L'Insee confirme les inégalités géographiques en matière d'accès aux soins

Par Fabien Piliu  |   |  491  mots
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Selon une étude de l'Institut, un certain nombre de zones rurales ne sont pas assez autonomes dans le domaine de la santé.

En terme technique, on les appelle les territoires « à flux sortants » ! Concrètement, ce sont les zones qui attirent peu les patients résidant hors du territoire et surtout, ont un faible degré d'autonomie. Faute de lits disponibles, en raison également d'un nombre insuffisant de spécialités médicales présentes sur le territoire, les patients doivent aller se faire soigner loin de leur domicile.

Au total, seize territoires ruraux se caractérisent par un temps d'accès médian supérieur ou égal à 30 minutes. C'est le cas par exemple de la Corse, des Deux-Sèvres, de la Dordogne, de l'Ariège, du Lot, de l'Indre et de la Lozère.

Plus de 40 minutes pour aller à l'hôpital si l'on habite dans le Gers et les Alpes de Haute-Provence

« Pour deux territoires, le Gers et les Alpes-de-Haute-Provence, le temps médian nécessaire aux patients pour se rendre à l'hôpital est même supérieur à 40 minutes », explique le pôle Etude territoriale de l'Insee. A titre de comparaison, pour l'ensemble de la France, toutes spécialités confondues, le temps d'accès médian à un établissement de santé est de 21 minutes, mais il s'échelonne de 9 à 42 minutes selon le territoire de santé.

Dans 26 des 106 territoires de France, le temps médian est inférieur à 20 minutes. Parmi ceux-ci figurent notamment
les Alpes-Maritimes, Paris et les autres territoires d'Île-de-France , à l'exception de la Seine-et-Marne, Strasbourg, Le Havre, une partie de la région Nord - Pas-de-Calais ou encore les DOM.

La marche arrière de l'Etat

Ces statistiques confirment le constat récemment réalisé par l'Ordre national des médecins, notamment dans la région Centre. Avec 0,85 médecin généraliste libéral pour 1.000 habitants, contre 1,11 au niveau national, le Centre est la région la plus mal lotie de France en terme d'accès à la médecine de ville. Cette situation pourrait s'aggraver dans les prochaines années estime une étude récente de la Direction de la recherche des études, de l'évaluation et des statistiques (DRESS), les services statistiques des ministères sanitaires et sociaux.

Selon la DRESS, le nombre de médecins devrait chuter avec 188.000 praticiens en exercice d'ici à 2019, soit 10 % de moins qu'en 2006. Elle anticipe également une diminution de 25,1 % du nombre de médecins exerçant en zone rurale et de 10,5 % dans les zones périurbaines d'ici à 2030.

Ces écarts dans l'accès aux soins médicaux donnent du grain à moudre à ceux qui regrettent régulièrement l'insuffisante action de l'Etat pour lutter contre les déserts médicaux. Si la loi hôpital, patients, santé et territoire (HPST) du 21 juillet 2009 comportait plusieurs mesures contraignantes destinées à assurer l'accès aux soins dans les zones surtout rurales, le Parlement français les a supprimé en juillet 2011. La loi HPST prévoyait notamment une amende de 3.000 euros pour les médecins qui, installés en zone surmédicalisée, refuseraient d'aider des confrères des zones sous-médicalisées