Sarkozy dans les pas de Mitterrand

Par Philippe Mabille, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.
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La crise et l'Allemagne, ou l'Europe, comme on voudra, auront donc conduit Nicolas Sarkozy à renoncer définitivement à la "rupture". Du programme de 2007, il ne reste pratiquement rien. 500 milliards d'euros de dettes supplémentaires auront eu raison de l'arrogance française. Ce lundi, à Paris, le chef de l'Etat a accepté toutes les conditions posées par Angela Merkel pour un sauvetage de la zone euro : des sanctions budgétaires automatiques, une règle d'or sanctionnée par la Cour de justice européenne, l'abandon des eurobonds qui soudainement ne sont "en aucun cas une solution à la crise ", comme il l'a reconnu publiquement, un nouveau traité européen avant mars, à vingt-sept ou à dix-sept si nécessaire...

Par la force de circonstances exceptionnelles, Nicolas Sarkozy, dont le talent propre est plus dans le court terme que la vision, aura été conduit, comme l'avait fait François Mitterrand avant lui, à faire le choix de l'arrimage à l'Allemagne. La France a pris cette voie dès le milieu des années 1980 avec Jacques Delors et le tournant de la rigueur. Plus encore après 1988, avec Pierre Bérégovoy et le "franc fort", la France a tourné le dos aux dévaluations en accrochant à tout prix sa monnaie au deutsche mark. Cette politique de "désinflation compétitive" a eu des effets sociaux catastrophiques, mais a donné aux dirigeants français la satisfaction de se conformer à la "nouvelle donne mondiale".

Nicolas Sarkozy se rallie aujourd'hui à l'Europe allemande par pragmatisme plus que par vision. Il sait la France affaiblie, s'est convaincu que c'est ainsi qu'elle réussira la transition d'un modèle de croissance fondé sur l'endettement à un modèle basé sur l'offre et la production. S'engager dans la conclusion d'un nouveau traité européen tout en accélérant l'ajustement des finances publiques françaises, six mois avant l'échéance présidentielle est sans nul doute une prise de risque. Nicolas Sarkozy chercherait à se construire un destin qu'il ne s'y prendrait pas autrement...

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Commentaires 17
à écrit le 01/01/2012 à 18:57
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Lassant ! pourquoi pas de Bonaparte, César , Charlemagne ? MERCI A LA TRIBUNE DE NOUS PASSIONNER AUTREMENT ET BONNE ANNEE A CEUX QUI ME LIRONT

à écrit le 01/01/2012 à 17:30
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ben pour nous son destin est tout tracé-----> dehors

à écrit le 01/01/2012 à 16:48
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Mitterand, Chirac, Sarkosy, les Français ont les présidents qu'ils méritent à leur image : Donneurs de leçons, prétentieux, Théâtraux dans les discours et innefficaces dans l'action, contestataires et grévistes à souhaits...bref la risée et le désint...

à écrit le 01/01/2012 à 16:21
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J'ai toujours pensé qu'il était le fils adoptif de ce président" humaniste" (L'autre candidat étant le fils admiratif) , dont la gouvernance a nécessité la création des restaurants du coeur ....ainsi l'un continue les oeuvres de l'autre...

à écrit le 09/12/2011 à 9:11
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Attention Monsieur Sarkozy lees contorsions et contradictions politiques risquent de provoquer une déchirure du perinée mais on peut tout faire avec un "casque à pointe" sauf s'asseoir dessus.!

à écrit le 08/12/2011 à 14:40
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Pourquoi changer une attitude qui a fait la preuve qu'elle ne marchait pas! Les élites françaises ont l'art de se mettre la tête dans le sable. Elles sont indécrottables. Pauvres pays!

à écrit le 08/12/2011 à 10:01
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Loin de se plier à l'Allemagne la France reste ancrée dans son européisme dans une vision idéalisée. Elle a cru longtemps et surtout ces dernières années pouvoir vivre de son arrogance naturelle tout en s'abritant in fine derrière le confort de l'Eur...

à écrit le 08/12/2011 à 8:37
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Effets sociaux catastrophiques ? Existe-t-il un pays où les avantages indûs sont aussi généreux pour les traine-savattes , et coûteux pour les bosseurs ?

le 08/12/2011 à 14:39
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La politique du franc fort et de l'euro mark est responsable du chomage de masse et, contrairement à ce qu'on nous avait dit, n'ont en rien amélioré notre compétitivité! La politique monétaire desastreuse de notre pays depuis 20 ans est responsable d...

à écrit le 08/12/2011 à 8:24
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Et l'on redécouvre, stupéfaits pour certains, que l'Allemagne reste le problème principal des affaires françaises. Les européistes incultes et idéalistes viennent de comprendre (peut-être) par les faits que les allemands ont gardé entière leur volont...

à écrit le 07/12/2011 à 21:50
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Il l'a déjà construit son destin, fondé sur une énergie talentueuse. Voulant toujours que les autres fassent à sa place , il a magistralement piloté ce G20 , félicité de son leadership par Obama qui lui a ciré les pompes après son" bide" à Cannes, av...

à écrit le 06/12/2011 à 23:02
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A 22500 euros mensuels; ce n'est pas N.Sarkozy qui va aider la France à réduire ses déficits. (quid de ses équipes..) Quant à une éventuelle prise de risque de N.Sarkozy vous repasserez. Il a fait comme tout le monde. L'important c'est de durer. ("sa...

à écrit le 06/12/2011 à 14:35
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Comparer Sarkozy à François Mitterrand c'est faire injure à un mort ...

à écrit le 06/12/2011 à 9:38
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Comme en 1940 (avec moins de violence fort heureusement), tout se décide à Berlin. Nous pourrions fort bien faire l'économie de nos ministres et secrétaires d?État qui ne font que de la figuration. Il semble que Longuet ait annoncé lors du dernier Co...

le 06/12/2011 à 14:49
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eh !!!! oui....la France à perdu et méme reculé pendant 5ans... les Français n ' ont pas fini de SOUFFRIR.....

le 08/12/2011 à 13:23
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Souffrir.Oui pour les humbles qui paient pour la caste politique,les emplois protégés par ex,les CE!!!!,les exclus du système,etc,etc; A cela,ajoutons les frais de representation de nos édiles,aussi petits soient-ils qui pour un oui ou pour un non f...

le 08/12/2011 à 14:35
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Je ne peut m'empêcher de penser que l'européisme à une arriere gout de vichysme, je sais que ça fait un peu brutal dit comme ça mais je peut pas m'empecher de le penser. L'admiration sans borne d'une partie de l'élite française (essentiellement les c...

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