Après l'accord sur l'union bancaire, les Européens peinent à avancer vers davantage d'intégration

Par latribune.fr  |   |  885  mots
La chancleière allemande Angela Merkel a déclaré vendredi 20 décembre que son pays ne financerait pas "rétroactivement" l'opération française en Centrafrique, et qu'il fallait "encore discuter" du soutien que pourrait apporter l'Union européenne à cette intervention. REUTERS.
Les sujets de la défense et des contrats de compétitivité, discutés lors du Sommet européen de jeudi et de vendredi, ont mis en exergue de nombreuses dissensions entre les différents pays de l'Union européenne.

 Si les dirigeants européens n'ont pas tari d'éloges au sujet de l'accord trouvé mercredi sur l'union bancaire, les thématiques de la défense et des contrats de compétitivité, discutées lors du Sommet européen de jeudi et de vendredi, ont en revanche mis en exergue leurs dissensions. Seul le tiède accord sur l'Ukraine a semblé faire l'unanimité.

 -La Défense :

La chancelière allemande, Angela Merkel, a plaidé pour une plus grande coopération entre Européens, notamment en matière de défense, un sujet qui n'avait pas été au menu d'un sommet européen depuis cinq ans. "L'Europe pourrait travailler de manière beaucoup plus étroitement coordonnée", a-t-elle déclaré, en évoquant une "mise en commun" dans les équipements. Le président français, François Hollande, a souhaité des "résultats", en plaidant pour un accord de coopération dans "le drone de nouvelle génération, qui pourrait être justement l'une des réalisations de l'Europe".

Mais le Premier ministre britannique, David Cameron, a sèchement confirmé que Londres bloquerait toute initiative allant dans le sens d'une véritable défense européenne. "Il est sensé pour les nations de coopérer dans le domaine de la défense afin d'assurer notre sécurité. Mais il n'est pas bon pour l'UE de se doter de capacités communes, d'armées, de moyens aériens et du reste", a-t-il affirmé.

-La Centrafrique :

La France a obtenu un timide engagement des autres pays européens en Centrafrique, où l'Union européenne (UE) pourrait lancer en 2014 une mission de soutien, sans pour autant financer directement l'opération française. Ce soutien politique a été formalisé par le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, qui a affirmé que l'intervention des 1.600 soldats français à Bangui avait "permis d'éviter le désastre d'une guerre civile, voire même peut-être un génocide".

Les différentes options devront être mises sur la table par la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, qui les présentera aux ministres des Affaires étrangères lors de leur prochaine réunion mensuelle, prévue le 20 janvier à Bruxelles. En attendant, les pays européens devraient se contenter d'aider la France avec un soutien logistique, sous la forme de mise à disposition d'avions gros porteurs.

L'activisme de M. Hollande sur la Centrafrique a, semble-t-il, irrité certains de ses homologues, selon des sources diplomatiques. "Quand on lance une telle opération, il est important qu'on puisse se mettre d'accord avant. On ne peut envoyer l'addition après", a ainsi déclaré le chancelier autrichien, Werner Faymann. Plus diplomate, l'Allemande Angela Merkel a déclaré que son pays ne financerait pas "rétroactivement" l'opération française et qu'il fallait "encore discuter" du soutien que pourrait apporter l'UE.

 -Les contrats de compétitivité :

L'idée de contrats, par lesquels les Etats de l'Union européenne s'engageraient à effectuer des réformes structurelles en échange d'un soutien financier, a buté lors du Conseil européen de Bruxelles sur les réticences de nombreux pays. Ces "partenariats pour la croissance, l'emploi et la compétitivité", prônés par Berlin mais considérés avec prudence par d'autres, dont Paris, sont au coeur du débat sur l'approfondissement de l'union économique et monétaire (UEM).

"Le problème, c'est qui apporte les soutiens financiers, et comme cette question n'est pas pour l'instant réglée, il y a une interrogation", a expliqué jeudi soir François Hollande lors d'une conférence de presse en marge du Conseil européen. En tout état de cause, ces soutiens ne peuvent être financés par le budget européen, ni par une éventuelle "capacité budgétaire" dont serait dotée la zone euro, dans la mesure où ces arrangements concerneraient potentiellement toute l'UE, a fait valoir le président français.

Il a estimé que la Banque européenne d'investissement pourrait jouer un rôle d'accompagnement. Mais il se dit surtout favorable, comme le président du Conseil italien Enrico Letta, à la possibilité de recourir à l'emprunt, ce qu'il appelle une "capacité financière". Le Conseil européen a renvoyé à octobre 2014 la poursuite des discussions au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement, au lieu de juin comme initialement prévu.

 -L'Ukraine :

L'Union européenne reste disposée à signer un accord d'association avec l'Ukraine, a déclaré vendredi le Conseil européen, qui a cependant lancé un appel à la retenue et au respect des droits de l'homme et des libertés dans ce pays. Le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, a préféré au dernier moment, le 21 novembre, se rapprocher de la Russie plutôt que de signer cet accord, ce qui a déclenché un vaste mouvement de contestation de son pouvoir.

Dans les conclusions de sa réunion de jeudi et de vendredi à Bruxelles, le Conseil européen précise que l'UE reste disposée à signer cet accord, qui prévoit l'instauration d'une zone de libre-échange avec cette ancienne république soviétique. Le Conseil appelle néanmoins à la retenue et au respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, et plaide en faveur d'un règlement démocratique de la crise politique en Ukraine, "qui répondrait aux aspirations de la population ukrainienne".