Avec SeaFrance, les Scop prennent du galon

Par Isabelle Moreau  |   |  601  mots
La Tribune Infographie
La création d'une Scop, seul projet de reprise de SeaFrance sur la table, sera examinée le 9 janvier. Retour sur ces entreprises atypiques bien installées dans le paysage économique français.

Le feuilleton SeaFrance se poursuit. L'audience au tribunal de commerce de Paris, qui devait statuer ce mardi sur le sort de la compagnie en liquidation judiciaire avec poursuite de l'activité jusqu'au 28 janvier, a été reportée au lundi 9 janvier. Le temps pour les salariés de muscler la partie financière de leur projet de reprise de la compagnie, via une coopérative (Scop), qui a reçu, contre toute attente, le soutien du gouvernement lundi (voir article ci-contre).

Quelle que soit l'issue de ce délicat dossier, il aura mis sur le devant de la scène politique et économique ces entreprises pas tout à fait comme les autres. Et souvent méconnues du grand public. Pourtant, dans le top 3 du classement des Scop en fonction de leur chiffre d'affaires en 2010 figurent Acome (qui développe des produits et systèmes destinés aux communications, aux équipements électriques et au bâtiment), le Groupe Chèque Déjeuner ou encore le groupe Scopelec, qui a développé son savoir-faire en réseaux et télécommunications au service des opérateurs, des équipementiers, des entreprises, des collectivités et du grand public.

Si les quelque 2.000 sociétés coopératives et participatives recensées en 2010 - qui emploient 40.000 salariés pour un chiffre d'affaires de 3,5 milliards d'euros - se sont développées ces dernières années, c'est parce qu'elles répondent de manière originale aux attentes des co-entrepreneurs : la création ex nihilo de nouvelles activités, la transmission d'une entreprise saine aux salariés ou bien la reprise d'une entreprise en difficulté, comme c'est le cas de SeaFrance, où les salariés sont incités par le gouvernement à financer la reprise, via une partie de leurs indemnités de licenciement. Un cas de figure qui s'est déjà produit par le passé.

Elles permettent également « l'émancipation de salariés qui ont envie d'aller au-delà du rôle de salarié, et de participer aux décisions de l'entreprise selon le principe : ?Un salarié associé = une voix? et ce, quel que soit le montant investi dans la Scop. C'est notamment ce qui différencie les Scop des sociétés de capital, où les votes se font au prorata du capital détenu », explique Pascal Trideau, directeur général de la Confédération générale des Scop.

Longévité supérieure

Autre règle de fonctionnement des coopératives qui suscite l'intérêt : « Le fait qu'environ 40 % de leurs résultats sont affectés à leurs réserves financières (l'obligation légale est de 16 %) et 40 % des excédents nets de gestion (l'obligation légale est de 25 %) sont reversés à tous les salariés sous forme de participation, y compris ceux qui ne sont pas associés (environ 20 %) », poursuit Pascal Trideau. Celui-ci rappelle également que « le taux de survie des Scop à cinq ans était de 62 % en 2010 selon l'Insee, contre 52 % pour les entreprises de droit commun ». Il reste que, si séduisant sur le papier soit-il, le modèle de la Scop ne fonctionne que si « la viabilité économique du projet est avérée en termes de positionnement de l'entreprise sur le marché, de concurrence ou de capacité à gagner des marchés, et si l'aspect humain est pris en compte. Cela suppose une adhésion des salariés à gérer l'entreprise et un dirigeant qui ait la capacité de gérer une PME, de comprendre le modèle économique et sache communiquer et faire de la pédagogie auprès des salariés. Car la démocratie, c'est tous les jours... », argumente Pascal Trideau. À bon entendeur...