Présidentielle : un bon business pour les petits malins

Des commerçants, restaurateurs ou encore des voyagistes se saisissent du prétexte des élections : on offre ici des places de rugby, là des réductions sur des nuitées en chambre d'hôtel, ou encore un menu spécial Mélenchon dont on ne découvrira le prix qu'à l'heure des résultats du premier tour. Petit tour de France de ces initiatives insolites.
Photo prise par @arnzud via Twitter

Elan citoyen ? Publicité gratuite ? Les journées d'élection qui sont d'habitude synonymes de baisse d'activité pour les commerçants pourraient bien faire leurs affaires cette année. Ainsi que celles des votants. Car partout en France, fleurissent des panneaux annonçant des "offres spéciales élection".

L'offre a déjà fait le tour de France. Un restaurateur de Bedous, dans les Pyrénées-Atlantiques, proposera dimanche un "menu Mélenchon". Le principe est simple : un menu spécial dont le plat principal sera un couscous royal - à défaut de connaître le plat préféré du candidat du Front de gauche le patron du petit restaurant s'est rattaché à ses origines puisque Jean-luc Mélenchon est né au Maroc-, une salade "mélenchée" sera également servie en entrée, et des postes de télévisions diffuseront la soirée électorale. Au final, chacun paiera l'équivalent du score réalisé par le candidat. Si celui-ci fait 15% des suffrages, l'addition sera de 15 euros.

A la sortie du bureau de vote, direction le stade de rugby

En Essonne, heureux seront les amateurs de rugby à la sortie des urnes. Le Conseil général va offrir 150 places pour le match qui opposera dans la journée le Rugby club de Massy Essonne (RCME) et le club de Lille métropole. En jeu tout de même : la première place du championnat de France de rugby en fédérale 1 pour ces clubs qui ont vu passer quelques talents -Mathieu Bastareaud a fait ses armes au club de Massy-Essonne avant d'être recruté par la Stade Français. Pour profiter de l'offre, il suffit aux supporters de présenter leur carte d'électeur tamponnée à l'entrée du stade.

Dans le Nord, l'offre est peut-être moins séduisante mais certainement plus utile. A Neuf-Berquin, le maire a annoncé la distribution gratuite d'éthylotests à tous les électeurs de sa commune qui viendront voter dimanche. Ce "petit geste sympathique (...) constitue une rencontre entre deux citoyennetés", a expliqué l'élu socialiste Bernard Debeugny à l'AFP, mettant en rapport le fait de s'acquitter de son devoir de citoyen en allant voter et celui de se montrer responsable sur la route. Pour 1.200 habitants, quelque 900 éthylotests ont été commandés.

Voter pour les vacances

En Isère, les vacanciers auraient pu bénéficier d'une journée de ski pour seulement 1 euro s'ils avaient voté dans la journée et pu justifier de leur acte citoyen en présentant la carte d'électeur tamponnée. Mais ce sont les locaux qui pourront profiter du peu de neige qu'il reste pour presque rien. La station a voulu "marquer le coup" en rappelant qu'il "faut aller voter", a expliqué Mehdi Kerbati, directeur de l'office de tourisme de Chamrousse, à l'AFP. En temps normal, le forfait journée est vendu 20 euros. Lors de l'élection 2007, la station avait déjà proposé le "skipass citoyen". Ce dernier avait séduit quelque 300 personnes selon Mehdi Kerbati.

Et pour se détendre après l'élection, pourquoi ne pas s'offrir une nuit d'hôtel ? Le groupe hôtelier IHG, qui regroupe les enseignes Holiday Inn, Holiday Inn Express et Crowne Plaza, propose ainsi à ses clients qui pourront justifier de leur participation aux deux tours de la présidentielle une réduction de 20% sur leur réservation. Comme pour les autres promotions, la carte électorale doublement tamponnée fera foi. Vingt-et-un hôtels du groupe participeront à l'opération dont une dizaine en région parisienne.

"Farniente citoyen"

Si vous en avez la possibilité, "Nouvelles Frontières" rappelle que voter et partir en vacances n'est pas incompatible. En plus de proposer jusqu'à 300 euros de réduction pendant la période électorale, le voyagiste a ainsi mis en ligne sur son site internet un mode d'emploi du vote par procuration pour sensibiliser sa clientèle à ce dispositif. Les chanceux ne culpabiliseront ainsi pas trop au moment de siroter un cocktail au bord de la piscine le dimanche 6 mai et pourront afficher un sourire de bon citoyen.

Les médias pas en reste

Avec l'élection, le besoin d'être informé va croissant. Une attente qu'ont bien sûr anticipée les médias. Pour sensibiliser les jeunes, "Libération" proposait jusqu'à la semaine dernière un abonnement en ligne gratuit pendant deux mois aux 18-25 ans. Le journal maintient toutefois son "offre 100% numérique" ouverte à tous et à un euro le premier mois. Le premier quotidien en terme de diffusion, Ouest France, applique pour sa part un rabais de 30% sur un abonnement de douze semaines. Enfin, les sites d'information en ligne "Mediapart" et "Arrêt sur images" proposent depuis février un abonnement conjoint sous le slogan "pour 2012, redoublons d'indépendance".

 

Michel & Augustin s'en mord les doigts

Cela devait être un clin d'?il. "Mais je ne le referai pas !", explique Augustin Paluel-Marmont, co-fondateur de la marque Michel & Augustin. Mi-avril, la marque de biscuits et de yaourts a mis en vente une série limitée à l'effigie des "super-héros", ces couples vedettes des élections présidentielles (Carla et Nicolas, Valérie et François, Louis et Marine etc). Bien mal lui en a pris. L'affaire a tourné au vinaigre. Plusieurs enseignes se sont plaintes "d'incidents sérieux"  en magasin, rapporte Augustin Paluel-Marmont. Des clients furieux ont jeté sur les murs ces yaourts. Et "dans une cantine d'une grande chaîne télévisée nationale" le débat a fait rage. A tel point que Michel & Augustin a repris l'ensemble de ses produits. L'affaire fait maintenant le tour du Web. Elle enflamme la page Facebook de Michel & Augustin (500.000 fans). Et même la télévision russe est venue interviewer Augustin Paluel-Marmont sur les yaourts de la discorde.

Faut-il voir dans ce retrait un coup de pub dans le coup de pub ? Ce serait tentant. La PME, dont les ventes ont progressé de 45% l'an dernier à 15 millions d'euros, a toujours eu un ton décalé. Elle se définit comme la marque des « trublions du goût ». Son site internet crie maintenant à la "censure". Et Michel & Augustin, qui avait produit 100.000 exemplaires de cette gamme humoristique, distribuera gratuitement, jusqu'au 6 mai, les reliquats de ses biscuits aux QG des candidats, lieux où se concentreront toutes les caméras de télévision de France et de Navarre. Mais Augustin Paluel-Marmont se défend de faire ici du buzz pour doper sa notoriété. "Cette affaire me coûte cher. Et elle m'apporte plus d'emmerdements que d'avantage", assure le co-fondateur de la PME.

Juliette Garnier

 

Commentaire 1
à écrit le 20/04/2012 à 16:45
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le nomine nourrit aux virus de la politique va se trouver devant le mur des realites ...

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