Impôts : Hollande en rajoute une grosse louche

Par ivan Best  |   |  562  mots
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Le chef de l'Etat annonce des hausses d'impôts pour une vingtaine de milliards d'euros en 2013. En fait, compte tenu de la montée en puissance des mesures déjà votées, on approche plutôt les 30 milliards. Avec les économies sur les dépenses, le plan du gouvernement ne serait pas si loin des 40 milliards

 20 milliards de hausses d'impôts, la moitié sur les entreprises et l'autre moitié sur les ménages, comme l'a annoncé François Hollande ce soir sur TF1, c'est déjà beaucoup (1 point de PIB). Et c'est moins que la réalité qui attend les Français. Car si l'on cherche à évaluer vraiment le différentiel entre ce qui sera payé en 2012 et la facture à venir pour 2013, on est plus proche de 30 milliards. En effet, les mesures votées en juilet vont monter en puissance, et rapporteront 5 à 6 milliards de plus en 2013. Qui s'ajouteront donc au chiffre de 20 milliards. Sans parler des impôts votés sous Sarkozy, dont certains rapporteront un peu plus. En outre, François Hollande, n'a pas pas parlé de la sécurité sociale, qui ne sera pas épargnée  par la rigueur. Si l'on ajoute donc à ce chiffrage des augmentations d'impôts les 10 miliards d'euros d'économies sur les dépenses, le plan du gouvernement tangente les 40 milliards. C'est bien sûr plus que ce qui était envisagé en juillet: il a fallu tenir compte de perspectives de croissance plus faibles que prévu (François Hollande évoque le chiffre de 0,8% pour 2013, au lieu d'une première hyptohèse de 1,2%).

Le gel du barème de l'impôt sur le revenu frappe tous les contribuables

Qui paiera le plus? le chef de l'Etat a voulu présenter une addition équilibrée: 10 milliards pour les entreprises, 10 milliards pour les ménages. S'agissant des premières, il s'agit, on le sait, d'augmenter le rendement de l'impôt sur les bénéfices des sociétés. Plusieurs niches disparaîtront, pour ce faire. On sait qu'il ne sera plus possible de déduire des bénéfices tous les intérêts d'emprunt. Et les bénéfices réinvestis seront distingués des bénéfices distribués, a-t-il annoncé. 

Quant aux ménages, François Hollande a confirmé une hausse d'impôt qui touche tout le monde: le gel du barème de l'impôt sur le revenu. Autrement dit, un contribuable dont les revenus sont restés stables en euros constants -ont donc augmenté juste comme les prix- verra son impôt augmenter, puisque le barème ne sera pas revalorisé (gelé). C'est Nicolas Sarkozy qui avait décidé ce gel, François Hollande l'avait alors contesté, le trouvant injuste. Finalement... Seul changement: pour les deux premières tranches du barème, un "système de décote sera prévu", afin d'éviter que des salariés ne deviennent imposables.

Là où le gouvernement trouverea le plus d'argent, c'est en soumettant l'ensemble des revenus du capital au barème de l'impôt sur le revenu (suppression des prélèvements libératoires). Car, pour ce qui concerne la taxation à 75%, il ne faut pas à s'attendre à un rendement élevé. Même si François Hollande a laissé entendre qu'il refusait un adoucissement proposé récemment, à savoir la conjugualisation de la contribution: toutes les rémunérations dépassant le million d'euros seraient concernées, que le chef d'entrprise concerné soit marié ou non. En revanche, le chef de l'Etat a confirmé deux concessions en faveur des  "riches":  les revenus du capital seront exonérés, et il faudra prendre en compte la CSG pour parvenir au total de 75% Autrement dit, l'impôt proprement dit serait de 67%, et non de 75%.