Présidentielles : le vrai coût du projet socialiste

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  490  mots
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« L'Institut de l'entreprise», un think tank proche du patronat, s'est livré à un chiffrage annuel des dépenses prévues par le projet socialiste.

C'est parti. La bataille des chiffrages des projets politiques en vue de la présidentielle de 2012 a démarré. Trop tôt sans doute. Non seulement le projet socialiste n'est considéré que comme une « boite à idées » dans laquelle François Hollande, pourra, à sa guise, piocher ou non, mais aussi parce que le projet UMP, lui, n'est pas encore connu, ce qui rend les comparaisons difficiles. En outre, le projet socialiste, voté en mai dernier, est susceptible d'aménagement dans la durée, en fonction des prévisions de croissance. D'ores et déjà, une hypothèse de croissance de 2% étant manifestement surévaluée, une commission du PS, dirigée par Laurent Fabius, planche sur une réactualisation du programme de travail de la première année - et donc les priorités - si une majorité de gauche accédait au pouvoir. C'est dans ce contexte que l'Institut de l'Entreprise - un think tank proche du patronat regroupant environ 120 entreprises - s'est livré à un premier chiffrage des dépenses prévues par le projet du PS réalisé par quatre hauts fonctionnaires « professionnels de la mécanique budgétaire ».

Au total, l'Institut a calculé un coût annuel compris dans une fourchette allant de 25,86 à 29,07 milliards d'euros, pas très éloignée du chiffrage socialiste, qui prévoit (sur un total de 50 milliards de recettes) d'affecter 25 milliards à des nouvelles dépenses et 25 autres milliards au désendettement. L'Institut de l'Entreprise s'est refusé à faire un chiffrage cumulé sur 5 ans. Notamment parce qu'il est impossible de savoir quand telle ou telle mesure va entrer en application (c'est le rôle dévolue à la commission Fabius), ni d'évaluer le coût de sa montée en charge progressive. Le coût annuel envisagé par l'Institut est celui d'une mesure ayant atteint son « maximal », généralement en fin de magistrature.

Pour mieux comprendre la lecture de ce tableau, il convient aussi d'apporter quelques précisions. Ainsi, la « construction de 150.000 logements sociaux par an ». En réalité, il y a actuellement déjà 120.000 logements de ce type en chantier annuellement. Le programme PS ne prévoit donc d'en ajouter « que » 30.000. De même s'agissant de la création d'une « allocation d'étude ». Le chiffrage ci-joint prend l'hypothèse d'une allocation de 400 euros versée aux seuls étudiants boursiers. Alors que le chiffrage de l'UMP (12 milliards), lui, repose sur une hypothèse de travail du think tank « Terra Nova » classé à gauche, prévoyant le versement de 500 euros à tous les étudiants. Concernant la revalorisation du pouvoir d'achat du Smic, l'Institut s'est basé sur un « coup de pouce » de 1,52 point qui viendrait s'ajouter aux règles « automatiques » de revalorisation du Smic. Par ailleurs, le présent chiffrage a retenu l'idée de la création de 50.000 à 80.000 « emplois d'avenir ».

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