Pour l'équipe Hollande, c'était le dernier mercredi sans souci

Par Ivan Best  |   |  462  mots
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Selon un rituel déjà bien installé, le mercredi est, pour le gouvernement, consacré à l'annonce des projets consensuels, tout au moins à gauche. Mais les bonnes nouvelles se font rares. Et le collectif budgétaire du 4 juillet fera au contraire grincer beaucoup de dents

Depuis l'installation du gouvernement Hollande, la mécanique semble comme rodée. Chaque mercredi, le Conseil des ministres se saisit, souvent sans nécessité réelle (d'ordre légal), d'un sujet qui fait consensus, tout au moins à gauche. Puis, les ministres sont chargés de porter la bonne parole auprès de la presse. Et seulement cette bonne parole : les autres questions n'obtiendront guère de réponse.

Ainsi, le ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici, a-t-il réuni les journalistes mercredi 6 mai, afin de faire part des réflexions gouvernementales sur la nouvelle banque publique d'investissement. Le projet n'est absolument pas bouclé, mais il convenait de communiquer sur l'état d'avancement du dossier. Ce mercredi 13, rebelote au septième étage du bâtiment des ministres, rue de Bercy. Avec, cette fois un autre sujet consensuel : le plafonnement des salaires des patrons du public. Le décret n'est pas prêt, rien n'oblige le gouvernement à communiquer sur le sujet, mais pourquoi s'en priver à l'approche du second tour des législatives ? Qui va aller pleurer sur moins de 20 grands patrons, qui auront toujours droit à 450.000 euros par an ? Ce « n'est pas dissuasif (cela ne dissuadera personne d'exercer de telles responsabilités), et c'est décent »  souligne le ministre de l'Economie. Qui s'opposerait au retour à la décence? Le gouvernement avait en outre annoncé, mercredi 6 juin, le décret sur les retraites, difficile à contester, et communiqué sur le harcèlement sexuel (comment faire plus consensuel ?).

Plus grand'chose dans la hotte aux bonnes nouvelles

Et maintenant ? Le hic, c'est qu'il ne reste plus grand'chose dans la hotte aux bonnes nouvelles. Un coup de pouce au smic ? Compte tenu des contraintes économiques, de la situation des entreprises dont les marges sont au plus bas depuis 1985,  il risque de paraître bien décevant aux principaux intéressés. Ensuite, le quatre juillet, la loi de finances rectificative fera encore moins consensus. Certes, la taxation à 75% des tous les revenus au-delà d'un million d'euros annuels plaira à gauche. Mais d'autres mesures fiscales, qui viseront beaucoup les entreprises, mais pas seulement, vont faire débat, pour parler poliment. Déjà, la restriction des aides au mécénat voulue par le ministère du budget provoque une confrontation entre le monde de la culture, son ministre en tête (voir par ailleurs les déclarations d'Aurélie Filippetti ) et Bercy. Et ce n'est là qu'un apéritif.

Le gouvernement va devoir, aussi, serrer les dépenses, comme l'a redit François Hollande  mardi, devant le Conseil économique et social. Il faudra bien annoncer aux fonctionnaires qu'ils n'obtiendront pas une revalorisation substantielle du point d'indice, qui détermine la hausse de leur traitement. Pour le rattrapage du pouvoir d'achat perdu sous la droite, il faudra attendre. Pas de quoi sourire...