Les résultats publiés avant 20 heures ont peu de chances de changer la donne

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  572  mots
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Selon un sondage LH2 Yahoo, 76% des sondés n'ont absolument pas l'intention de chercher à connaître les résultats des élections avant 20 heures. Une étude de l'Institut OpinionWay, publiée sur le site Slate.fr, montre qu'il faudrait vraiment un duel très serré entre deux candidats pour qu'une publication anticipée des résultats modifie la tendance dans la dernière heure où le vote est possible.

La guerre des estimations publiées avant 20 heures aura-t-elle lieu ? Et les Français sont-il sensibles à ce risque ? La loi est stricte, rien ne doit filtrer avant 20 heures et la fermeture des derniers bureaux de vote dans les grandes métropoles. Le contrevenant risque jusqu'à 75.000 euros d'amende, y compris s'il communique via Facebook ou Twitter. Un sondage LH2 Yahoo montre, à cet égard, que les Français sont plutôt respectueux du droit. Ou alors, qu'ils sont amateurs d'un certain suspens et du doux délice de sentir monter l'adrénaline...

Selon un sondage LH2 Yahoo, 76% des français vont attendre 20 heures

En effet, ils sont 66% a estimé que la loi de 1977 interdisant toute divulgation anticipée est "une bonne chose" Et, même s'ils en ont la possibilité, 76% déclarent qu'ils ne chercheront pas à connaître le plus tôt possible les estimations sur les résultats. A l'inverse, 12% vont chercher à savoir via les réseaux sociaux et 12% via les médias étrangers - notamment belges et suisses - pas concernés par l'interdiction française. Et l'exemple vient d'en haut puisque Nicolas Sarkozy lui-même a déclaré ce vendredi "qu'on ne va pas brouiller les ordinateurs" et qu'il "fallait tenir compte des réalités". Le président-candidat ne serait donc "pas choqué" par une publication anticipée des résultats à la présidentielle. A l'inverse, François Hollande espère que la loi sera respectée. Est-ce une position tactique de la part de Nicolas Sarkozy, comme l'affirment certains ? Le candidat-président espérant mobiliser dans les dernières heures des électeurs réticents à voter mais soudainement motivés à la lecture de résultats anticipés...

Peu de chance qu'une publication antipée modifie les résultats

Un article publiée sur Slate.fr, basé sur une étude de l'institut OpinionWay, explique de façon assez convaincante combien l'idée qu'une publication anticipée des résultats pourrait changer les résultat semble très hasardeuse. Il part du principe que des estimations vraiment fiables ne seront disponibles qu'à partir de 19 heures. Or, le nombre d'électeurs qui votent, passée cette heure là est faible : en 2007, on comptait 1,6 million de votant par heure sur les trois dernières heures, contre 3,5 millions par heure sur les neuf premières heures d'ouverture des bureaux de vote. Pis, selon Bruno Jeanbart, directeur des études politiques d'OpinionWay, cité par Slate.fr, étant donné qu'un certain nombre de bureaux ferment à 19 heures, "le nombre des électeurs lors de la dernière heure est plus faible que cette moyenne".

Ce nombre serait compris entre  évaluée entre 8000.000 et 1,4 million. Toujours selon Slate.fr, Il faudrait donc que l'écart entre les deux candidats qui se disputent le second tour soit infime pour que des fuites aient un impact. En 2002, moins de 200.000 voix séparaient Lionel Jospin de Jean-Marie Le Pen. Or, sur une base de 800.000 à 1,4 million d'électeurs (ceux qui votent la dernière heure), 200.000 voix représentent 15 à 25%. Ce qui signifie, en imaginant qu'à l'époque il fut possible de connaître des résultats anticipés, qu'il aurait donc fallu que, sur la dernière heure, Lionel Jospin devance Jean-Marie Le Pen de 15 à 25 points pour renverser le résultat...Ceci paraît beaucoup. A priori, le même raisonnement prévaut pour cette année. Il faudrait une différence très minime entre deux candidats pour que le cours des choses soit modifié.