La Réunion : les violences se poursuivent en dépit de la baisse annoncée des prix des carburants

Par latribune.fr, avec Reuters  |   |  722  mots
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Des violences de moindre ampleur ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi en dépit des annonces du préfet sur la baisse de 8 centimes des prix des carburants à partir du 1er mars en vue de désamorcer les tensions. Il est également prévu le gel ou la baisse des prix de 40 produits de première nécessité.

Les violences se sont poursuivies vendredi soir à La Réunion mais elles ont été de moindre ampleur que les jours précédents. Pourtant, le préfet de l'ile avait annoncé vendredi une baisse des prix des carburants et des produits de première nécessité à partir du 1er mars. Le bilan de ces troubles établi samedi matin par la préfecture fait état d'une dizaine de commerces dégradés ou pillés, de 17 véhicules incendiés et de dix gendarmes et policiers blessés par des jets de pierres ou de cocktails Molotov. 

Les heurts ont baissé en intensité dans le quartier du Chaudron, à Saint-Denis, mais ils ont été plus nombreux et plus violents à Saint-Pierre, sous-préfecture du sud de l'île, jusqu'alors relativement épargnée. Cinquante-six personnes ont été interpellées et 35 placées en garde à vue dans le courant de la nuit. Depuis le début des violences urbaines, mardi soir, les forces de l'ordre ont procédé à 197 interpellations et 13 personnes ont été incarcérées.

Baisse de 8 centimes des prix des carburants

En début de soirée, vendredi, le préfet de la Réunion avait annoncé une baisse de 8 centimes sur le prix des carburants à compter du 1er mars, ainsi que la baisse ou le gel des prix de 40 produits de consommation usuels à la même date. Une mesure en vue de faire tomber la forte tension à la Réunion après trois nuits de violences dans toute l'ile. Cinq heures de discussions entre l'Etat, les élus locaux, les compagnies pétrolières et des représentants des transporteurs et de la société civile ont permis d'aboutir à ce consensus.

La baisse du prix de l'essence et du gazole sera financée par un renoncement des collectivités et de la chambre de commerce à certaines taxes, alors que les importateurs de produits pétroliers consentiront un effort. A la Réunion, les prix des carburants, proches de ceux de la métropole, sont fixés chaque mois par un arrêté préfectoral, en fonction de la variation des coûts d'approvisionnement. La réduction de 8 centimes s'appliquera chaque mois et permettra de limiter les hausses ou d'amplifier les baisses des cours, jusqu'à la fin de l'année 2012. Une étude sera par ailleurs lancée pour la création d'un nouveau site de stockage des hydrocarbures, "afin de garantir la concurrence".

Les prix de 40 produits gelés ou abaissés

En l'absence des représentants de la grande distribution à la table des négociations, la liste de 40 produits, dont les prix seront gelés ou abaissés jusqu'à la fin de l'année, ainsi que les modalités de ce dispositif, seront discutées dans les prochains jours.

Jean-Bernard Caroupaye, président local de la Fédération nationale des transporteurs, a qualifié de "bénéfique" la baisse obtenue sur le prix des carburants. Quelque 200 personnes massées devant la préfecture depuis le début de l'après-midi ont en revanche accueilli avec des huées l'annonce de ces mesures, jugées insuffisantes. En début de nuit, des regroupements de plusieurs dizaines de jeunes étaient signalés par la préfecture dans les rues de plusieurs communes. Dans la journée de vendredi, le préfet de la Réunion, Michel Lalande, a pris un arrêté interdisant la vente ou l'achat d'essence et de produits inflammables dans tout récipient transportable. L'arrêté vise à empêcher la fabrication de bouteilles incendiaires, utilisées abondamment par les émeutiers contre les forces de l'ordre lors des trois nuits précédentes.

60 % de chômage chez les moins de 25 ans

Les violences sont le fait de groupes de jeunes, parfois mineurs, qui recherchent l'affrontement avec les forces de l'ordre et tentent de piller des commerces, des entreprises ou des bâtiments publics. Elles ont éclaté en début de semaine à la suite d'un mouvement des transporteurs routiers contre la hausse des prix des carburants, alors que des regroupements spontanés de protestation contre la cherté de la vie avaient été constatés les jours précédents dans plusieurs villes.

La Réunion souffre d'un taux de chômage record (29,5 % fin 2011), qui atteint 60 % chez les moins de 25 ans. Les prix des produits alimentaires y sont 36,6 % plus élevés qu'en métropole, selon l'Insee.