Un plan de 500 millions d'euros pour l'emploi, la décision sur la TVA sociale reportée à fin janvier

Par latribune.fr, avec Reuters  |   |  841  mots
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Le chef de l'Etat a annoncé le déblocage de 500 millions d'euros pour financer des mesures d'urgence destinées à enrayer le chômage, dont l'embauche d'un millier de salariés supplémentaires pour le service public de l'emploi. Le président a aussi dévoilé un projet de banque d'investissement dans l'industrie, et reporté à fin janvier des décisions sur des sujets controversés comme la "TVA sociale".

A l'issue du sommet social de ce mercredi, à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a annoncé le déblocage de 500 millions d'euros pour financer des mesures d'urgence destinées à enrayer le chômage dont l'embauche d'un millier de salariés supplémentaires pour le service public de l'emploi.

Outre ce renforcement de Pôle emploi, le président a déclaré que le gouvernement allait lancer un plan de formation "sans précédent" pour les chômeurs et relancer le recours à l'activité partielle pour éviter les licenciements.

Ce demi-milliard d'euros à la charge de l'Etat "sera financé par redéploiement pour ne pas accroître d'un centime le déficit de notre pays", a précisé Nicolas Sarkozy dans une brève déclaration à la presse.

Sur les 500 millions d'euros, 100 millions iront ainsi au développement de l'activité partielle pour éviter les licenciements, 100 autres millions à l'exonération de charges pour l'embauche de jeunes dans les très petites entreprises, et 150 millions à la formation des chômeurs. La situation "extrêmement préoccupante" sur le front de l'emploi "impose la prise de décisions fortes et rapides", a souligné Nicolas Sarkozy .

Réactions mitigées

Autant de mesures qui ne pouvaient guère recueillir que l'assentiment des participants, même si elles ont été jugées trop tardives par le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, ou insuffisantes par celui de la CGT. Ces mesures, "de notre point de vue, n'auront pas d'impact véritable sur la situation de l'emploi aujourd'hui", a déclaré Bernard Thibault (CGT) à son départ de l'Elysée.

"Nous avons un flou total sur les futures décisions du gouvernement sur le financement de la protection sociale et les accords compétitivité-emploi", a déploré François Chérèque. Les grands syndicats ont redit leur opposition au transfert d'une partie des cotisations patronales sur une fiscalité "anti-délocalisation" qui prendrait la forme d'une hausse de TVA.

Nicolas Sarkozy a confirmé sa volonté d'alléger le coût du travail en faisant contribuer les importations au financement de la protection sociale mais renvoyé ses décisions à fin janvier. Il a aussi renvoyé à la fin du mois ses arbitrages sur des accords permettant aux entreprises en difficulté de négocier la durée du travail, une baisse de salaire ou un mélange des deux.

Il a également annoncé une décision prochaine sur "des mesures extrêmement puissantes pour doper l'offre de logements", dont l'insuffisance est un frein à la mobilité du travail.

C'est également fin janvier qu'il entend préciser les "contours" du projet de taxe sur les transactions financières qu'il souhaite voir repris dans l'ensemble de la zone euro mais se dit prêt à mettre en oeuvre seul dans un premier temps.

Enfin, il a dit avoir chargé l'ancien président du Sénat, Gérard Larcher, de proposer dans les deux mois une "réforme radicale" de la formation professionnelle.
"L'objectif est simple : que chaque chômeur ait une formation et qu'au bout de la formation chacun soit conduit à accepter l'offre d'emploi qui lui sera proposée", a-t-il dit.

Selon des sources gouvernementales, citées par Reuters, les mesures arrêtées seront inscrites dans un projet de loi de finances rectificative soumis au parlement fin février-début mars, avant la suspension de la session pour cause de campagne présidentielle.

Une banque d'investissement pour l'industrie

Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a dévoilé le projet d'une future banque d'investissement dans l'industrie, qui sera dans le champ public et agira en association avec les banques traditionnelles, selon des sources gouvernementales citées par Reuters. De même source, on a indiqué que l'établissement ne serait pas forcément créé "ex-nihilo" et pourrait s'appuyer sur des organismes existants comme Oseo, la banque des PME, le Fonds stratégique d'investissement ou la Caisse des dépôts.

"Nous voulons créer des mécanismes qui permettent de renforcer les fonds propres des entreprises industrielles", a dit cette source, en soulignant que les PME industrielles françaises disposaient de moins de fonds propres et plus de dettes dans leur structure de bilan que leurs homologues allemandes. "Cela ne sera pas des prêts de trésorerie, mais des apports de quasi-fonds propres", a-t-elle ajouté en précisant que les volumes envisagés n'avaient pas été définis à ce stade mais dépasseraient le milliard d'euros.

La banque s'inspirera du système Oseo, qui repose sur des interventions en association avec les banques privées. A la question de savoir si elle serait une structure totalement nouvelle, la source a répondu : "il n'y a rien de décidé pour l'instant (mais) on essaiera de s'appuyer certainement sur des organismes existants : il y a Oseo, la Caisse des dépôts, le FS". Elle a toutefois écarté l'idée d'une fusion des trois, évoquée l'automne dernier dans la presse : "une fusion à trois, je ne le pense pas, mais on peut se demander sûrement comment faire mieux marcher tout ceci."