La question des quotas met le feu à la Fédération française de football

Par latribune.fr  |   |  716  mots
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Après les révélations de Mediapart, le directeur technique national a été suspendu de ses fonctions, tandis que deux enquêtes ont été ouvertes sur un éventuel usage de quotas dans le milieu du football.

Le sort de François Blaquart, dont la suspension a été annoncée dans un communiqué commun par le ministère des Sports et la Fédération française de football (FFF), dépend des résultats des deux enquêtes, attendus sous huit jours. Des accusations de discrimination portées contre des dirigeants du football français ont entraîné samedi la suspension du directeur technique national, l'ouverture de deux enquêtes et les excuses du sélectionneur Laurent Blanc. Le sort de François Blaquart, dont la suspension a été annoncée dans un communiqué commun par le ministère des Sports et la Fédération française de football (FFF), dépend des résultats des deux enquêtes, attendus sous huit jours. L'une, interne à la FFF, est dirigée par le député de Seine-Saint Denis, Patrick Braouezec, président de la Fondation du football; l'autre est menée par l'Inspection générale de la jeunesse et des sports (IGJS), rattachée au ministère. La FFF précise dans un communiqué "qu'aucune de ses instances dirigeantes élues n'a validé, ni même envisagé une politique de quotas au recrutement de ses centres de formation".

Forte manipulation?

François Blaquart, 56 ans, qui occupe le poste de DTN depuis octobre 2010, est mis en cause à la suite de la publication par Mediapart, samedi matin, de ce que le site présente comme le verbatim d'une réunion officielle entre responsables du football français le 8 novembre 2010. Dans plusieurs médias, François Blaquart a reconnu samedi avoir envisagé des quotas pour les centres de formation, mais explique qu'il visait uniquement une catégorie juridique de joueurs, ceux susceptibles de renoncer après leur formation à l'équipe de France pour une sélection étrangère. Sur RTL, il s'est dit "anéanti moralement, très déçu, avec l'impression d'une manipulation assez forte". Le sélectionneur Laurent Blanc s'excuse dans un communiqué des propos qu'il admet donc implicitement avoir tenu. "Que certains termes employés au cours d'une réunion de travail, sur un sujet sensible et à bâtons rompus, puissent prêter à équivoque, sortis de leur contexte, je l'admets et si, pour ce qui me concerne, j'ai heurté certaines sensibilités, je m'en excuse", lit-on dans un communiqué publié sur le site de la Fédération française de football. Il conteste cependant tout racisme. "Mon seul souci est d'avoir de bons joueurs pour une bonne équipe de France, qu'ils soient petits ou grands, quels que soient leur lieu de naissance ou leurs ascendances", assure-t-il. Le document publié par Mediapart retranscrit une discussion où, dans la foulée du fiasco des Bleus à la Coupe du Monde 2010, il est question de favoriser l'entrée en formation de joueurs techniques plutôt que de privilégier des critères de sélection athlétiques. Ceci dérape, selon la transcription publiée par Mediapart, sur des stéréotypes.

Problème des binationaux

Laurent Blanc déplore que le type de joueur formé s'uniformise. "Qu'est-ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les blacks (...) Je crois qu'il faut recentrer, surtout pour des garçons de 13-14 ans, 12-13 ans, avoir d'autres critères, modifiés avec notre propre culture", dirait, selon ce verbatim, le sélectionneur."Les Espagnols, ils m'ont dit: 'Nous, on n'a pas de problème. Nous, des blacks, on n'en a pas'", ajoute-t-il. Les protagonistes se penchent d'autre part sur le problème des binationaux ou pouvant prétendre à une double nationalité. Erick Mombaerts, entraîneur de l'équipe de France espoirs, propose de "limiter" à 30% leur proportion dans les effectifs des centres de formation. Ce point fait débat, car, soulignent des participants, cette proposition est discriminatoire et peu pertinente, la formation devant alimenter les clubs et non seulement l'équipe nationale. Laurent Blanc s'y dit pourtant favorable et François Blaquart dit alors: "On peut s'organiser, en non-dit, sur une espèce de quota. Mais il ne faut pas que ce soit dit." Ce sujet de l'origine ethnique ne fut pas toujours polémique, notamment lorsque le pays célébrait l'équipe "black-blanc-beur" championne du monde en 1998 et d'Europe en 2000 avec Laurent Blanc et Thierry Henry, meilleur buteur de toute l'histoire de l'équipe de France.