Nathalie, Jacques, Philippe, Eva et Nicolas : tous différents, mais tous contre l'Europe

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  570  mots
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Haro sur l'Europe. C'est point commun à l'ensemble des "petits" candidats à l'élection présidentielle... Mais pour des raisons contradictoires. Pour certain, il y a trop d'Europe. Pour d'autres pas assez.

Il y a des trotskistes, donc par définition internationalistes, il y a des souverainistes, il y en a un... un peu ailleurs. Mais, le point commun de tous les "petits candidats" -ceux qui ne franchissent pas la barre des 5% dans les sondages- à l'élection présidentielle, c'est d'avoir l'Europe dans leur ligne de mire. De Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) à Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République), en passant par Eva Joly (Europe Ecologie-Les Verts), Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste) et Jacques Cheminade (Solidarité et Progrès), tous, malgré leurs profondes divergences idéologiques, veulent régler des comptes avec la Banque centrale européenne (BCE) et abolir les traités européens.

Il est intéressant de constater que ce rejet repose sur des raisons totalement contradictoires. Pour les souverainistes, il "y a trop d'Europe". Les Etats-nations ne seraient plus libres de leurs actes et de leurs décisions. Pour les "internationaliste", il y a pas assez d'Europe. Ce qui signifie, pour eux, que l'Europe sociale et des citoyens est totalement sous développée par rapport à l'Europe du commerce et de la finance nettement privilégiée.

Haro sur le traité de Maastricht

Ainsi, à gauche, Nathalie Arthaud n'oublie pas son bréviaire trotskiste, elle souhaite donc abattre les barrières intra européennes pour construire les "Etats-Unis socialistes d'Europe", prélude à "l'internationalisation". Son  "camarade" Philippe Poutou, prône lui, prudemment, dans un premier temps, un démantèlement des institutions européennes. Eva Joly entre un peu plus dans le détail. Chez Les Verts, on est Européen mais on réfute l'Europe actuelle. La candidate milite pour une Europe réellement fédérale, dotée d'une nouvelle constitution adoptée par référendum. Quant au pacte de stabilité adopté à Maastricht en 1992, il devrait être remplacé par un nouveau "Pacte de développement écologique et social ". A cet égard, Les Verts veulent que la BCE puissent directement prêter aux Etats et se montrent favorables à une mutualisations partielle des dettes publiques, via les eurobonds. Enfin, selon Eva Joly, il conviendrait aussi d'harmoniser au sein de l'Europe les taux d'imposition sur les entreprises et le capital afin d'éviter une sorte de dumping fiscal.

Le retour des Etats-nations

A l'autre bout de l'échiquier, du côté des souverainistes, Nicolas Dupont-Aignan développe une autre idée. Il se déclare favorable à une Europe des nations ou chaque pays garderait sa liberté d'action et sa monnaie. En revanche, il serait mis en place des "agences de coopérations européennes" à la carte (chaque pays choisirait ou non de participer) destinées à financer des grands projets communs. Et puis, il y a cet Ovni en politique, Jacques Cheminade. Cet HEC Enarque milite lui aussi contre le "carcan" imposé par le traité de Maastricht et veut mettre un terme à la toute puissance de la BCE, dont la politique est jugée trop monétariste. Pour lui, l'Europe c'est "la gouvernance imbécile". Le projet européen de "régulation" de la finance étant  "un sujet en cogestion entre les banques et l'administration de la Commission sous la tutelle des experts financiers de la City". Il propose la séparation radicale et complète des activités de dépôt et crédit des banques et des activits d'investissement. Des opinions très diverses, donc, mais qui doivent toutes laisser pantois le partenaire principal de la France, l'Allemagne.