A trois mois de l'élection, Sarkozy joue sa dernière carte pour l'emploi

Par Isabelle Moreau  |   |  612  mots
Copyright Reuters
A l'issue du sommet social organisé ce mercredi, le chef de l'Etat devrait dévoiler un certain nombre de mesures conjoncturelles pour l'emploi. Les mesures plus structurelles, comme la TVA sociale, seront annoncées aux Français à la fin du mois.

Exit le conseil des ministres. Place au "sommet de crise". Ce mercredi matin se tient à l'Elysée le sommet convoqué par Nicolas Sarkozy, réunissant les leaders des organisations syndicales et patronales. L'enjeu est de taille. Alors que la crise sévit toujours en France avec son cortège de plans de licenciements et à moins de 100 jours de la présidentielle, l'exécutif va devoir convaincre les Français. Près de trois sur quatre (73%) pensent en effet que le sommet ne servira pas à relancer l'emploi, selon un sondage CSA publié dans le quotidien L'Humanité paru mardi. Il ne faut d'ailleurs pas s'attendre à des mesures d'envergure à l'issue de ce sommet. Le chef de l'Etat, réitérant l'exercice des précédents sommets basés sur le mode consultatif, ne devrait annoncer qu'à la fin du mois les mesures conjoncturelles qui doivent déboucher sur des "réformes d'ampleur", a prévenu le Premier ministre. Parmi les grands thèmes déjà connus qui seront au menu du sommet figurent le chômage partiel et la formation des chômeurs, la question du financement de la protection sociale, les accords "compétitivité-emploi" et la taxe Tobin.

D'autres sujets pourraient s'inviter à la table des discussions. Mardi, François Fillon a annoncé aux députés que "la hausse de l'offre de logements" figurerait à l'ordre du jour du sommet, sans donner plus de précisions. Sur le chômage partiel et la formation des demandeurs d'emploi, "un consensus" semble se dessiner entre gouvernement et syndicats. Selon une source gouvernementale, Nicolas Sarkozy devrait annoncer la réduction du délai de 20 à 10 jours pour la réponse de l'administration à toute entreprise souhaitant recourir au chômage partiel. Et encourager la formation des salariés pendant cette période. S'il plaidera pour une unification des trois dispositifs de chômage partiel actuellement en vigueur, il devrait toutefois attendre la fin des discussions entre partenaires sociaux sur le sujet. Au chapitre de la formation des demandeurs d'emploi, le chef de l'Etat devrait mettre l'accent sur les plus éloignés de l'emploi et promettre des moyens supplémentaires ponctuels pour Pôle emploi.

Doper l'emploi des jeunes

Pour doper l'emploi des jeunes, il devrait également reprendre à son compte l'une des propositions du rapport Joyandet sur l'emploi des jeunes, à savoir le retour du "dispositif zéro charges" pour les TPE embauchant un jeune de moins de 25 ans.

Quant aux fameux "pactes compétitivité-emploi", défendus par Xavier Bertrand, ils ont certes le soutien de Laurence Parisot, "favorable à tout ce qui peut donner plus d'autonomie aux partenaires sociaux au niveau de l'entreprise", mais pas celui des syndicats. Le Medef demandera d'ailleurs une saisine des partenaires sociaux sur ce sujet en vue d'une "négociation rapide". Car il estime que celui-ci entre très clairement dans le cadre de la loi Larcher de 2007, qui donne la possibilité aux partenaires sociaux de négocier sur tous les sujets ayant trait au droit du travail, avant que le gouvernement s'en saisisse. Reste que, pour négocier, il faut être deux. Opposés à ces pactes, les syndicats devraient rejeter la négociation. Sauf s'ils veulent éviter de se voir imposer ces accords par le législateur qui reprendrait alors la main...

Nicolas Sarkozy devrait enfin mettre en avant la préparation opérationnelle à l'emploi, un dispositif proposé par Pôle emploi à un chômeur disposant d'une préembauche par une entreprise qui, n'ayant pas trouvé le candidat ayant la qualification requise, souhaite compléter la formation du demandeur d'emploi. Il se ferait alors l'écho d'une proposition du Medef, qui s'engage au nom de grandes branches professionnelles à embaucher, via ce dispositif, "60.000 personnes en 2012".