Bilan mitigé pour le RSA

Par Isabelle Moreau  |   |  434  mots
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Deux ans après sa généralisation, le RSA est perçu par 1,9 million de foyers.

La lenteur de la montée en charge et le taux élevé de non-recours au RSA sont les enseignements majeurs du rapport du Comité national d'évaluation du revenu de solidarité active dévoilé ce jeudi, deux ans après sa généralisation. En juin 2011, la France métropolitaine comptait 1,9 million de foyers bénéficiaires du RSA. Parmi eux, figure 1,4 million de foyers allocataires du RSA socle (prolongement du RMI et de l'allocation parent isolé), dont 1,2 million d'euros n'ont aucune activité et perçoivent le RSA socle seul pour un montant maximum de 470 euros environ pour un célibataire (840 euros pour un couple) et 200.000 perçoivent le RSA socle et activité. S'ajoutent 500.000 foyers bénéficiaires du RSA activité, qui permet de compléter les revenus du travail (environ 230 euros en moyenne par mois).

Méconnaissance du dispositif

Le nombre de foyers éligibles au RSA activité seul ayant au départ été estimé à environ 1,5 million, « il semblerait que le RSA n'ait touché pour l'instant qu'une partie de sa cible », indique François Bourguignon, président du Comité d'évaluation du RSA. Et Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, d'ajouter que « le taux de non-recours au RSA activité se monte à 68 %, tandis que pour le RSA socle il est de 35 % ». La méconnaissance du dispositif RSA activité par les bénéficiaires potentiels explique largement sa lente montée en charge. Et si le comité souligne, en s'appuyant sur une expérimentation conduite en Gironde, que le taux de non-recours « peut être diminué par une campagne de communication ciblée sur les foyers potentiellement éligibles présents dans les fichiers CAF », il pointe également « la difficulté de cibler les éligibles aux RSA à partir de fichiers administratifs, compte tenu de la complexité de la prestation et du caractère instables des trajectoires d'éligibilité ».

Quant au taux de retour à l'emploi, objectif clé du RSA, il est de 3 % par mois et reste massivement orienté vers des temps partiels ou des CDD. « Le RSA ne marque pas un progrès indubitable sur le retour à l'emploi, qui pâtit en plus de l'effet crise », souligne François Bourguignon. Sur une période d'un an, précise le rapport, 33 % des bénéficiaires du RSA socle disparaissent des fichiers soit parce qu'ils ont retrouvé un emploi, soit parce qu'ils perçoivent un autre minima, type allocation adulte handicapé (AAH). Un chiffre qui grimpe à 44 % pour les bénéficiaires du RSA activité, soit 200.000 personnes. Encore imparfait, le RSA diminue « l'intensité de la pauvreté dans le contexte actuel de crise », estime toutefois François Bourguignon.