Sarkozy gèle les fermetures de classes de primaire pour 2012

Par Clarisse Jay  |   |  499  mots
Copyright Reuters Nicolas Sarkozy en visite à l'école primaire de La Canourgue, en Lozère.
Face à la grogne générale contre les suppressions de postes, le chef de l'Etat a annoncé ce mercredi le gel des fermetures de classes de primaire pour la rentrée 2012. Une façon de préserver des voix à la veille des élections sénatoriales et présidentielle.

C'est gros comme le nez au milieu de la figure. Mais face à la grogne générale contre les suppressions de postes d'enseignants, le chef de l'Etat est prêt à tout. A la veille des élections sénatoriales, qui auront lieu en septembre, et à l'approche de la présidentielle de 2012, mieux vaut désamorcer d'éventuels mouvements de protestation (la FSU envisage déjà une grève en septembre) et surtout ne pas se couper des élus locaux.
Le chef de l'Etat a justement choisi une école rurale lozérienne, à La Canourgue, pour annoncer opportunément le gel des suppressions de classes dans le primaire pour la rentrée 2012. "Nous ne procéderons, hors démographie, à aucune fermeture de classe dans le primaire" a-t-il ainsi promis. Une sorte de moratoire à visée purement électoral puisque la règle du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite continuera à s'appliquer. Soit 16.000 postes encore supprimés à la rentrée 2011, et un total de près de 65.000 suppressions depuis 2007. En 2012, les pertes devraient s'établir entre 14.000, tout dépendra du nombre de départs à la retraite. Fin avril, le ministre de l'Education nationale Luc Chatel, avait indiqué qu'environ 1.500 classes fermeraient à la rentrée 2011, confirmant ainsi les estimations du Snuipp-FSU (principal syndicat du primaire). Une annonce sans précédent (les ouvertures de classe compensent d'habitude les fermetures) qui avait provoqué l'ire des élus locaux, les fermetures de classes pouvant conduire dans certaines zones rurales à des fermetures d'école, condamnant ainsi certains village pour lesquels le maintien de services publics est vital. L'Association des maires de France (AMF) était ainsi monté au créneau, demandant l'intervention du président de la République. Un mois plus tard, Luc Chatel avait déjà essayé d'arrondir les angles en déclarant qu'il tenterait de maintenir un solde nul de classes à la rentrée prochaine (soit autant d'ouvertures que de fermetures). Nicolas Sarkozy est donc aller plus loin. A moins que pour compenser cette absence de fermetures, aucune ouverture n'ait cette fois lieu...

Réactions

Mais cette annonce ne change rien sur le fonds. Les réactions des syndicats d'enseignants, des parents d'élèves (FCPE) et de l'opposition n'ont pas tardé : "faux pas en avant", "classique opération politicienne de déminage électoral", "diversion à but électoral", "tour de passe-passe", "aveu d'échec"... rien n'a été épargné au chef de l'Etat. Il est vrai que le surcroît actuel de communication en faveur de l'école passe mal. Le lancement de la campagne de recrutement de l'Education nationale dans le JDD récemment a été mal vécu, Luc Chatel annonçant 17.000 recrutements alors que ces embauches ne concerne que 11.600 enseignants dont l'ouverture des postes aux concours a déjà été annoncée... en août 2010. Quant à la volonté de faire de l'école primaire sa "priorité", il laisse les syndicats dubitatifs, sachant que la France se distingue des autres pays de l'OCDE justement par ses moindres dépenses dans le primaire que la moyenne.