Allemagne : les anti-euro s'ancrent un peu plus dans le paysage politique

Par latribune.fr, avec AFP  |   |  543  mots
Alternative für Deutschland (Alternative pour l'Allemagne) prône la sortie de l'euro, son cheval de bataille aux législatives de 2013, et le retour au Deutsche Mark, surfant sur un euroscepticisme qui gagne du terrain dans la plupart des pays d'Europ. REUTERS.
Le jeune parti anti-euro (AfD) a fait son entrée dimanche dans deux nouveaux parlements régionaux allemands.

Le jeune parti anti-euro (AfD) a fait son entrée dans deux nouveaux parlements régionaux allemands, en Thuringe et dans le Brandebourg, qui votaient dimanche, d'après les premières projections diffusées par la télévision publique allemande sur la base de résultats partiels. Ce mouvement créé au printemps 2013 est crédité de 10% des voix en Thuringe et de 12% dans le Brandebourg - deux Länder (Etats régionaux) d'ex-RDA - deux semaines après son entrée historique dans un premier parlement régional, en Saxe, dépassant les pronostics des sondeurs et la barre de 5% requise pour entrer au Parlement.

 Le jeune parti antieuro s'ancre donc encore un peu plus, s'affichant comme un nouvel acteur sérieux du jeu politique, à la droite de la CDU, porté notamment par le soutien "d'anciens électeurs conservateurs" déçus, relève Werner Patzelt, politologue à l'Université technique de Dresde. Alternative für Deutschland (Alternative pour l'Allemagne) prône la sortie de l'euro, son cheval de bataille aux législatives de 2013, et le retour au Deutsche Mark, surfant sur un euroscepticisme qui gagne du terrain dans la plupart des pays d'Europe, poursuit M. Patzelt.

Cette formation, qui a gagné sept sièges au Parlement européen en mai et flirté avec les 10% aux élections régionales de Saxe il y a deux semaines, défend aussi une ligne très droitière sur l'immigration, les "valeurs familiales" et l'insécurité, qui lui vaut l'étiquette de "populiste".

La chancelière conservatrice Angela Merkel a estimé la semaine dernière que le gouvernement devait résoudre "les problèmes qui touchent les gens", y compris "le crime et le nombre croissant de demandeurs d'asile", une sortie interprétée comme une réponse à l'AfD sur ses thèmes favoris. Dans un entretien au Bild am Sonntag, le vice-chancelier allemand social-démocrate et ministre de l'Economie a mis en garde contre l'AfD, qu'il qualifie de "destructeur d'emplois" :

"Celui qui critique autant l'Europe ne comprend pas que des millions d'emplois dépendent d'une Europe qui fonctionne". A terme, l'installation de ce parti "en pleine puberté",

selon Werner Patzelt, nécessitera des succès électoraux répétés et dépendra de l'action de ses représentants dans les parlements régionaux, l'AfD ayant échoué de peu à entrer au Bundestag à l'automne 2013.

De l'autre côté de l'échiquier politique, la gauche radicale Die Linke, deuxième en Thuringe derrière les conservateurs d'Angela Merkel, serait en mesure de prendre la direction de cet Etat-région, si elle réussit à s'allier aux sociaux-démocrates du SPD et aux Verts lors des négociations de coalition. Mais la coalition gagnante ne sera pas connue dimanche soir, les négociations pour former un gouvernement s'écoulant sur plusieurs jours, voire plusieurs semaines.

Tout dépendra de ce que décidera le SPD, en position de "faiseur de roi". Actuellement partenaires des conservateurs au niveau national comme en Thuringe, les sociaux-démocrates dirigent le Brandebourg avec Die Linke et leur leader, Sigmar Gabriel, n'a pas exclu une telle alliance en Thuringe. "Cela serait un signal et pourrait ouvrir la voie à un changement au niveau fédéral", malgré des divergences profondes entre les deux formations, estime le politologue Ulrich Sarcinelli.