2011, année noire pour l'économie française

Par latribune.fr avec Jean-Baptiste Vey à PARIS (Reuters)  |   |  493  mots
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Perspective de récession, chômage record, triple A chancelant: l'ambiance tranche avec les espoirs nés après la publication des chiffres en début d'année... Et 2012 ne s'annonce pas sous de meilleurs auspices.

Avec près de 1% de croissance sur les trois premiers mois de l'année, la France commence à parler de la crise au passé.

La reprise dopera la confiance, la consommation et l'investissement, espère-t-on. Le chômage reculera et les déficits se réduiront sans trop de douleur.

Mais l'horizon s'assombrit subitement.

Dès le deuxième trimestre, l'économie passe dans le rouge. La croissance rebondit au troisième trimestre mais elle devrait à nouveau plonger au quatrième, selon l'Insee.

L'Institut de la statistique prévoit que la contraction se poursuivra au premier trimestre 2012, ce qui marquerait un passage en récession, un terme employé après deux trimestres consécutifs de baisse.

"Le paysage conjoncturel français a subi à l'automne 2011 un retournement d'autant plus marqué que l'année avait commencé sur une note très dynamique", souligne Natacha Valla, économiste chez Goldman Sachs. "Dans un premier temps, la confiance des entreprises a été portée par une très belle performance de croissance au premier trimestre. Cela a permis à l'investissement de décoller."

"Malheureusement, la crise de la zone euro a tellement traîné en longueur qu'un phénomène de repli devrait devenir de plus en plus sensible aussi bien au niveau des ménages que des entreprises", ajoute l'économiste, qui prévoit une contraction de l'économie française en 2012.

ANNÉE DE TOUS LES DANGERS

Le ralentissement économique l'an prochain rendra encore plus difficile le redressement des finances publiques promis par les autorités françaises.

La France prévoit de ramener le déficit public d'environ 5,7% du produit intérieur brut fin 2011 à 4,5% fin 2012, dernière étape avant un retour à la limite de 3% du pacte européen de stabilité et de croissance, en 2013.

Le candidat socialiste à l'élection présidentielle, François Hollande, que les sondages donnent favori, s'est engagé à respecter les engagements pris par l'actuel gouvernement.

Le respect de la trajectoire de réduction des déficits est devenu encore plus crucial depuis que les principales agences de notation ont souligné la fragilité de la note triple A qu'elles donnent à la dette publique française.

Cette note maximale, qui permet au pays d'emprunter à des taux avantageux pour financer son déficit et refinancer sa dette, pourrait être bientôt abaissée par une ou plusieurs de ces agences.

Les taux d'emprunt de la France restent modérés en cette fin d'année mais le rendement des obligations françaises est monté à mesure que les craintes de contagion de la crise des dettes de la zone euro s'accentuaient. Et l'écart avec l'Allemagne s'est nettement creusé.

En cette fin 2011, le nombre de demandeurs d'emploi est à son plus haut niveau depuis 1999. Le chômage devrait encore augmenter en 2012, selon l'Insee et l'OCDE.

Le déficit commercial de la France par rapport au reste du monde devrait quant à lui atteindre le montant record de 75 milliards d'euros fin 2011, illustrant les défis pesant sur l'économie française.