme sexuel et il l'a même condamné en termes très forts. Il ne faut pas confondre confessions intimes avec prosélytisme. Le livre est intitulé La Mauvaise Vie, c'est assez clair", estime le président qui a assuré de son soutien son ministre de la Culture. "Je ne laisserai donc personne assimiler homosexualité et pédophilie. C'est un retour au Moyen-Age qui fait honte à ceux qui ont employé cet argument. Quand je vois le porte-parole du PS, emboîter le pas à Marine Le Pen et avec quel enthousiasme ! Je me demande où sont passées les valeurs humanistes de ce grand parti républicain".

Cagnotte scolaire

"Je veux dire ma grande réticence à envisager une récompense financière pour les élèves qui renonceraient à l'absentéisme. Je ne peux accepter qu'on puisse récompenser des élèves simplement parce qu'ils vont à l'école", a déclaré le chef de l'Etat alors que l'académie de Créteil expérimente ce dispositif en récompensant l'assiduité des élèves dans trois lycées professionnels par le financement de projets de groupe pouvant aller jusqu'à 10.000 euros par an. "En revanche je partage l'idée de Martin Hirsch de valoriser et de récompenser ceux qui font plus que leur devoir. Le mérite doit être encouragé, le non respect de la règle doit être sanctionné."