Nicolas Sarkozy donne la priorité à l'emploi et relance la "TVA sociale"

Par latribune.fr  |   |  681  mots
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Nicolas Sarkozy a dramatisé samedi les enjeux d'une année 2012 placée sous le signe de la crise et des élections présidentielle et législatives, tout en écartant un nouveau plan de rigueur et en donnant la priorité à la relance de la croissance et de l'emploi.

Le chef de l'Etat, qui adressait pour la dernière fois de son quinquennat ses voeux aux Français, a laissé poindre, sous le président qu'il a promis d'être jusqu'au bout, le candidat à sa propre succession qu'il sera probablement au printemps.

Dans une allocution radio-télévisée de neuf minutes, il a ainsi défendu sa politique de réformes, qui a permis, selon lui, à la France de tenir bon dans la crise, et il a vu dans cette résistance du pays des "raisons d'espérer".

Il s'est une nouvelle fois présenté en protecteur des Français - ce que l'opposition a de nouveau contesté.

"Ce ne sont ni les marchés, ni les agences (de notation) qui feront la politique de la France", a lancé Nicolas Sarkozy, alors que la note triple A qui permet à l'Etat français d'emprunter à bon compte paraît menacée.

"L'année 2012 sera celle de tous les risques mais aussi de toutes les possibilités. De toutes les espérances, si nous savons relever les défis. De tous les dangers, si nous restons immobiles", est-il cependant convenu. "En 2012, le destin de la France peut une fois encore basculer."

Les décisions à prendre doivent donc être à la mesure de la gravité de la crise, a poursuivi Nicolas Sarkozy. "C'est un devoir auquel je ne me déroberai pas (...) Mon devoir est de faire face et de vous protéger."

PISTES DE TRAVAIL

Il a ainsi promis d'assumer "jusqu'au bout et en totalité" ses responsabilités de chef de l'Etat, "au nom de l'intérêt général", et tracé quelques pistes pour les semaines à venir.

Il a ainsi estimé que le problème n'était pas celui d'un "nouveau train de réduction des dépenses", après les deux plans d'austérité annoncés au deuxième semestre de 2011 pour réduire les déficits publics - "Ce qui devait être fait a été fait."

"Maintenant, il nous faut travailler en priorité pour la croissance, pour la compétitivité, pour la ré-industrialisation qui, seules, nous permettront de créer des emplois et du pouvoir d'achat", a-t-il ajouté.

Le chômage a atteint en novembre son plus haut niveau depuis douze ans et pourrait flirter avec les 10% des actifs en 2O12, selon l'Insee, qui prévoit aussi une entrée en récession de la France.

Nicolas Sarkozy, qui réunira le 18 janvier les représentants des forces économiques et sociales du pays, a promis des "décisions importantes" avant la fin janvier.

Il a déclaré que la formation des chômeurs devait devenir une "priorité absolue" et qu'il fallait alléger la pression du financement de la protection sociale sur le travail pour éviter les délocalisations.

Il a ainsi fait sienne l'idée d'une fiscalité anti-délocalisation, qui pourrait comprendre une part de TVA, avancée par son parti, l'UMP, dans son programme pour 2012.

APPEL AUX ACTEURS ÉCONOMIQUES

"Il faut (...) faire contribuer financièrement les importations qui font concurrence à nos produits avec de la main d'oeuvre à bon marché", a-t-il expliqué. "J'écouterai les propositions des partenaires sociaux, puis nous déciderons."

Mais il a également exhorté "tous les décideurs des entreprises et de l'économie" à prendre leurs responsabilités et à "tout faire pour préserver l'emploi".

Il a également invité les acteurs des services publics à "redoubler de prévenance" à l'égard des plus démunis.

"Je suis certain du chemin qu'il nous faut suivre", a conclu Nicolas Sarkozy, dont les voeux ont été salués par une salve de critiques des principaux partis d'opposition

"Jamais un président de la République n'aura autant maltraité les Français", a ainsi estimé le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon.

"La réponse à ses voeux sera dans les urnes", a pour sa part dit le candidat du Front de gauche à l'élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon.

Quant à Marine Le Pen, présidente et candidate du Front national, elle a fustigé "un président impuissant à protéger les Français et qui subit la crise".