L'austérité en vedette des défilés du 1er mai, de la France au Bangladesh, en passant par l'Italie et Chypre

Par Christine Lejoux, avec AFP et Reuters  |   |  811  mots
les défilés du 1er mai 2013 se dérouleront en ordre dispersé pour la CGT et la CFDT, dont les opinions au sujet du projet de loi de sécurisation de l'emploi divergent. Copyright Reuters
Les défilés du 1er mai seront l'occasion de dénoncer les politiques d'austérité en Europe, et les oubliés de la croissance en Asie.

Le 1er mai, fête du travail. Mais de quel travail ? Celui que l'on vient de perdre ? Celui dont on risque de se voir privé dans quelques mois ? C'est dans le contexte d'un nombre record de chômeurs en France que les syndicats organisent aujourd'hui les traditionnels défilés du 1er mai. "Solidarité internationale et paix dans le monde. Refus de l'austérité et de la précarité pour une véritable sécurité de l'emploi", plaide ainsi la banderole derrière laquelle marchent en première ligne le secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon, et la secrétaire générale de la FSU, Bernadette Groison, qui mènent le cortège syndical parisien, lequel a démarré vers 15h30 de la place de la Bastille.

"Pour nous c'est une fête de solidarité internationale pour l'ensemble des travailleurs du monde. On va vers une semaine d'action début juin. Il y a un profond mécontentement, il faut qu'il s'exprime", a déclaré Thierry Lepaon, avant que le cortège ne s'ébranle. "Nous avons adressé une lettre ouverte au gouvernement pour lui rappeler le décalage en un an entre les annonces faites et les mesures prises", a ajouté le responsable CGT. Selon lui, entre 120.000 et 150.000 personnes manifestent dans le pays. "Ce 1er mai n'a jamais aussi bien porté son nom, on est à un tournant parce qu'aujourd'hui, il s'agit de peser sur les choix que doit faire le gouvernement. Il faut sortir de cette logique d'austérité", a plaidé pour sa part Bernadette Groison.

La lutte contre le chômage, mot d'ordre des défilés en Europe

Ailleurs en Europe, et particulièrement en Espagne, en Italie et à Chypre, le refus de l'austérité et la lutte contre le chômage sont également les principaux mots d'ordre des célébrations du 1er mai. "6.200.000 chômeurs, non à l'austérité", "Plus de démocratie, moins d'austérité", "Cette austérité ruine et tue", proclament les pancartes brandies par les manifestant à Madrid, dans une Espagne où plus du quart de la population active est au chômage. Le pays est soumis depuis 2012 à un plan d'austérité inspiré par les institutions européennes, afin de redresser ses comptes publics, plan qui prévoit 150 milliards d'euros d'économies d'ici à la fin 2014. Mais cette politique d'austérité a contribué à creuser la récession, avec un recul du PIB de 1,3% attendu en 2013, tandis que le chômage ne devrait pas redescendre sous la barre des 25% avant 2016, selon les prévisions actuelles du gouvernement.

En Grèce, les manifestations anti-austérité de la fête du Travail en Grèce ont rassemblé quelque 13.000 personnes à Athènes et Thessalonique, selon la police. Traversant sa sixième année de récession consécutive, la Grèce, première victime de crise de la dette en 2010, a subi des coupes drastiques dans les salaires et retraites et s'apprête à renvoyer quelque 15.000 fonctionnaires, à la suite d'un accord avec ses créanciers UE et FMI. Enfin, en Italie, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les grandes villes pour réclamer une action du nouveau gouvernement d'Enrico Letta contre le chômage, qui atteint 11,5% de la population active et 40% parmi les jeunes, la fin des politiques d'austérité et la lutte contre l'évasion fiscale.

En Asie, les oubliés de la croissance

Mais, décalage horaire oblige, c'est l'Asie qui a donné le coup d'envoi des défilés du 1er mai, placés sous le sceau des oubliés de la croissance. Comme au Bangladesh, où les ouvriers du textile travaillent dans des conditions misérables pour les firmes occidentales. Des dizaines de milliers de manifestants en colère ont réclamé justice après la mort, voici une semaine, de plus de 400 ouvriers dans l'effondrement d'un immeuble abritant des ateliers de confection.

Au Cambodge, les travailleurs ont marché vers le Parlement pour remettre une pétition demandant une hausse du salaire minimum, à 150 dollars par mois, dans les fabriques d'habillement. A Jakarta, environ 55.000 personnes se sont rassemblées, selon la police, un record pour le 1er mai depuis des années, et plusieurs milliers ont fait de même aux Philippines, militant pour une meilleure redistribution des fruits de la croissance. "A bas les privatisations et la sous-traitance", scandaient les manifestants, qui réclament une revalorisation de 3 dollars du salaire minimum, aujourd'hui fixé à 11 dollars.

Même à Hong Kong, l'un des grands centres financiers de la planète, 5.000 personnes ont défilé par solidarité avec les dockers en grève, ont indiqué leurs syndicats. Enfin, à Istanbul, où les autorités avaient interdit tout rassemblement en raison de travaux de rénovation en cours sur une place emblématique, des heurts se sont produits entre la police anti-émeute et des dizaines de manifestants, a rapporté un journaliste de l'AFP.