La mesure de l'inflation par l'Insee est-elle juste ?

Par Fabien Piliu  |   |  405  mots
Copyright Reuters
Une étude réalisée par l'Institut tente de comprendre le décalage entre le niveau de l'inflation et la perception qu'en ont les Français.

 C'est un sujet que l'on entend régulièrement au comptoir d'un café du commerce : le coût de la vie n'a jamais aussi été élevé et les statistiques de l'Insee ne reflèteraient pas fidèlement la réalité. Dans une étude dévoilée ce vendredi, l'Institut tente d'expliquer ce décalage entre l'indice des prix à la consommation (IPC) qui mesure l'inflation en agrégeant les évolutions de prix d'un très grand nombre de biens élémentaires, pondérées par leurs parts dans la consommation globale des ménages, et les opinions personnelles sur l'inflation (OPI), exprimées par les consommateurs dans le cadre de l'enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages.

Un décalage important
Ces deux mesures divergent fortement. Depuis 2004, l'OPI fluctue en moyenne six points au-dessus de l'inflation mesurée par l'IPC. « Les opinions personnelles sur l'inflation présentent par ailleurs une très forte dispersion : des niveaux d'inflation perçue supérieurs à 20 % par an ne sont pas rares. Il est courant d'y voir un effet du passage à l'euro. Privés de leurs repères habituels, les consommateurs auraient développé une perception des prix largement déconnectée de leur évolution effective », explique l'étude.
Toutefois, deux éléments relativisent cette thèse. « D'une part, elle ne peut expliquer que le phénomène soit aussi durable : il aurait dû s'estomper avec l'accoutumance progressive à la nouvelle monnaie. D'autre part, on dispose d'informations sur la perception des prix pour quelques biens élémentaires, or elles s'avèrent relativement cohérentes avec les évolutions des prix de ces biens au sein de l'IPC. L'OPI aurait donc bien des bases objectives », poursuit l'Insee.
Tout dépend de la fréquence des achats
L'Institut avance d'autres explications. La perception des prix élémentaires n'aurait pas de biais systématique mais, contrairement à l'IPC fondé sur les parts budgétaires, les consommateurs donneraient un poids plus important aux biens à forte fréquence d'achat, et ils surpondéreraient ceux dont les prix sont en hausse. « Un résultat classique de psychologie économique est en effet que les agents sont plus affectés par les nouvelles défavorables que par les nouvelles favorables. Si on combine ces deux dernières hypothèses, supposer une pondération deux fois plus importante pour les biens dont les prix augmentent permet de rendre compte de l'écart moyen entre OPI et IPC », conclut l'étude.