Quand les régions draguent les épargnants

Par Clarisse Jay  |   |  479  mots
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Plusieurs régions cherchent à pallier le manque de liquidités. Les Pays de Loire réfléchissent à une collecte conjointe de 500 millions d'euros avec les banques.

Resserrement du crédit, baisse des dotations de l'État... Face au tarissement des ressources traditionnelles, les collectivités locales s'attellent à diversifier leurs sources de financement. En attendant la création fin 2012 de l'agence de financement des collectivités, les régions ont fait le choix de se tourner vers l'épargne populaire. « Dans le contexte actuel de raréfaction des liquidités, un certains nombre d'innovations émergent, dont l'épargne populaire qui est appelée à se diversifier », commente Michel Yahiel, délégué général de l'Association des régions de France, rappelant que les régions, qui ont perdu en autonomie du fait de la dernière réforme fiscale, « ont besoin de s'endetter pour investir ».

Les Pays de Loire ont été les premiers à lancer un emprunt obligataire (à 4 % sur six ans), en 2009, dans le sillage de la crise financière de 2008, pour favoriser les investissements dans les transports ferroviaires, les lycées et la recherche. Avec succès puisqu'alors, la quasi-totalité des 80 millions d'euros collectés en 15 jours l'avaient été auprès des particuliers. Fin novembre, leur président du conseil régional Jacques Auxiette (PS), a annoncé le lancement d'un second emprunt, de 100 millions. Mais depuis, la région a réfléchi avec les banques, potentielles concurrentes, à de nouvelles modalités : « Les banques ont, elles aussi du mal à se financer et recueillir l'épargne. L'idée est donc de lancer une collecte conjointe de 500 millions d'euros, dont 25 % par la région, pour soutenir essentiellement le développement des PME de la filière aéronautique », indique à « La Tribune », Jacques Auxiette, citant l'exemple allemand.

Stratégie d'investissement

L'initiative ligérienne de 2009 a fait des émules puisque ces derniers mois, le Limousin, l'Auvergne et Rhône-Alpes ont également fait appel à l'épargne populaire. À chaque fois, prime le soucis de se doter d'un outil supplémentaire de soutien de l'économie locale. L'Auvergne compte ainsi alimenter le fonds d'investissement Auvergne durable (Fiad) pour aider les PME et TPE. Et déjà, les régions Île-de-France, Centre et PACA ont annoncé leur volonté de faire de même en 2012 pour des montants allant de 20 à 150 millions d'euros.

Reste que l'épargne populaire n'est pas une fin en soi. « C'est une goutte d'huile qui permet de débloquer les rouages », observe Michel Yahiel. À la différence de ce qui se pratique dans la communauté autonome de Catalogne avec les « patriotic bonds » (« bonos patrioticos »), « les montants, expérimentaux, restent inférieurs à ce qui se pratique sur le marché international des capitaux, explique Christophe Parisot, analyste chez Fitch Ratings. Mais cet outil aux taux d'intérêts améliorés, qui implique un surcoût pour la région, peut répondre aussi à une logique politique. » De fait, solliciter le sens citoyen de ses administrés par cette épargne sûre permet à la région de communiquer sur sa stratégie d'investissement.