"L'évasion fiscale à échelle industrielle", ou le business de PwC dénoncé par des députés britanniques

Par latribune.fr  |   |  356  mots
Les entreprises étaient incitées à enregistrer leurs bénéfices des paradis fiscaux tels que le Luxembourg grâce à une série de prêts entre leurs différentes divisions.
Le cabinet d'audit aurait encouragé l'évasion fiscale d'une centaine d'entreprises redevables d'impôt au Royaume-Uni, révèle un rapport du Parlement britannique.

Les députés du Comité des comptes publics britannique ont longuement étudié les pratiques comptables employées par PricewaterhouseCoopers (PwC). Leur rapport est sans appel. Entre 2002 et 2010, "ce cabinet a adressé plus de 500 lettres aux autorités fiscales luxembourgeoises" dans le but d'aider "plus de 300 clients internationaux" à alléger leur feuille d'impôts.

Conseil en optimisation fiscale

Les entreprises étaient ainsi incitées à enregistrer leurs bénéfices dans des paradis fiscaux tels que le Luxembourg grâce à une série de prêts entre leurs différentes divisions, explique la BBC. C'est ainsi que le groupe pharmaceutique Shire, basé au Royaume-Uni, paye 0,0156% d'impôts sur ses bénéfices au Luxembourg, pays où il n'emploie que deux personnes, contre 5.600 dans le monde, rapporte le Comité.

Selon The Independant, Amazon, IKEA, Burberry, Accenture, Coca-Cola et Vodafone auraient également bénéficié des conseils de PwC pour mettre en place des dispositifs semblables.

"Exclure PwC des contrats signés par le gouvernement"

Il ne s'agit "ni plus ni moins que de la promotion de l'évasion fiscale à une échelle industrielle", s'exclame Margaret Hodge, présidente du Comité. Alors que PwC entretient des liens étroits avec les conservateurs, cette députée travailliste invite les ministres à exclure PwC des contrats signés avec le gouvernement.

Avant les élections législatives de 2010, le cabinet d'audit et de conseil avait en effet fourni un soutien technique et des conseils professionnels au parti conservateur pour 290.000 livres, soit 388.000 euros, rappelle The independant.

Antécédents

Ces accusations émises dans le rapport contre PwC constituent un nouveau rebondissement dans le scandale LuxLeaks impliquant le cabinet. L'enquête réalisée par un consortium de journalistes d'investigation a déjà révélé en novembre des accords signés entre 340 multinationales et le grand-duché du Luxembourg, provenant du cabinet d'audit PricewaterhouseCoopers (PwC).

Pour tenter de tordre le cou à ces pratiques, le gouvernement britannique travaille actuellement sur l'introduction d'un impôt sur les bénéfices détournés. Dès le 1er avril 2015, les profits réalisés et détournés par les grandes entreprises vers d'autres pays devraient être taxés à 25%.