Sarkozy a décidé de prolonger la durée de vie des centrales françaises

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  615  mots
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Nicolas Sarkozy a décidé de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires françaises au-delà de 40 ans pour permettre à l'économie de disposer d'une énergie bon marché, conformément aux recommandations du rapport du ministre de l'Industrie Eric Besson.

L'extension de la durée de vie des réacteurs est considérée comme l'option la moins chère dans le rapport sur les scénarios énergétiques à l'horizon 2050 commandé par Eric Besson et dont la version définitive doit être présentée lundi.

"La conclusion que j'en tire, c'est que ce serait un gâchis d'arrêter nos réacteurs à 40 ans", a déclaré le ministre lors d'une émission Le Grand Rendez-vous Europe 1/i>TELE/Le Parisien.

Tous les autres scénarios entraîneraient une augmentation des prix, a-t-il ajouté en jugeant irresponsable le projet du candidat socialiste François Hollande de réduire de 75 à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité.

Nicolas Sarkozy, qui a réuni mercredi dernier le comité de politique nucléaire, a déjà pris sa décision, a-t-il dit.

"Le président a décidé de demander à tous les opérateurs de se mettre en situation de pouvoir prolonger la durée de vie de nos réacteurs au-delà de 40 ans", a expliqué Eric Besson, expliquant qu'aux Etats-Unis elle est de 60 ans.

Cela se fera en poursuivant le développement des réacteurs de troisième génération EPR (1.600 mégawatts), des Atmea de moyenne puissance (1.000 mégawatts) produits avec la Chine et la Russie ainsi que de plus petites unités (300 mégawatts).

Pour lui, le nucléaire reste deux fois moins cher que l'énergie éolienne et cinq fois moins que le solaire.

La version provisoire du rapport qui sera remis lundi à Eric Besson affirme que "l'option de la prolongation s'avère de loin la moins coûteuse en termes d'investissements jusqu'à 2035-2040, quel que soit le scénario alternatif où il y aurait remplacement de réacteurs par un quelconque autre moyen de production".

AVANTAGE COMPÉTITIF

EDF estime que la prolongation de la durée de fonctionnement de ses centrales coûterait de 680 à 860 millions d'euros par réacteur alors que la construction d'un réacteur de nouvelle génération d'Areva coûterait par comparaison environ cinq milliards d'euros par réacteur.

L'estimation d'EDF tient compte des mesures demandées par l'Autorité de sûreté nucléaire depuis la catastrophe de Fukushima au Japon. Des mesures dont l'électricien français a estimé début janvier qu'elles généreraient un surcoût de dix milliards d'euros.

Quatre scénarios sont envisagés dans le rapport : la prolongation du parc nucléaire, l'accélération du passage à la troisième voire quatrième génération nucléaire, la réduction progressive du nucléaire, et la sortie totale du nucléaire.

Dans sa version provisoire, le rapport souligne que, si la proportion du nucléaire dans la production d'électricité passait de 75 à 50% en France, la hausse des prix de l'électricité se traduirait en 2030 par une baisse de 0,6% du PIB et de 0,9% si elle passait à 20%.

L'UMP souhaite le maintien à 75% de la part du nucléaire dans la production d'électricité française.

Nicolas Sarkozy s'est engagé jeudi à garder en activité la centrale de Fessenheim, la plus vieille du parc français, que le candidat socialiste a promis de fermer s'il est élu en mai.

"Je trouve totalement irresponsable (...) de priver des centaines d'ouvriers de leur emplois simplement pour aller glaner sur le tapis vert quelques voix", a dit Nicolas Sarkozy lors d'un discours prononcé devant les employés de la centrale.

Le chef de l'Etat a insisté une nouvelle fois sur l'avantage compétitif que représentait le nucléaire pour l'économie française par rapport à l'Allemagne, qui paie selon lui son électricité deux fois plus cher pour les particuliers, 50% de plus pour les entreprises.