Hollande prépare un "choc de moralité" pour répondre à l'affaire Cahuzac

Par latribune.fr, avec AFP  |   |  716  mots
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François Hollande pourrait annoncer dés cette semaine des mesures choc pour moraliser la vie politique et tenter de sortir du scandale Cahuzac qui jette la suspicion sur tout le personnel politique.Selon un sondage OpinionWay pour LCI/Le Figaro, 77% d'entre eux pensent que la classe politique est corrompu.

Après le choc de compétitivité, le choc de simplification, voici venir le "choc de moralité". Pressé de toutes parts de prendre une initiative forte après le séisme de l'affaire Cahuzac, François Hollande prépare activement des mesures choc de moralisation de la vie politique pour tenter de sortir par le haut du premier scandale de son quinquennat. Un scandale qui pourrait prendre une plus grande ampleur, alors que la télévision publique helvétique (RTS) a assuré dimanche que l'ex-ministre délégué au Budget avait cherché à placer 15 millions d'euros en Suisse en 2009.

Hormis son déplacement de quelques heures samedi dans son fief de Tulle, le président de la République a passé le week-end à travailler et à consulter tous azimuts, en contact étroit avec les équipes de Matignon et du ministre chargé des Relations avec le Parlement Alain Vidalies.

Objectif, élaborer le plus rapidement possible un projet de loi sur la base des mesures qu'il avait annoncées mercredi au lendemain de la mise en examen de son ex-ministre du Budget : réforme du Conseil supérieur de la magistrature pour "renforcer l'indépendance de la justice", lutte "impitoyable" contre les conflits entre intérêts publics et privés avec la "publication et le contrôle" du patrimoine des ministres et parlementaires, "interdiction de tout mandat public" pour les élus condamnés pénalement pour fraude fiscale et corruption.

"L'idée c'est de sortir un texte de loi très fort pour juguler" la crise provoquée par cette affaire, affirmait dimanche l'Elysée indiquant sans plus de précisions que "plusieurs pistes sont à l'étude". Le ministre en charge des relations avec le Parlement, Aidalies, préparait un texte pour l'été suite à la commission Jospin mais le calendrier a été accéléré par l'affaire Cahuzac et les mesures vont devoir être nettement durcies par rapport aux intentions de départ.

"On n'est pas en cellule de crise du matin au soir" mais "le président est déterminé à ce que des mesures radicales soient prises rapidement", précisait un conseiller du chef de l'Etat à l'AFP.

A Matignon, "tout le monde est à fond pour produire un texte le plus rapidement possible", indiquait un autre conseiller sans être en mesure de préciser si le texte pourrait être présenté dès cette semaine. "Je peux vous dire que ce que je suis en train de préparer sera d'une très grande fermeté", avait annoncé le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, vendredi lors d'un déplacement en Allemagne.

Les propositions vont bon train dans la majorité pour tenter de réparer les dégâts de l'affaire Cahuzac. Parfois dans la cacophonie. Ainsi le premier secrétaire du Parti socialiste Harlem Désir a proposé vendredi un référendum pour moraliser la vie politique, mais une de ses porte-parole, Frédérique Espagnac a elle jugé que le Parlement avait déjà "les instruments" pour le faire.

L'aile gauche de la majorité et les écologistes continuent eux d' être très sévères sur les responsabilités de l'exécutif alors que, selon un sondage, paru dimanche 60% des Français sont favorables à un remaniement du gouvernement et que dans un autre paru vendredi plus des deux tiers d'entre eux pensent que l'affaire Cahuzac va profiter au FN.

Dans l'entourage du chef de l'Etat, certains voient mal comment sortir de l'impasse. "Ce ne sont pas les mesures de moralisation qui vont changer quoi que ce soit. La population a été ébranlée dans ses profondeurs, il y a aujourd'hui une rupture de confiance avec le monde politique", affirme ainsi un de ses conseillers.

Le choc est d'autant plus grand que le contraste est saisissant avec les déclarations de campagne de François Hollande. En particulier celles du grand meeting du Bourget le 22 janvier où il proclamait "j'aime les gens quand d'autres sont fascinés par l'argent", faisant du monde de la finance son "adversaire".

Alors que le chef de l'exécutif est passé en dessous de la barre des 30% dans deux récentes enquêtes d'opinion, son deuxième déplacement de 48 heures, qui était prévu cette semaine dans l'Ardèche et la Drôme, est remis "à plus tard", a indiqué l'Elysée.