Faut-il acheter de la dette française ? Ce que vous en pensez !

Par latribune.fr  |   |  960  mots
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Faut-il renationaliser la dette en organisant des emprunts populaires ? Vous avez été nombreux à commenter les différents articles de la semaine dernière sur ce sujet. Voici une sélection des réactions les plus emblématiques de ce débat.

La semaine dernière, la Belgique et l'Italie ont procédé la semaine dernière à des emprunts populaires, permettant ainsi aux citoyens de souscrire à des obligations d'Etat sans comissions bancaires. Le succès de ces levées de fonds en Belgique et en Italie ont suscité un vif débat dans nos colonnes, d'autant qu'un sondage montre que seulement un tiers des français seraient enclins à acheter de la dette française. Les réactions des lecteurs de LaTribune.fr ont été très variées. En voici un échantillon.

Un geste civique pour soutenir le pays ?

Un certain nombre d'entre vous semblent enthousiastes à l'égard de cette proposition, notamment car il s'agit d'un moyen de contrer la pression des marchés.

"Titou 2011" argumente : "la dette de la France est détenue à 70% par des investisseurs étrangers qui dictent leur loi au niveau des taux de rendement. Prenons l'exemple du Japon, où le niveau de dette atteindra bientôt 235% du PIB, soit nettement plus que tous les pays européens qui sont attaqués par les agences de notation depuis des mois, et soumis à la pression des marchés qui veulent des rendements très élevés à court terme. Il faudra nous expliquer comment la dérive des dettes publiques qui s'est dégradée depuis plus de trente-cinq ans, pourrait se réduire en l'espace de trois ans. Il n'y a que des investisseurs avides de sang et imbéciles qui peuvent prétendre le contraire. Au Japon, les besoins de financement du pays sont souscrits à hauteur de 95% par les japonais au travers de leur banque postale. Je n'entends pas dire que le japon soit soumis à la pression permanente des marchés, et pour cause : leur dette est nationalisée."

"gillou74" ajoute : "oui, je suis tout à fait prêt à investir si un collecte est organisée. Cela aurait, je pense, l'intérêt de rendre la France indépendante des agences de notation qui font la pluie et le beau temps sur les marchés obligataires. Plutôt que les banques, qui nous ruinent, encaissent les intérêts, je préfère que ce soit moi."

Les réformes d'abord !

De nombreux autres commentateurs ne sont pas opposés au principe d'un emprunt populaire, mais exigent avant tout des réformes structurelles qui permettront de renouer avec l'équilibre budgétaire. C'est en tout cas ce qu'explique "ours dur" :

"Privatisons d'abord les services industriels et commerciaux, affectons le produit des ventes au remboursement de la dette nationale, simplifions l'Etat dans ces services superflus ainsi que ces dépenses somptuaires, rabotons enfin quelques niches fiscales. Dès lors qu'il n'y a plus besoin d'emprunter davantage pour payer les intérêts de la dette, alors un cercle vertueux peut s'enclencher. Auquel cas je serais prêt à acheter de la dette. Mais que l'Etat fasse son boulot d'abord."

"Claude" rejoint cette analyse : "avant cela il faudrait rétablir la confiance dans nos politiques. En effet quelque soit leur camps, nos gouvernants ont tous depuis plusieurs decennies dépensé plus qu'ils ne devaient. Et ils entendent nous donner des leçons ? Mais quel parent est écouté par ses enfants s'il donne un conseil ou edicte une règle de vie que lui même ne respecte pas aucun. De plus cette emprunt devrait être une obligation par le biais de contrainte fiscale pour ceux qui possèdent des revenus et des biens demesurés."

Quelle confiance accorder au gouvernement ?

Ces commentaires rejoignent une autre tendance de fond parmi nos lecteurs : la manque de confiance dans l'Etat.

"Sam" témoigne : "je ne suis pas d'accord pour investir dans la dette de l'état, je n'ai pas confiance au gouvernement, et de toute façon je ne suis pas responsable de la dette, pourquoi ce ne sont pas les banques et les financiers qui investissent sur la dette, car nous avons du prêter aux banques pour qu'elles survivent ...."

Un autre anonyme commentateur y voit même une manière de continuer à encourager le laxisme des politiques : "acheter de la dette ne serait certainement pas un geste citoyen, bien au contraire. Cela équivaudrait à encourager le gaspillage et à laisser encore plus de dettes aux générations futures. Il ne faut ni acheter de la dette ni augmenter les impôts, ce qu'il faut faire c'est diminuer les dépenses qui ne servent à rien"

Peine perdue ?

Selon d'autres lecteurs de La Tribune, acheter de la dette publique serait inefficace ou inutile compte tenu de la situation politique et économique. Ainsi, explique "Professore", "le calcul est imparable, en faisant appel au civisme des Français on arriverait difficilement à trouver 1 milliard, très loin des 200 à 300 milliards d'emprunts à renouveler en 2012. L'effet serait essentiellement psychologique."

"Kenzo" lui, pense que l'Etat ne remboursera jamais la dette : "on nous sollicite pour racheter de la dette de nos propre état, certes. Mais de l'autre côté la gestion des administrations ne change pas pour autant... Donc cela n'aboutira à rien si ce n'est que les épargnants qui auront placé leurs économies dans cette grande machine de la dette serront ruinés." 

L'argument de l'opportunisme

Quant à "Stormy", il déroule un raisonement opportuniste, voire même un peu cynique :

"Acheter de la dette de son pays c'est toujours bon à prendre ! Car qui dit dette, dit impôts futurs pour payer les intérêts. Donc comme tous les Français vont payer ces impôts ; ceux qui peuvent préalablement acheter de la dette auront cette charge d'impôt en moins car compensée par les remboursements de la dette en parallèle. C'est donc une opération qui au mieux est neutre sinon forcement négative pour le contribuable, mais jamais positive !

Et vous, qu'en pensez-vous ? Le débat continue sur La Tribune !