Rien ne va plus dans les PME !

Par Fabien Piliu  |   |  712  mots
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Le baromètre de conjoncture La Tribune-LCL a chuté de 12 points en septembre. Il atteint un plancher inédit depuis la création de ce baromètre en 1992. Les efforts du gouvernement en faveur des entreprises sont largement décriés.

L'été n'aura pas été profitable aux dirigeants de PME. Interrogés par Ipsos dans le cadre du baromètre de conjoncture La Tribune-LCL, ces derniers ont le moral dans les chaussettes. L'indice synthétique mesurant leur degré de confiance a fait une chute de 12 points en septembre pour atteindre un plancher inédit depuis la création de ce baromètre en 1992. A 84 unités, il se situe 16 points en dessous de sa moyenne de longue période.

Le gouvernement n'arrive pas à convaincre

Les efforts, ou les initiatives du gouvernement sont particulièrement décriés par les entrepreneurs. Interrogés par La Tribune, 54% des entrepreneurs ne prévoient pas d'utiliser les contrats de génération dont l'objectif est d'assurer la transmission des savoir-faire entre les générations au sein des entreprises, et donc de stimuler l'emploi des jeunes. En revanche, interrogés par les internautes de La Tribune sur leurs solutions pour réduire le taux de chômage, 80% d'entre eux suggèrent de réduire les charges sociales.

Le FSI Régions, un ovni pour 80% des entrepreneurs

Plus grave, certaines initiatives sont méconnues. Ainsi, 81% des chefs d'entreprises admettent ne pas connaître le FSI Régions, dont le lancement date depuis plus d'un an. Le précédent gouvernement avait pourtant mis en place cette nouvelle structure, émanation régionale du Fonds stratégique d'investissement (FSI) pour favoriser le soutien financier public de l'Etat dans les territoires. On peut espérer que la prochaine initiative de l'exécutif dans ce domaine, la Banque publique d'investissement, verra sa notoriété grandir plus rapidement.

« Les efforts du gouvernement en matière d'aides aux entreprises sont évalués depuis vingt ans. Le résultat est sans appel : 129 points en avril, 114 en mai, 88 aujourd'hui. C'est la valeur la plus faible depuis la création du baromètre. C'est peu dire que le nouveau président et son gouvernement ne convainquent pas les patrons de PME. Même si l'on peut y voir des positions de principe idéologiques, jamais les gouvernements de gauche n'avaient atteints de telles profondeurs. Le dernier record date de janvier 93, l'indice affichait 90, sous Bérégovoy... », observe Yves Fradier, directeur de clientèle chez Ipsos. Comment expliquer cette défiance, sachant que la loi de finances rectificative votée cet été a plutôt épargnée les PME ? La crainte d'un alourdissement prochain de la fiscalité ? Peut-être.

Tous les secteurs sont concernés

Conséquence du ralentissement de la demande et de la dégradation des perspectives dans un environnement incertain, le sentiment des entrepreneurs concernant les facteurs de production est également en chute libre. Les dirigeants ne comptent plus embaucher mais plutôt supprimer des postes. Quant aux investissements, ils sont gelés. Tous les secteurs sont concernés par cette morosité, en particulier le BTP, l'industrie, les transports et le commerce.

Cette perte de confiance peut-elle avoir un impact important sur la croissance tricolore. Axelle Lacan, économiste LCL relativise. « L'ampleur de la chute du baromètre doit être interprétée avec prudence. Les résultats pointent vers un repli de l'activité en France au troisième trimestre, ce qui est cohérent avec notre scénario central. Nous prévoyons en effet une contraction du PIB de l'ordre de -0,1% au troisième trimestre ».

La France en phase de ralentissement durable

Et après ? « Au-delà, la dégradation des perspectives d'investissement et d'embauche suggère que l'économie française se trouve dans une phase de ralentissement durable. Les entreprises font face à une situation financière dégradée, dans un contexte de hausse de la pression fiscale, ce qui les incite à limiter leurs dépenses d'investissement et la reconstitution de leurs stocks. Les ménages souffrent de la détérioration du marché du travail et d'un pouvoir d'achat bridé, ce qui freine leur consommation. Le commerce extérieur ne peut pas être d'un grand soutien, les exportations françaises pâtissant de la faiblesse de la demande de nos principaux partenaires commerciaux, à l'instar de l'Espagne et de l'Italie. Ainsi, en 2013, la croissance resterait faible. Nous prévoyons une progression du PIB de l'ordre de +0,7 % en moyenne annuelle en 2013, après une hausse de 0,2% cette année », précise l'économiste.