Ces départements français où les cotisations d'assurance-maladie vont baisser en 2012

Par latribune.fr, avec AFP  |   |  588  mots
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Dans les deux départements alsaciens et en Moselle, les cotisations d'assurance-maladie vont baisser en 2012 grâce à la bonne santé du régime local de Sécurité sociale. Le secret de cette annonce à contre-courant ? Les assurés sociaux cotisent davantage pour financer un dispositif particulier complétant les prestations du régime général.

Heureux les Alsaciens et les Mosellans ! Alors que de nombreux tarifs sont en hausse le 1er janvier en France, leurs cotisations pour maladie vont baisser en 2012 grâce à la bonne santé du régime local d'assurance-maladie, dont les affiliés continueront toutefois de cotiser davantage pour financer un dispositif particulier complétant les prestations du régime général.

Chaque mois, en plus des cotisations qu'ils versent comme tous les Français pour financer l'assurance maladie de base, les salariés et retraités alsaciens et mosellans s'acquittent d'une cotisation supplémentaire, qui leur ouvre le droit à une complémentaire santé obligatoire. Héritage de l'annexion de l' Alsace-Moselle à l'empire allemand en 1871, elle porte par exemple à 90% le taux de remboursement des honoraires médicaux (contre un taux national de 70%) et prend en charge intégralement le forfait journalier hospitalier (non pris en charge ailleurs). C'est la sur-cotisation versée en contrepartie de ces avantages qui va baisser en 2012, passant de 1,6% à 1,5% de la totalité du salaire.

La bonne nouvelle remonte à fin novembre. Le conseil d'administration, composé de représentants des syndicats de salariés, a pris acte des nouveaux excédents dégagés par ce régime qui compte plus de 2,5 millions de bénéficiaires. En 2011, les recettes ont dépassé les dépenses de plus de 5,5 millions d'euros, à quoi se sont ajoutés des produits financiers d'environ 18 millions d'euros. Mais "on ne peut pas dire que la "Sécu" se porte mieux ici qu'ailleurs, la consommation de soins par assuré est globalement similaire à celle du pays", explique Daniel Lorthiois, qui préside le régime local.

En revanche, "on peut dire que les assurés d' Alsace-Moselle bénéficient d'une complémentaire santé extrêmement redistributrice, avec des cotisations proportionnelles au salaire, alors que les complémentaires ont souvent des tarifs pas du tout liés au salaire", souligne-t-il.

Par rapport aux mutuelles ou assurances privées, "nous ne sommes pas très chers pour les assurés, tout en prenant complètement en charge les soins hospitaliers", fait valoir Daniel Lorthiois. Le régime local tire avantage de frais de gestion réduits liés à son adossement au régime général ou encore de l'inutilité de se faire de la publicité, puisqu'il est obligatoire.

Un exemple à suivre ?

Faudrait-il généraliser un tel dispositif dans tout le pays ? "Nous sommes le produit de l'histoire locale", botte en touche Daniel Lorthiois. "Quand il a été installé en 1946, le régime local n'a pris la place de personne, aujourd'hui c'est plus compliqué, les complémentaires représentent un gros marché".

Pour Sabrina Ripert, qui dirige l'Union régionale de la Mutualité française en Alsace, comparer le régime local aux complémentaires de santé classiques n'est pas aisé. "Le régime local n'intervient pas sur un certain nombre de dépenses en forte hausse ces dernières années, comme les dépassements d'honoraires, la lunetterie, les prothèses dentaires ou encore la facturation des chambres individuelles à l'hôpital", souligne-t-elle.

Pour faire face à ces dépenses de santé, les assurés d' Alsace-Moselle ont donc intérêt selon elle à souscrire à une complémentaire santé malgré l'existence du régime local. Mais même si les tarifs des mutuelles y sont "en moyenne inférieurs de 30% à 50% à ceux pratiqués dans le reste du pays", pour tenir compte des prises en charge réalisées par le régime local, l' Alsace "est la région la moins mutualisée de France", constate-t-elle.